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02/04/2020
Tetrad
TOWARDS DARKNESS
 
L'existence de la formation québecoise TOWARDS DARKNESS prend sa source dans celle, au commencement du présent siècle, de THE MASS, groupe de Sludge Doom auteur en 2004 d'un album, justement intitulé Towards Darkness. Refondé sous une nouvelle bannière, TOWARDS DARKNESS livra Solemn en 2007, puis en 2012 Barren. Grâce à nos amis activistes russes de Solitude productions, le troisième opus du groupe, fort judicieusement baptisé Tetrad, s'agissant du quatrième album produit par l'entité bicéphale THE MASS + TOWARDS DARKNESS.

Par-delà cette généalogie, il nous faut juger Tetrad pour ce qu'il est. La première chose qui a attiré mon attention est la qualité organique du son général de l'album : vivant, avec suffisamment d'espace pour laisser se développer contrastes et dynamiques. Le rendu vibrant, voire un peu crade de certains éléments, ne tient pas à une quelconque approche passéiste (du genre, nostalgie des années 90) puisque l'impératif de puissance est tout à fait présent.

Sur la base d'une mise en son pertinente, TOWARDS DARKNESS peut déployer pleinement sa conception d'un Doom Death atmosphérique, voisin du Funeral Doom par certains aspects. La batterie développe un dispositif pour le moins intense de martèlements lourds, à base de toms ; la basse n'a de cesse d'animer les rythmiques avec des lignes épaisses, tendues et métalliques. Les riffs de guitare offrent une rendu rêche, grésillant, un brin malsain. Les vocaux s'avèrent systématiquement rauques, quoique demeurant toujours articulés, sous-tendus par une douleur et une colère viscérale. Et en arrière-plan, les synthés apportent une touche mélancolique, quoique jamais niaise. Tous les ingrédients s'avèrent parfaitement dosés et maîtrisés.

Qui plus est, TOWARDS DARKNESS révèlent un authentique savoir-faire en matière de composition et d'arrangements. Refusant l'option systématique, pourtant très courue des titres à rallonge, le groupe présente un répertoire équilibré, avec quatre compositions s'étageant de deux à plus de six minutes et trois morceaux affichant des durées conséquentes :Structure à huit minutes, Evolution End et The Void à plus de huit minutes. Cette concision relative permet d'offrir à l'auditeur des points de repère, quand bien même les structures des titres favorisent les changements d'ambiances, les moments lourds et orageux cédant fréquemment la place à des plages nettement plus atmosphériques, mélodiques et nuancées. Certains moments sonnent même pleinement de manière planante.

A sa manière, TOWARDS DARKNESS fait honneur à l'héritage, souvent évoqué mais peu honoré, d'une formation aussi essentielle que THERGOTHON, et, hormis toute référence, livre un album magnifique et personnel.
Alain
Date de publication : jeudi 2 avril 2020