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29/12/2020
Over the space
ELEKTRADRIVE
 
Que dirais-tu si je t’annonçais de but en blanc qu’en 1986 tu as raté la sortie d’un album de DIO ?

Je rêve de sauter dans ma Time Machine, d’atterrir dans les années 80 et d’aller saisir par le col les directeurs artistiques des major labels et les rédac’chefs de la presse spécialisée. Ils méritent d’être secoués jusqu’à mise en orbite de leurs yeux aveugles, jusqu’à décollement de leurs sourdes oreilles, jusqu’à liquéfaction de leurs cerveaux d’incapables. Est-ce que quelqu’un ici peut m’expliquer comment un groupe aux qualités d’ELEKTRADRIVE a pu à ce point passer sous tous les radars ?

Formé à Turin en 81 sous le nom d’OVERDRIVE, le groupe change son nom dès 1983 en ELEKTRADRIVE afin de souligner les apports de l’électronique dans sa musique. En 86, leur premier LP Over The Space sort chez Discotto Metal dans la plus stricte confidentialité. Mais quelle honte !

Parsemé de pépites mélodiques à la hauteur d’un RAINBOW ou d’un STYX, éclairé par les riffs et solos de guitare incroyables de Simone FALOVO, sublimé par la voix façon DIO d’Elio MAUGERI, habillé des étranges fioritures du clavier d’Eugenio MANASSERO, appuyé par l’experte section rythmique de Stefano TUROLLA (basse) et Alex JORIO (batterie), ce disque au son juste honnête aurait mérité le plus grand studio du monde et un inconditionnel soutien de la presse. Croyez-moi l’Histoire du rock italien eût alors acquis ses lettres de noblesse, rien de moins ! Mais non, au lieu de cela, dix ans avant LACUNA COIL, la presse spécialisée me cassait les burnes avec un VANADIUM que j’ai toujours trouvé d’un ennui profond.

L’album commence par cet avertissement :
ELEKTRADRIVE is not a music only for your ears, but is a music for your imagination. C’est bien exactement ce que j’avais ressenti en écoutant, dès 1986, la galette que le groupe m’avait envoyée.

Les titres vifs et très métal tels que Secret Of The Holy Grave, Lord Of The Rings, Over The Space alternent avec des mid-tempos du meilleur cru, parmi lesquels Snake (Slip On) , Against The Stream ou Clash Of The Tytans. De-ci de-là de petits instrumentaux (Fortune Teller, Take Off,Midnight Passage) ou courtes mélodies (Intro… Beginning, Song For A Feeling) donnent un relief agréable à l’ensemble de l’œuvre. Le fil conducteur de cet album très varié est ce sens hypertrophié de la construction mélodique qui jamais ne sombre dans la guimauve. Les compositions sont un plaisir pour les oreilles et un voyage pour l’imagination où s’entrecroisent thèmes épiques, passages progressifs et refrains inoubliables. Du grand art !

S’il est vrai que le mixage d’Over The Space ne rend pas un parfait hommage à l’immense potentiel d’ELEKTRADRIVE, il n’est cependant pas pire que celui d’innombrables galettes bien "cracras" des années 80 que les collectionneurs adulent aujourd’hui (par nostalgie pour les anciens ou par snobisme pour les jeunes).

Le pire de l’histoire, c’est qu’en 2020, après 4 albums, et même si le groupe s’est quelque peu éloigné des tonitruantes contrées du Métal vers un AOR de première classe, il est toujours actif et reste consciencieusement inconnu en France par 99% des amateurs de métal mélodique. Libre à vous de rectifier cette monstrueuse lacune en vous procurant, pour commencer, l’édition 30ème anniversaire d’Over The Space sortie en 2016 chez Escape Music, agrémentée de nombreux bonus (EP, démo, live).

Tu n’as pas tout perdu en lisant cette chronique car à présent, quand on te demandera quel est le groupe de Hard rock italien le plus ancien et toujours actif de nos jours (bien qu'en sommeil), tu sauras quoi répondre. Ceci étant, je te le confirme, Gary : en 86, tu as bel et bien loupé la sortie d’un album de DIO !

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Pumpkin-T
Date de publication : mardi 29 décembre 2020