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16/02/2020
Mechanic tyrants
TORPËDO
 
Gates Of Hell records réédite la première et à ce jour unique démo du quartette allemand TORPËDO, monté en 2018 dans l'intention explicite de ranimer l'esprit du Heavy Speed Metal du début des années 80, initialement inspiré par la scène britannique de la New Wave Of British Heavy Metal (RAVEN et TANK), puis repris à son compte et radicalisé par les (alors) jeunes enragés de la scène allemande naissante, comme le pionnier ACCEPT et les successeurs s'engouffrant dans la brèche RAGE, GRAVE DIGGER, RUNNING WILD ou LIVING DEATH. Il s'agissait alors de combiner le tranchant et la rigueur du Heavy Metal à la JUDAS PRIEST avec une fougue salvatrice issue du Punk. Cela n'aura échappé à personne, nous assistons depuis une dizaine d'années à l'émergence de centaines de groupes se revendiquant du Metal des années 80 ; il n'est donc guère étonnant que cette première démo se voit offrir une seconde chance, pourvue d'une nouvelle pochette, pour le moins étrange (il s'agit d'une représentation de l'acteur Klaus KINSKI, spécialiste des rôles habités et des mœurs glauques, dont la bouche est entravée par une torpille !).

En six titres et moins d'une demi-heure, les quatre nostalgiques de TORPËDO prouvent amplement qu'ils ont intégré et maîtrisé les codes dont ils s'inspirent : riffs de teignes, secs comme des coups de triques, guitare solo mélodique sans excès de technicité, vocaux basiques et hargneux, batterie sévère et nerveuse, lignes de basse tendues allant à l'essentiel, tempos oscillant entre le médium carré et les accélérations plus débridées. La stratégie de la tension prédomine, sans pour autant refouler une élégance agressive.

En termes de production et de mixage, le groupe s'était chargé lui-même de cette démo inaugurale, avec à la clé un son percutant, agressif, relativement clair, mais manquant franchement d'épaisseur. Ce qui aide paradoxalement TORPËDO à correspondre à tous points à une approche méticuleusement vintage du Heavy Speed des années 80. Le résultat peut enchanter les vieux briscards adeptes de la nostalgie (sans être dupes du manque flagrant d'originalité du son et de l'écriture), tout comme il peut enrôler les jeunes converti·e·s.

Nous attendrons un premier album en bonne et due forme pour nous prononcer plus avant sur le cas de TORPËDO. Histoire de patienter, je vais tenter de réenfiler mon spandex et mes cartouchières, histoire de me payer un headbanging des familles dans ma cave !

Vidéo de la démo : cliquez ici
Alain
Date de publication : dimanche 16 février 2020