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27/07/2020
Lamenting of the innocent
SORCERER
 
Avant de nous pencher spécifiquement sur ce troisième album des Suédois de SORCERER, un petit point biographique s'impose, tant la carrière du groupe aura été tout sauf linéaire. Le groupe s'est en effet formé en 1988, a enregistré deux démos avant de se séparer quatre ans plus tard. Hormis deux compilations, Sorcerer en 1995 et Heathens From The North en 2004, on n'entendit plus parler de SORCERER jusqu'à sa reformation en 2010. Encore fallut-il patienter jusqu'en 2015 pour assister à la délivrance d'un premier album, le fort convaincant In The Shadow Of The Inverted Cross, suivi en 2017 par le non moins excellent The Crowning Of The Fire King.

Alors que CANDLEMASS, certes maître de son art, semble artistiquement tourner quelque peu en rond, que SOLITUDE AETURNUS demeure dans les limbes, le champ est libre pour que d'autres noms relèvent l'étendard du Doom Metal épique. Sous-genre ô combien exigeant, il se trouve sur ce troisième album impeccablement magnifié, le groupe affichant une insolente maîtrise des paramètres fondamentaux. Une introduction instrumentale grandiose : voici Persecution. Un second titre plus nerveux, au tempo plus enlevé et redoutablement efficace : on vous sert bien chaud The Hammer Of The Witches. Lamenting Of The Innocent est la première d'un total de cinq compositions dont les durées s'échelonnent entre sept et plus de huit minutes : structures à tiroirs, variations des thèmes et des ambiances, dramaturgie assurée, avec suffisamment de contrastes et de subtilité. Les tempos lents sur lesquels se déroulent des rythmiques de plomb abondent mais elles n'ont pas l'exclusivité du spectre musical, étant sans cesse entrelacées avec des passages posés et mélodiques, intimistes comme chez FATES WARNING. Autre indice que SORCERER souhaite agrémenter son ordinaire Doom épique : quelques vocaux caverneux.
La limpidité du son de l'album (bravo, il s'agit d'une auto-production!), ainsi que la puissance du mixage et la magnificence des guitares, indiquent immanquablement un goût avéré pour le Heavy Metal classique des années 80.

Reste à saluer les compétences des interprètes. Nous avons déjà évoqué le travail lumineux des deux guitaristes (dont Kristian NIEMANN, qui officia longuement au sein de THERION), il faut louer la solidité de la section rythmique et la performance remarquable du chanteur Anders ENGBERG dont la voix au registre médium module parfaitement, sans jamais verser dans la démonstration, privilégiant au contraire les détails expressifs.

Lamenting Of The Innocent
ne redéfinit aucunement le Doom Metal épique mais en représente une interprétation subtile et toute en maîtrise.

Vidéos de Hammer Of The Witches cliquez ici et de Deliverance cliquez ici
Alain
Date de publication : lundi 27 juillet 2020