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06/10/2021
Thurmecia eternal
RYGHÄR
 
RYGHÄR est un quintette originaire du Texas. Une implantation géographique qui prédestine souvent à pratiquer le Blues Rock. Or, nous avons ici affaire à une formation qui affiche un amour invétéré pour le Heavy Metal épique, l’ensemble des textes de l’album s’inspirant ouvertement des univers guerriers, si caractéristiques de l’Heroic Fantasy, telle qu’elle fut notamment initiée par l’écrivain Robert E. HOWARD (par ailleurs lui aussi natif du Lone Star State), créateur des personnages Conan et Kull. Si l’on parvient à passer outre un visuel aussi typé que vilain, on découvre un Heavy Metal qui, pour atteindre ses ambitions épiques, prend cependant bien soin de ne pas user des artifices grandiloquents qui sont trop souvent de mise en la matière. Point d’orchestrations pompeuses, pas plus de rythmiques propulsées par de systématiques parties de double grosse caisse, ni même de chant puissant forçant dans les aigus.

Faisant fi du pesant attirail qui aboutit trop souvent à un rendu épique en carton-pâte, RYGHÄR opte pour une démarche qui, sans se vouloir rétro, encore moins passéiste, rappelle cependant les identités singulières de groupes de Metal épique des années 80, tels que MANILLA ROAD, CIRITH UNGOL, GRIFFIN ou BROCAS HELM. Non pas que RYGHÄR copie en quoi que ce soit ses prédécesseurs, mais il en reprend avant tout le souci de se créer un son particulier, même imparfait.
Pour un amateur de Metal moderne et surpuissant, Thurmecia Eternal cumule les handicaps. Clairement, le mixage demeure un brin confus, les riffs manquent de puissance, les claviers sonnent démodés, le chant ne s’avère pas très puissant. Certes. Mais paradoxalement, aucun de ces défauts relatifs, pas plus que leur somme, ne s’avère rédhibitoire, au vu du charme dégagé par ce répertoire.

Commençons par tenter d’établir les éléments constitutifs de l’identité musicale de RYGHÄR. Les fondations sont solidement et intelligemment assurées par un jeu de batterie dense et diversifié, ainsi que par une basse à la fois fort agile et épaisse dans son rendu. Une épaisseur rythmique qui compense largement ces riffs secs, effectivement assez discrets dans le mix. La relative timidité des guitares au niveau des riffs se trouve très largement compensée par de fastueuses interventions solo, combinant une attaque incisive, une virtuosité maîtrisée et, surtout, un sens avéré de la progression mélodique. En complément, des arrangements de claviers aux sonorités vintage développent des touches mystérieuses.

Le chant se situe dans un registre clair et majoritairement médium, capable de nombreuses variations (inserts aigus, crispations plus agressives) au gré de lignes de chant systématiquement modulées. Le résultat s’impose comme varié et très expressif, idéal pour accompagner des structures pas avares des changements de rythmes, de tempos et d’ambiances.

Hormis l’architecture sonore propre au groupe, ce qui distingue ce premier opus, c’est la qualité de l’écriture, tant les morceaux parviennent à la fois à créer des ambiances mystérieuses et épiques et à assurer une efficacité omniprésente. En somme, l’auditeur se laisse promener au fil des ambiances, mais se trouve surtout accroché par des accroches rythmiques et mélodiques, présentes sur chaque composition.

Au total, RYGHÄR réussit son entrée en matière discographique, avec ce premier album attachant, qui appelle d’ores et déjà de futurs développements. On est impatient.

Vidéo non officielle de In A Land Where the Sun Never Sleeps : cliquez ici
Alain
Date de publication : mercredi 6 octobre 2021