17 / 20
04/02/2020
Reflections
GODTHRYMM
 
Quel que soit le genre musical concerné, il arrive que la présence aux manettes de musiciens confirmés et expérimentés constitue un gage de sérieux, voire une garantie de réussite. En l'occurrence, quand il s'agit de pratiquer un bon vieux Doom Death aux saveurs gothiques, quoi de mieux que des vétérans aguerris par un passage au sein de formations aussi essentielles que MY DYING BRIDE et ANATHEMA ? Avouez que cela a de la gueule. Or, il se trouve que deux des musiciens du trio GODTHRYMM peuvent se prévaloir d'une telle expérience professionnelle !

Ainsi, le batteur Shaun TAYLOR STEELS exerça ses talents au sein d'ANATHEMA en 1997 et 1998, avant d'enquiller chez MY DYING BRIDE entre 1999 et 2006, puis plus brièvement en 2017 et 2018. C'est au sein de cette formation mythique qu'il fréquenta le guitariste Hamish HAMILTON GLENCROSS, qui y exerça ses talents de 2000 à 2014 (un sacré bail !). Dernièrement, le guitariste fit partie de VALLENFYRE, le projet funéraire de Gregor MACKINTOSH, guitariste des non moins fameux PARADISE LOST. Par ailleurs, les deux complices firent partie de l'effectif de SOLSTICE, quoiqu'à des périodes différentes. En comparaison de ses deux collègues, le bassiste Bob CROLLA fait figure d'anonyme. Clôturons ici l'exercice biographique un brin fastidieux et venons-en à l'essentiel, le contenu artistique.

Reflections est le premier album de GODTHRYMM, précédé par deux EP, A Grand Reclamation (2018) et Dead In The Studio (2019). A plus d'un titre, on sent que le passé des musiciens a infusé ce nouveau répertoire, sans pour autant que celui-ci ne sonne jamais comme un exercice de simple réitération. Certes, la lenteur des tempos, la pesanteur de certaines rythmiques, les inserts mélodiques de guitare solo, les poignantes sensations de langueur mélancolique, les vocaux caverneux sont autant d'éléments qui rappellent le substrat essentiel au Doom Death britannique des années 90.

Cependant, autant que ce lien vivace avec un passé délectable, on sent d'autres tendances à l'oeuvre au fil de l'album, notamment une nette affiliation au Heavy Metal occulte à la PAGAN ALTAR ou au Doom torturé à la SOLSTICE. Ainsi évidemment que des effluves délétères du Rock gothique ! Aucune contradiction constatée dans cette pluralité d'influences, mais bien au contraire une confrontation savamment agencée et fructueuse au bout du compte. Cela se traduit notamment par un chant raisonnablement caverneux, mais également capable de variations en chant clair et torturé, par moments assez théâtral. L'exécution ne s'avère pas systématiquement maîtrisée mais la sincérité et l'expressivité importent avant tout.

L'écriture des compositions se caractérise par un goût avéré pour l'imbrication de séquences successives et contrastées, répondant davantage à un sens dramatique qu'à une logique progressive, du moins techniquement parlant. Une telle démarche assure une animation constante et évite la somnolence que peut provoquer le caractère hypnotique de ces rythmiques lourdes et lugubres. Cette logique de construction dramatique peut se constater tout au long de l'album et se trouve d'autant plus permise que, si la majorité des morceaux affiche des durées standards (cinq-six minutes), trois d'entre elles se montrent plus imposantes : The Grand Reclamation (7'31), Monsters Lurk Herein (7'38) et Cursed Are The Many (9'19).

Techniquement parlant, le son de l'album n'est pas optimal, les parties de guitare s'avérant parfois un brin trop âpres et le mixage un peu confus ayant tendance à limer la puissance de la batterie. Pour autant, même ces défauts (non rédhibitoires) concourent à la particularité de GODTHRYMM. L'album se distingue nettement des productions trop lisses et aseptisées de l'ère numérique et dégage de savoureux relents de Heavy Metal underground des années 80 et 90.

Je ne saurais trop conseiller aux nostalgiques du Doom Death originel mais aussi aux zélateurs d'un Metal non conventionnel et formaté de se pencher sur Reflections.

Vidéo de The Sea As My Grave : cliquez ici
Alain
Date de publication : mardi 4 février 2020