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22/05/2020
Black house
SECRETS OF THE MOON
 
Longtemps, on a cantonné la Lune à son côté sombre, nocturne, réputé maléfique. C'est peut-être pour cela que les débuts des Allemands SECRETS OF THE MOON se placèrent sous les auspices du Black Metal, avant de progresser vers des territoires plus ouverts, plus clairs, plus Dark Metal. De même que l'astre lunaire est aujourd'hui scientifiquement bien connu, le septième album, baptisé Black House, n'offre plus guère de mystère, le groupe accentuant ostensiblement l'évolution vers un Rock un peu gothique, surtout éminemment accessible et mélodique. Certes, cette tendance était déjà à l'oeuvre sur Sun (2015), Seven Bells (2012) représentant quant à lui un équilibre miraculeux entre le passé âpre et un futur plus apprivoisé.

Certes, SECRETS OF THE MOON n'a jamais durablement pratiqué le versant le plus agressif, haineux et crasseux du Black Metal. Pour autant, les fans de la première heure auront peut-être du mal à adhérer à ce Rock carré, vaguement sombre, légèrement torturé. Pour autant, on ne peut pas reprocher au groupe de ne pas vouloir se répéter et de vouloir se lancer de nouveaux défis. En conséquence de quoi, il vaut bien mieux juger cet album en fonction des paramètres redéfinis par ses auteurs et interprètes.

Formellement, Black House est incontestablement un bel objet, de l'artwork au son, à la fois limpide, précis et puissant. Les compositions possèdent des structures et des mélodies immédiatement compréhensibles, certains titres affichant un calibre suffisant pour prétendre faire de belles percées dans les médias. Les voix sont très majoritairement claires et parfaitement modulées. Les riffs se voient mixés très en retrait, le premier plan étant occupé par des motifs plus mélodiques, presque cristallins. A l'exception de quelques passages réminiscents d'un passé extrême, cet album paraît fait pour plaire à un grand nombre, un public plus large néanmoins soucieux d'une légère couche de noirceur.

En soi, la trajectoire de SECRETS OF THE MOON ne me gêne guère, les fans d'antan pouvant toujours se tourner vers quantité d'autres groupes. Simplement, je trouve que ce nouveau répertoire, calibré et formellement inattaquable, manque de relief, de passion et d'audace. Souci supplémentaire : l'interprétation demeure distante, comme désincarnée, carencée en engagement et en conviction.

Faites-vous votre propre idée en visionnant et en écoutant Veronica's Room cliquez ici, Don't Look Now cliquez ici et Earth Hour cliquez ici
Alain
Date de publication : vendredi 22 mai 2020