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10/04/2021
Electric temple
SUPERLYNX
 
SUPERLYNX est un trio originaire d'Oslo, Norvège, ayant d'ores et déjà publié deux albums : LVX (2016) et New Moon (2019). Cette troisième offrande, baptisée Electric Temple, révèle un groupe en pleine maturité, que ce soit pour le versant composition et que pour son pendant interprétation. Pour aller vite, on pourrait tenter de qualifier la musique pratiquée par SUPERLYNX de Doom Rock psychédélique. Explications (ou du moins tentative...).

Le groupe emprunte au Doom Metal son appétence pour la lenteur et pour la lourdeur, sans parler de l'ambiance crépusculaire dans laquelle baigne l'ensemble de cet opus (nous y reviendrons). Les titres se déploient majestueusement, presque paisiblement, au gré de riffs simples et subtilement orageux, sous tendus par des lignes de basse grondantes.
Cependant, l'auditeur ne subit pas un écrasement systématique car l'architecture sonore retenue ici privilégie la profondeur, crée de vastes espaces et permet l'incorporation d'éléments non strictement Metal. Par exemple, le guitariste Daniel BAKKEN se montre aussi à l'aise dans l'administration de riffs laconiques que d'une approche plus psychédéliques, héritage de Jimi HENDRIX ou de Frank MARINO. Comment ne pas relever ces sonorités pleines d'écho et de vibrato sur le magnifique Then You Move, lesquelles m'évoque l'univers de l'Americana, de Country alternative. Sur ce même titre mais aussi ailleurs, saluons au passage l'usage tout à fait à propos d'un piano, servi par le batteur Ole TELGEN.

Principalement servi par la bassiste Pia ISAKSEN, plus rarement par le guitariste BAKKEN, le chant demeure clair, oscillant entre des registres oscillant de médium à plus grave, avec une élocution claire et lancinante qui produit un rendu hypnotique. Lequel rendu se trouve démultiplié par des structures rythmiques répétitives, qui évoluent au fil de méandres qui ont finalement plus à voir avec certaines musiques orientales qu'avec l'approche binaire du Metal et du Rock en général. En plus subtil, on n'est pas si loin que cela des logiques à l'oeuvre au sein du combo Stoner Doom OM.

Au final, tous les ingrédients et les dispositifs évoqués précédemment concourent à développer une atmosphère complexe, où une certaine douceur joue les contrastes avec un orage sous-jacent, où lenteur et répétition n'empêchent pas l'impression de dériver, d'ondoyer. Il émane de tout ceci quelque chose de l'ordre du mysticisme, d'une spiritualité non normative. Pas étonnant, car le groupe assume considérer sa musique comme un temple, déclaration qui prend un sens plus profond encore quand on apprend que le processus créatif propre à Electric Temple a été assombri par un décès. En tout état de cause, la musique à la fois sensorielle et introspective proposée par SUPERLYNX dégage une puissance évocatrice rare.

Vidéo de Electric Temple cliquez ici et de Apocalypse cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 10 avril 2021