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15/11/2021
Watcher of skies
LYNX
 
Attention, mesdames et messieurs, dans le monde du Metal, on adore les félins ; même s’ils ne sont pas les plus réputés, les lynx ont vu leur nom adopté par une bonne poignée de groupes de par le monde. Le LYNX que nous allons évoquer nous vient d’Allemagne et Watcher Of Skies est son tout premier album. Des premiers pas fortement marqués par la charnière entre les décennies 70 et 80, quand le Hard et le Heavy tournaient le dos aux excès démonstratifs des aînés, pour renouer avec une concision et une vitalité salvatrices.

C’est ainsi que les compositions du quartette affiche l’attirail des riffs secs, un chant clair pas très puissant mais un peu modulé, des structures directes, d’une interprétation sans fioritures et d’une grande clarté dans l’exposition. Concernant ce dernier point, on peut toutefois regretter qu’à l’instar de quantité de formations s’inspirant du passé, LYNX affiche un mimétisme dans la mise en son qui aboutit à un son, certes limpide, mais assez rêche et manquant quelque peu d’épaisseur, de dynamisme et de profondeur. Il n’empêche que ce versant de l’identité musicale de LYNX rappelle inévitablement la NWOBHM (TYGERS OF PAN TANG par exemple) ou la première époque de RIOT.

Cependant, le groupe se démarque assez sensiblement des combos revivalistes basiques en cultivant des tendances mélodiques affirmées. La biographie du groupe cite notamment SCORPIONS (années 70), BOSTON et BLUE ÖYSTER CULT ; on reste cependant quelque peu dubitatif devant cette énumération, tant on est loin du Hard hendrixien des premiers, de l’extrême sophistication des seconds. Tout au plus peut-on concéder que se référer à BÖC revient à faire allégeance à une formule mariant Hard Rock’n’Roll brûlant (les tous débuts), élégance mélodique (à partir d’Agents Of Fortune) et une tendance ambitieuse, avec des compositions à tiroirs et des ambiances ténébreuses. Plus que des références littérales (de toute façon trop écrasantes), il faut retenir une volonté d’enrichir un Hard & Heavy direct par des tournures mélodiques et des structures qui autorisent des plages pas entièrement tournées vers l’efficacité primaire. Dans les principes invoqués et dans le rendu constaté, on pourrait se référer au compromis entre tranchant Hard et charme mélodique, patiemment perfectionné par TRIUMPH.

De fait, LYNX enrichit ses compositions de plans de guitares gémellaires, d’arpèges délicats, de voix harmonisées. Outre le son trop peu travaillé déjà évoqué, on ne peut nier que, pour être pleinement au rendez-vous, il faudra un chant plus affirmé et plus solide, des harmonies plus fouillées, des mélodies plus marquantes. Enfin, il faudra impérativement trouver les personnes adéquates, susceptibles de forger un son à la fois limpide, percutant et riche.

On va dire que Watcher Of Skies pose des ambitions, sans les réaliser complètement. Cependant, on note bien le défi que s’est posé LYNX, qui consiste à tracer un chemin particulier. On est tout à fait prêt à prendre date pour le second album, afin de vérifier si le groupe parvient à incarner davantage cette exigence paradoxale, entre simplicité et sophistication. Même si c’est tout à fait anecdotique, il me faut saluer la qualité de l’illustration de la pochette qui, pour sa part, remplit complètement les objectifs de LYNX, puisqu’elle est frappante et efficace, tout en se montrant intrigante et plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord : pourquoi donc un lynx s’intéresserait-il à l’astronomie ?

Vidéo de Watcher Of Skies : cliquez ici
Alain
Date de publication : lundi 15 novembre 2021