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12/05/2020
Subterranean exile
THE WIZAR'D
 
A peine venons-nous de décerner un prestigieux accessit au panthéon des pires pochettes à base de démons (relire ici : cliquez ici) qu’un obscur groupe australien vient s’imposer sur le podium. Quelle insolence ! Au-delà de ces considérations aussi esthétiques que secondaires, ce quartette des antipodes nous pose un problème méthodologique certain. Comme désormais depuis un paquet d’années, nous avons affaire avec un groupe qui s’inspire, de manière tellement méticuleuse, que cela s’apparente à une déviance fétichiste, du patrimoine du Heavy Metal le plus obscur de la charnière des décennies 70 et 80. Depuis ses débuts au milieu des années 2000, THE WIZAR'D a déjà récolté des avis dithyrambiques, ce qui éveille forcément la curiosité de quiconque n'a pas encore croisé le chemin discographique du groupe.

Pour dépasser les questions d’imagerie tout en demeurant dans le domaine formel, il faut bien avouer qu’une écoute en aveugle nous conduirait aisément à conclure que Subterranean Exile est un album oublié de la seconde partie des années 70 ou une démo miraculeusement ressurgie du début des années 80. Que le son général de cet album sonne de manière délibérée sec et atone. Objectivement, quelles que soient les qualités du batteur, son jeu se borne de facto à marquer les tempos et les rythmes, sans aucune puissance, sans aucune ampleur. Défense de palpiter.

De même, les deux guitaristes ont beau débiter vaillamment riffs secs et cinglants, solos concis, mélodiques et nerveux, plans jumeaux, il n’en demeure pas moins que le résultat final sonne de manière plate, minérale, incroyablement sèche, presque dévitalisée. Difficile de sonner Heavy, a fortiori Doom, alors que les compositions s'y prêtent.

Reste le chant… qui s’avère être volontairement nasal et aigrelet ! Bien qu'il faille reconnaître une modulation simple mais efficace, constante et expressive.

Parvenu à ce stade du constat, vous vous dites sûrement que l'affaire est pliée et que Subterranean Exile est un album qu'il vaut mieux oublier, ou mieux, ne pas écouter. Moi qui ai adulé MANILLA ROAD ou CIRITH UNGOL dans les années 80, alors même que le groupe était affligé de pas mal de défauts formels du type de ceux énumérés ci-avant, je ne peux pourtant pas repousser ce disque et ce groupe. Les compositions proposées ici fourmillent en effet de bons riffs, classiques mais bien tournés, de plans de guitare solo mélodiques et plaisants, et même d'accroches vocales respectables. Sans compter certaines ambiances lugubres et rampantes qui firent les beaux jours du Heavy Metal underground des années 80.

Plutôt que de jeter l'anathème, je propose de donner rendez-vous au cinquième album pour vérifier si THE WIZAR'D sait à la fois conserver ce qui fait son charme et insuffler un peu plus de puissance, d'impact et de tranchant.

Vidéo du titre éponyme : cliquez ici
Alain
Date de publication : mardi 12 mai 2020