18 / 20
14/07/2020
Vestal claret
VESTAL CLARET
 
En 2014, nous avions relevé les qualités du second album du combo américain VESTAL CLARET, The Cult Of Vestal Claret (cliquez ici), lequel abordait le Heavy Metal et le Doom traditionnels selon des modalités plus variées que quantité de formations elles aussi versées dans cet exercice rétrospectif. Le laps de temps conséquent qui sépare les second et troisième albums a été amplement mis à profit pour aller au bout des tendances à l'œuvre en 2014 et, selon les propos du groupe lui-même, de s'éloigner du Heavy Metal.Comme semble le signifier l'absence de titre à ce nouvel album, VESTAL CLARET s'est réinventé et prend un nouveau départ.

Reste à déterminer à quoi ressemble la version de VESTAL CLARET dans sa version 2020. A une conjonction d'influences Folk, progressives et Heavy Rock à la mode des années 70. Dorénavant, la guitare de Simon TUOZZOLI s'épanouit dans des sons clairs, voire acoustiques, les riffs se faisant moins épais, plus pondérés mais plus acides. L'épaisseur rythmique se retrouve davantage dans les lignes de basse ventrues et dans le jeu sec et agile du batteur Justin DETORE.

Stylistiquement parlant, on croirait entendre une version sombre de STEELEYE SPAN, un SARACEN originel plus aventureux, un PAGAN ALTAR plus pastoral. Contribuant grandement à la richesse instrumentale, de pertinents arrangements d'orgue, d'instruments à cordes, de piano ponctuent ces morceaux conçus comme autant de déambulations dans une Nature profonde. L'emploi d'instruments acoustiques rappellent les œuvres délectables de groupes des années 70 tels que GRYPHON ou AMAZING BLONDEL. VESTAL CLARET parvient à combiner une apparence de simplicité et des structures évolutives, une propension à la douceur et des atmosphères angoissées.

Un sens des contrastes que l'on retrouve pleinement dans la dimension vocale. Le chanteur Phil SWANSON livre ici une prestation maîtrisée, sensible, assumant avec pondération une charge dramatique essentielle, grâce à son timbre un peu nasal, parfaitement modulé. Rien dans ses lignes de chant ne paraît forcé : le registre médium et clair se trouvant rehaussé par un léger voile qui évoque la patine de l'âge. De par ses intonations les plus torturées et mélancoliques, le bonhomme introduit par ailleurs une dimension torturée assez gothique. Et puis le chanteur a eu l'intelligence de partager le registre vocal avec des voix féminines, un gros travail ayant été effectué sur les harmonies vocales, pour un résultat complexe mais lumineux.

Se situant volontairement et salutairement hors des normes sonores et stylistiques actuelles, VESTAL CLARET pose un acte personnel d'affirmation artistique, empruntant au passé pour mieux traduire les sentiments poignants et les sensations troubles du temps présent. Peut-être le morceau le plus représentatif est-il le bien nommé Sorrow qui combine les arrangements de cordes et d'instruments à vent de type cromorne (l'époque Renaissance n'est franchement pas loin), les nappes d'orgue, et le chant habité, déclamé, la progression obsédante du morceau et son ambiance emphatique me rappelant le magnifique Bent Cold Sidewalk de TANGERINE DREAM, chanté par Steve JOLLIFFE (album Cyclone, 1978). Une pure merveille, comme l'ensemble de cet album très personnel.

L'album en vidéo : cliquez ici
Alain
Date de publication : mardi 14 juillet 2020