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15/11/2020
Leather witch
LEATHER WITCH
 
De nos jours, les scènes Métal d'Amérique du sud s'avèrent particulièrement vivaces et passionnées. Ce premier album des Colombiens de LEATHER WITCH en témoigne amplement, les huit compositions se révélant être de véritables grenades dégoupillées, directement inspirées de la tradition du Heavy Métal européen, initiée par JUDAS PRIEST dans la seconde partie des années 70, radicalisée au début de la décennie suivante par ACCEPT et des cohortes de groupes carrés.

C'est ainsi que les riffs des compères José URIBE et Pablo MEZA affichent un profil tranchant au possible, alignés nerveusement, entrecoupés des solos incisifs de Pablo. Développant un gros volume de jeu, la section rythmique tenue par le batteur Juan Chamo HURTADO et le bassiste Hernan Otto GONZALEZ n'aime rien tant qu'accélérer le tempo, conférant à l'ensemble un côté proto Speed Métal salutaire. Du coup, une sensation de tension et d'urgence parcourt l'ensemble de l'opus. Toutefois, on se doit de relever l'excellence du seul morceau, lent et lourd de l'album : No Pain No Game, absolument majestueux, à la limite du Doom ! Une voie complémentaire à explorer plus avant à l'avenir, selon moi.

Tout aussi essentielle dans la création d'impacts permanents, les vocaux de la chanteuse Tania OSPINA se situent à des années lumières des mignardises trop sucrées ou des prétentions néo-classiques. Tour à tour puissant et ample, ou crispé et agressif, il garantit une animation dramatique permanente, parfaitement maîtrisée. En la matière, la chanteuse de LEATHER WITCH perpétue la tradition des chanteuses rugueuses, posant ses pas dans ceux de Doro PESCH (au début de WARLOCK) ou de Kate de LOMBAERT (ACID).

LEATHER WITCH ne prétend rien réinventer mais peut sans conteste être fier de son assimilation complète des codes du Heavy et du Speed de la première moitié des années 80, ainsi que de sa capacité à les faire vivre avec fougue et passion.

Deux bémols toutefois. Tout d'abord, la pochette plaira aux adeptes du Métal underground mais risque hélas d'inciter des adeptes potentiels à supposer à tort un contenu lui aussi amateur. Ensuite, si elle garantit de fait l'absence de titres faibles, la brièveté de l'album suscite quand même une petite frustration... que l'on comble en réécoutant derechef ce brûlot.

Au passage, saluons le tout nouveau label français Steel Shark, fondé par deux fondus de Métal, nés sous le signe du bracelet clouté, du spandex et du perfecto.

Vidéo de Stronger Than Death : cliquez ici
Alain
Date de publication : dimanche 15 novembre 2020