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05/05/2020
Patrón
PATRÓN
 
Ne vous laissez surtout pas refouler par ce visuel de pochette particulièrement kitsch ! Ce premier album du chanteur PATRÓN vaut véritablement qu'on lui donne une chance. Le patron, c'est le chanteur, français. Mais, pour s'afficher taille patron, PATRÓN, a pris soin de s'entourer de compétences américaines. Jugez plutôt : l'album est superbement produit par Alain JOHANNES, admirable multi-instrumentiste que j'ai découvert dans les années 90 au sein de ELEVEN et qui s'est depuis illustré, comme musicien, ingénieur du son ou producteur, dans le cadre des Desert Sessions de légende, des QUEENS OF THE STONE AGE, PJ HARVEY, THEM CROOKED VULTURES, ARCTIC MONKEYS, Mark LANEGAN, Chris CORNELL... Ont également joué sur l'album des noms comme le bassiste Nick OLIVERI (MONDO GENERATOR, ex-KYUSS et QUEENS OF THE STONE AGE), le batteur Joey CASTILLO (ex-WASTED YOUTH, ex-QUEENS OF THE STONE AGE, ex-DANZIG, THE BRONX) ou encore le batteur Barrett MARTIN (ex-SKIN YARD, ex-SCREAMING TREES, MAD SEASON et j'en passe).

Cela dit, même avec des CV à rallonge, on n'est jamais sûr de son coup. Mais PATRÓN fait la démonstration qu'il ne s'est pas laissé dépasser par ces prestigieux collaborateurs et qu'il avait d'ores et déjà forgé son style et bossé ses compositions.

Ce qui frappe est premier lieu, c'est la voix de PATRÓN : timbre grave et profond, phrasé traînant, approche de crooner mi-envapé mi-menaçant, comme un condensé d'Elvis PRESLEY, de Jim MORRISON et de Lux INTERIOR (THE CRAMPS). Cette voix de velours travaillée au Bourbon et au Sécobarbital, s'impose en progressant de manière sépulcrale et sardonique, quoique toujours assurée et impeccablement modulée. Si les couplets demeurent souvent retenus, la voix prend son essor sur les refrains, les mélodies entêtantes s'avérant l'arme secrète de l'opus.

Majoritairement, les compositions qui servent d'écrins à ce profond gosier se basent sur des riffs laconiques, au rendu charbonneux, soutenus par une section rythmique adepte du rythme binaire et du tempo lent, au mieux médium - pourquoi se presser après tout, puisque nous allons tous au même endroit, le cimetière ? Cela dit, le groove n'est en aucun cas proscrit (au hasard Around My Neck et Who Do You Dance For ?). La guitare solo n'a de cesse de zébrer cette austère trame d'incises acides, porteuses d'échos 50's. Sans oublier des arrangements de claviers tout aussi citronnés et vintage.

Alors bien sûr, si on parle de riffs tendus, de rythmiques laconiques, de chant hiératique, de mélodies insidieuses, si l'on repense par ailleurs à l'entourage de PATRÓN, on va immanquablement citer les QUEENS OF THE STONE AGE. Pourquoi pas, cela reste une référence flatteuse. Cela dit, sur la merveilleuse ballade Country Blues Seventeen, PATRÓN démontre avec panache qu'il peut conquérir d'autres marchés que celui d'un Stoner Rock touché par une grâce Pop. Influences (de fort bon goût) ou pas, Patrón est bel et bien un album attachant.

Vidéos de Room With A View cliquez ici et de Who Do You Dance For ? cliquez ici
Alain
Date de publication : mardi 5 mai 2020