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29/01/2021
Rock'n'roll gypsies
SPIDER
 
Ah, SPIDER ! Son premier album, Rock’n’roll Gypsies, est incroyable ! Je me souviens qu’en 1982, j’avais fait fondre ses pépites de hard boogie dans un creuset, puis versé ce rock en fusion dans un moule. Le lingot qui en avait résulté défie aujourd’hui encore les lois de la physique. En effet, 39 ans plus tard, il n’a toujours pas refroidi. Eh oui ! Je viens de tester la dernière version parue en 2020 chez Metal Classic, c’est toujours aussi chaud avec, en prime, neuf excellents bonus (3 singles et 2 remix), plus un croustillant témoignage écrit de Brian BURROWS (basse et chœurs) sur les péripéties du groupe. Notez qu’il existe également une réédition parue en 2007 chez Krescendo mais Col HARKNESS (guitare et chant) m’a confié qu’il avait été déçu par la qualité du son de cette version.

J’avais toujours pensé que le nom SPIDER venait de ce qu’ils étaient quatre garçons à deux jambes, ce qui faisait du groupe une créature à huit pattes. Je me suis permis de soumettre cette hasardeuse théorie à Col qui a trouvé l’idée drôle mais en réalité, le nom du groupe fut emprunté à Willie « Spider » SCOTT, héro de la série anglaise The XYY Man dont ils étaient fans. Quant au titre Rock’n’Roll Gypsies, c’est une expression qu’ils doivent à Mick BOX de URIAH HEEP qui, lors d’une tournée commune en ’82, les voyant débarquer de leur van à une station-service, s’était exclamé : « Sans déconner, vous êtes vraiment les gitans du rock’n’roll ! ». L’étiquette leur allait à merveille en raison d’un perpétuel nomadisme qui les avait conduit à jouer un millier de concerts dans les quatre années précédentes.

De mon point de vue, avec SPIDER, le deal est très clair : le groupe n’est pas là pour révolutionner le rock, ni pour être premier de la classe en guitare, basse, batterie ou chant, bien que les musiciens s’acquittent parfaitement de leur rôle. Quant à leur inspiration majeure et assumée, elle saute aux oreilles, c’est STATUS QUO. En revanche, je sais compter sur ce groupe pour faire lever la grisaille d’une journée morose et pour me faire taper du pied même si je suis en pleine déprime. SPIDER devrait obtenir le label du groupe le plus RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale) et éco-responsable de la planète à double titre, d’une part parce qu’il recycle un ancien genre en produisant un minimum de déchets et d’autre part parce qu’il est capable de recharger mes batteries sans atteinte à la couche d’ozone. Attention, le groupe rejette quand même dans l’atmosphère quelques traces de métaux lourds et s’avère gourmand en électricité.

Je définis le style des morceaux de Rock’n’Roll Gypsies comme relevant essentiellement d’un hard boogie sur-vitaminé. Le disque foisonne de hits potentiels : A.W.O.L, acronyme d’Away Without Official Leave (absent sans permission), All The Time, Did Ya Like It Baby, Talkin’ ‘bout Rock’N’Roll, ou encore Part Of The Legend. Du côté des bonus, je retiens principalement les morceaux Down’N Out, 9-5 (qui lorgne du côté du rockabilly) et les deux "medleys" instrumentaux que sont Amazing Grace part. 1 & 2 durant lesquels leurs influences principales s’enchaînent.

À la première écoute, compte tenu du créneau très ciblé de leur musique, la galette peut apparaître un peu répétitive. En réalité, les mélodies et refrains sont si accrocheurs qu’ils se vrillent dans ma cervelle. Et, au moment où je m’y attends le moins, ils ressurgissent et je me surprends à siffloter l’un ou l’autre.

Reste LA question fondamentale pour les collectionneurs d’étiquettes : « SPIDER, NWOBHM or not? » Du point de vue spatio-temporel, un groupe anglais qui a sévi de 1976 à 1986 fait de facto partie de la NWOBHM. Cependant, leur esthétique qui ne gomme pas les racines blues et rock’n’roll et leurs textes qui ne partent pas dans des délires de chasse au dragon ou autre mythologies guerrières les positionnent en marge de ce mouvement.

Un disque indispensable pour les fans du QUO et qui se révèle être une excellente surprise pour les amateurs de Hard Rock à l’ancienne.

A.W.O.L. : cliquez ici
Pumpkin-T
Date de publication : vendredi 29 janvier 2021