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31/03/2020
Viscerals
PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS
 
Actif depuis le début de la décennie 2010, ce groupe de Newcastle a d’ores et déjà commis deux albums, à savoir Feed The Rats en 2017 et King Of Cowards en 2018. Histoire de battre le fer tant qu’il est chaud, les sept cochons remplissent à nouveau l’auge avec un Viscerals qui porte particulièrement bien son titre. En effet, il se dégage du répertoire proposé ici un sentiment d’urgence, une vibration palpable, comme si le combo avait une alerte à sonner, une révolution à mener.
Ces gorets alignent sans coup férir des riffs granuleux, posés sur des lignes de basse tendues et métalliques, pour un résultat qui ne manquera pas d’attirer l’attention de la tribu Stoner Rock. Pour autant, il m’apparaît que les racines de PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS peuvent également être identifiées du côté de formations lourdes et colériques comme les MELVINS, le ROLLINS BAND, voire KILLING JOKE. Au fond, on sent bien des influences Post Hardcore qui font que tout ne se résume pas à l’agressivité et la vitesse ; les tempos peuvent décélérer, les structures se font rampantes et sinueuses, les ambiances exhalent des relents oppressants et malsains. Dans l’épaisseur des rythmiques viennent s’insérer des guitares stridentes, dissonantes, porteuses d’une angoisse viscérale. A ce titre, on ne voit pas bien pourquoi les amateurs du meilleur du Grunge (SOUNDGARDEN des débuts, SKIN YARD, GRUNTRUCK) ne trouveraient pas leur lot de tourments dans cet opus.

Le risque avec ce type de musique, c’est que l’abondance d’éléments simultanément à l’œuvre et l’intensité de l’interprétation aboutisse à un magma indigeste et hermétique. Certes, l’écoute de Viscerals ne constitue pas une expérience facile, encore moins confortable. Cependant, la qualité du son, à la fois crade, puissant et bien équilibré par un mixage pertinent, assure un impact maximal. Surtout, PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS savent structurer efficacement leurs compositions, s’assurant une lisibilité de leur style tortueux. On apprécie à tout moment l’impact d’un chant rauque et engagé, mais capable de variations expressives, tout autant qu’on se plaît à subir ces riffs abrasifs, à faire rougir une horde Sludge. On se surprend même à reprendre à pleins poumons le refrain entêtant de Crazy in Blood, morceau par ailleurs animé d’un groove pesant irrésistible.

On le sait assez peu mais le cochon, en dépit d’une image d’animal sale, gras et fruste, est en fait un être adaptatif et bigrement intelligent. La preuve en décibels…

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Alain
Date de publication : mardi 31 mars 2020