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13/06/2021
Sabotage super deluxe
BLACK SABBATH
 
Publié en 1975, Sabotage a longtemps été considéré comme le premier album décevant de BLACK SABBATH, ouvrant la voie aux relativement décevants Technical Ecstasy (1976) et Never Say Die ! (1978). Il faut dire que son titre suicidaire et sa pochette incroyablement auto-dépréciatrice fournissaient des arguments négatifs a priori ! Quand bien même il ne comporte pas d'apports fondamentaux, contrairement aux quatre premiers albums qui fondaient littéralement le Heavy Metal, cet opus constitue toutefois une suite d'une fort belle facture à son prédécesseur immédiat, Sabbath Bloody Sabbath, qui voyait les quatre de Birmingham emprunter une voie plus expérimentale et progressive. Plus précisément, le son général renouait avec l'approche lourde et massive des débuts, tandis que la plupart des compositions abondait en breaks et en arrangements baroques.

Au registre de l'étrangeté, citons Supertzar où la guitare de Tony IOMMI rivalise avec un choeur classique emphatique ! Etrange, kitsch mais finalement fascinant. Autre source d'étonnement, le single popisant Am I Going Insane (Radio), pas vraiment marquant. Du côté du heavy Metal plombé, citons le très lourd The Writ, Thrill Of It All (que l'on croirait tiré de Vol 4 avec son intro rampante, ses passages presque guillerets et ses couplets mid-tempo tranchants) le ravageur Hole In The Sky et le chef d'oeuvre épique Symptom Of The Universe, doté d'un riff d'anthologie, de lignes de basse telluriques, de parties de batterie galopantes et d'un chant littéralement halluciné (le fait que cette longue charge se termine par une jam au groove relax n'ôte rien à sa superbe). Reste à souligner les qualités trop méconnues de Megalomania, pièce à tiroirs qui alterne passages lents suintant la paranoïa et la défonce, avec des séquences plus enlevées et énergiques. La prestation vocale d'Ozzy OSBOURNE colle à merveille avec ces ambiances troubles.

Les qualités intrinsèques de l'album méritait bien à traitement augmenté, bien qu'on s'interroge sur la logique retenue par des labels détenteurs du catalogue de BLACK SABBATH. En 2009, étaient sorties des versions deluxe remasterisée en doubles CD digipacks de Black Sabbath, Paranoid et Master Of Reality (pour la période Ozzy). Récemment, ce fut sous forme de coffrets deluxe quadruples CD ou LP que parurent Paranoid (2016), Vol 4 (2021) et donc maintenant Sabotage. Aucune logique chronologique, aucune approche systématique.

Ceci étant dit, ne boudons pas notre plaisir car, sur le plan musical, outre l'album originel finement remasterisé, nous bénéficions de deux CD d'un concert de la tournée américaine de 1975 qui révèle un groupe au taquet, à la fois plein de maîtrise et encore fougueux. Outre une palanquée de classiques, le quatuor délivre des versions ravageuses des trois titres majeurs issus de Sabotage : Hole In The Sky, Symptom of The Universe et Megalomania. La présence de deux solos de guitare et d'un solo de batterie, exercices de style typiques des années 70, ne rompent pas la dynamique de la prestation. Excellent bonus donc.
Le quatrième CD n'apporte musicalement rien puisqu'il s'agit d'une réplique du single japonais Am I Going Insane (Radio)/Hole In The Sky. Ne vaut que pour le visuel...

Le reste de ce coffret propose un livre petit format d'une soixantaine de pages à couverture cartonné, avec texte informatif et iconographie riche, un poster de la tournée anglaise, une réplique du programme du concert au Madison Square Garden de New York. Même si le tarif pratiqué me paraît élevé, le coffret et son contenu sont soignés et le concert vaut indéniablement le détour. Une réhabilitation de qualité et amplement justifiée.

Vidéo de présentation de la version vinyles : cliquez ici
Alain
Date de publication : dimanche 13 juin 2021