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16/02/2021
Flying circus
FLYING CIRCUS
 
En matière de Rock progressif, l'unité de mesure s'impose désormais en terme de décennie. Apparu plus ou moins à la charnière des décennies 60 et 70 du XXème siècle, ce genre musical s'est hybridé depuis en registres légitimement multiples.
J'ai découvert ce groupe de Rock progressif à tendance Hard et Métal, en 2020, année certes globalement néfaste, mais positive sur un plan créatif, le groupe en question parvenant à générer avec l'album conceptuel 1968 un pont créatif fructueux et vivace entre la décennie des années 70 et la période actuelle (cliquez ici). Dans la foulée, le groupe et sa maison de disques décident de proposer une compilation représentative de son savoir-faire depuis l'origine. Seulement, une compilation basique et à bas coût eut été trop facile. Aussi, FLYING CIRCUS tente-t-il une audacieuse et réussie compilation (tant pis pour le suspense).

Audacieuse car le groupe ne s'est pas contenté d'empiler les morceaux préférés de son public, pas plus que de mettre en exergue les compositions favorites des membres du quintette. Certes, il s'agit de quinze morceaux de la meilleure facture, représentatifs des trente ans de carrière (fêtés en 2020) et de ses six albums (plus un EP et un live). Mais tous les titres antérieurs à 2011 ont été réenregistrés par la formation actuelle ; tous les titres postérieurs à cette date ont été remixés, à l'exception de deux pistes tirées d'un 1968 tout frais. Pour le coup, peu importe le poids des années, l'ensemble sonne de manière extrêmement cohérente, que ce soit au niveau de la mise en forme (sèche, détaillée et claire) ou de l'interprétation.

D'un point de vue stylistique, FLYING CIRCUS a décidé dès les origines de ne pas choisir entre le Rock progressif et le Hard Rock. A ce titre, chaque composition fourmille de changements de rythmes, de tempos et d'ambiances, sans que cela nuise à l'évidence des structures et des mélodies vocales et instrumentales. Par ailleurs, le groupe manie avec aisance et à propos les ambiances douces et intimistes, mais oublie rarement d'inscrire en contrepoint des moments plus impérieux, voire tempétueux, avec riffs rugueux, basse ventrue en appui direct. Sur le morceau Belvedere's Wake, des programmations orchestrales constituent la seule incursion dans un registre emphatique, même si un souffle épique se fait sentir à de nombreuses autres moments. Le chant de Michael DORP s'adapte à toutes ces variations : médium, subtil et caressant quand la nuance domine, plus voilé, plus percutant, voire capable de quelques montées vers les hauteurs quand il faut montrer les dents. Le guitariste Michael RICK fait également montre de versatilité, passant d'une guitare acoustique presque pastorale, d'une guitare électrique en son clair limpide, de passages solos épurés ou au contraire très techniques et rapides : brillant alliage de technicité et de feeling ! Quant au claviériste et violoniste Rüdiger BLÖMER, s'il parsème les compositions d'arrangements baroques, il sait plonger avec fougue dans des affrontements solos particulièrement intenses.

Si l'inspiration du Prog des années 70 paraît indéniable, il est pourtant ardu de réduire FLYING CIRCUS à telle tendance, à telle influence. LED ZEPPELIN et KANSAS bien sûr, mais aussi la frange assez musclée du Prog allemand (BIRTH CONTROL, KIN PING MEH, GIFT...), quelques touches délicates à la mode Canterbury ; certains solos funambulesques cadreraient sans souci dans un répertoire Prog Métal. Mais le mieux est encore de découvrir l’œuvre de ce groupe attachant via cette attrayante compilation.

Vidéo de Seasons cliquez ici
Alain
Date de publication : mardi 16 février 2021