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27/04/2021
Preserved in time
WHEEL
 
Après deux albums, le premier sans titre en 2010 et le second, Icarus, en 2013, le quartette allemand WHEEL a connu un hiatus discographique conséquent, puisque le troisième opus, Preserved In Time, ne paraît qu'en avril 2021. Quels qu'aient été les aléas qui ont conduit à ce silence prolongé, il eut été franchement dommage de ne pas donner vie à cet album et à ses sept compositions. Car il s'agit ni plus ni moins d'un des meilleurs albums de Doom Metal épique de ces dernières années !

Servi par une production vibrante et par un mixage impeccable de puissance et de clarté, le Doom de WHEEL s'avère d'un grand classicisme, reprenant à son compte les préceptes édictés au siècle derniers par CANDLEMASS et SOLITUDE AETURNUS, avec de surcroît une parfaite compréhension des codes du Heavy Metal européen. A la fois lourds et tranchants, les riffs de guitare se posent sur des lignes de basse tendues, aux sonorités grondantes et métalliques, tandis que le batteur agrémente son jeu de caisse claire très sec d'une sollicitation de ses toms et de ses cymbales, histoire de ne pas verser dans le monolithisme binaire. Porteurs de l'héritage Heavy Metal évoqué ci-dessus, les solos du guitariste Benjamin HOMBERGER s'avèrent systématiquement construits autour d'un axe mélodique, porteurs d'une charge dramatique de bon aloi.

Atout majeur, le chant de Arkadius KUREK, demeure clair et articulé, puissant, majoritairement dans un registre médium, avec toutefois d'irrésistibles montées aiguës parfaitement contrôlées. Par-delà des qualités techniques indéniables, notre homme se montre capable d'insuffler des émotions prenantes, notamment mélancoliques, rappelant en cela les meilleures prestations de Robert LOWE (SOLITUDE AETURNUS, ex-CANDLEMASS, actuel TYRANT).

Bon, que les interprètes soient à la hauteur des critères du genre est une chose, qu'ils soient particulièrement doués représente incontestablement un atout. Mais, cerise sur le gâteau, WHEEL se montre capable de composer de manière on ne peut plus crédible. Même si tel ou tel riff ou plan rythmique rappelle des choses entendues ailleurs, aucun des titres de l'album n'apparaît comme un simple exercice de style. L'animation dramatique s'avère impeccable, prenante, avec des breaks redoutables, des refrains de premier ordre et ces ponctuations mélodiques qui apportent un contraste salutaire avec l'austérité générale. Même sur les deux compositions affichant des durées honorables - Aeon Of Darkness à 7'39 et Daedalus à 8'55 -, le groupe varie intelligemment l'intensité, en plaçant une introduction paisible sur le premier et en calmant le jeu sur les couplets du second.

Après cette réussite majeure, il reste à espérer que nous n'aurons pas à patienter huit ans pour découvrir le quatrième album !

Vidéo de She Left In Silence cliquez ici
Alain
Date de publication : mardi 27 avril 2021