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20/09/2021
Black cosmic elements
ARAN ANGMAR
 
Si on vous demande de nommer un genre qui défraya la chronique dans les pays scandinaves au cours de la première partie de la décennie 90, tout le monde aura à cœur de citer le renouveau du Black Metal pur et dur. Pour ma part, je me souviens que, pour avoir savouré pour une large part ce prurit Black Metal généralement bien rugueux et dénué d’apprêts, je n’en avais pas moins succombé aux charmes irrésistibles de quelques formations qui surent combiner avec un génie certain l’épaisseur du Death Metal et l’aigreur du Black Metal, tout en adjoignant à ce rude assemblage les qualités techniques et mélodiques du Heavy Metal européen. S’il ne fallait citer que deux noms, j’avancerais sans hésiter le désormais classique DISSECTION et l’injustement méconnu UNANIMATED.

A mon sens, le trio ARAN ANGMAR s’inscrit pleinement dans la veine des deux formations citées ci-dessus, avec cependant une férocité Black Metal plus nette. Avant d’aller plus loin dans l’exploration du propos artistique du groupe, faisons les présentations. Aux vocaux et à la basse, nous trouvons Lord Abagor, pseudonyme cachant Jesse PEETOOM, ancien de DUNKELNACHT et toujours vaillant au sein de SAILLE. A la guitare et à la basse se tient Maahes, par ailleurs responsable de l’ensemble des musiques et des textes. Enfin, à la batterie s’agite Michiel van der PLICHT, actuellement actif au sein de PESTILENCE, ancien de GOD DETHRONED, membre live occasionnel de CARACH ANGREN, MAYAN ou DEW-SCENTED. Pas des débutants donc et, effectivement, au niveau de l’interprétation, cela ne rigole pas !

Au niveau de la batterie, un gros volume de jeu est produit, sans toutefois que les artifices rebattus du blast beat soient inutilement convoqués. Au contraire, ARAN ANGMAR n’aime rien tant que pratiquer des passages mid-tempo accrocheurs et tranchants, quitte à envoyer du plomb létal à haute vélocité l’instant d’après. Avec une trame rythmique aussi robuste et souple à la fois, la guitare n’a plus qu’à déposer des riffs, souvent en mode classiquement trémolo, sans rechigner à faire dans le tranchant qui rase le poil et la peau. Pour compléter ce dispositif brutal et agressif, les vocaux se déploient en mode caverneux et agressif, sans jamais oublier de moduler à juste escient, histoire de décliner toute la gamme de la haine.

A la fois contrepoids idéals et parfaitement complémentaires, les parties de guitare solo apportent une luminosité purement luciférienne. On pourrait transposer sans coup férir l’ensemble de la prestation en la matière dans n’importe quel album de Heavy Metal européen, si possible inspiré de MERCYFUL FATE. C’est brillant, c’est technique mais jamais démonstratif, tant le souci de mettre le propos mélodique en exergue prédomine. Diantre, quelle performance !

Outre son efficacité brutale et sa magnificence mélodique, l’album retient l’attention par la qualité de ses compositions. Affûtées, tournées vers l’efficacité sans pour autant refuser les variations rythmiques, l’auditeur sent s’installer une domination savamment orchestrée. La brièveté de l’album – à peine plus d’une demi-heure ! – contribue paradoxalement à lui conférer un impact maximal : pas de remplissage, pas de bavardage, juste l’essentiel, et c’est très bien ainsi.

Vous aurez sûrement compris que Black Cosmic Elements ne saurait se résoudre à un exercice de style, si brillamment inspiré des Grands Anciens soit-il, mais constitue bel et bien une revivification classique et pour autant vivace et classieuse d’une certaine idée du Black Death Metal.

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Alain
Date de publication : lundi 20 septembre 2021