18 / 20
23/12/2021
Arca ende aeterna
K AMON K
 
Ce premier album de K AMON K affiche sans vergogne de belles ambitions en matière de Black Metal. Sûrement faut-il préciser que, s’il ne représente pas un coup d’essai, Arca Ende Aeterna demeure le fruit d’une action conjuguée de vétérans de la scène Black Metal hexagonale. Citons quelques-uns des groupes qui ont participé à l’apprentissage de musiciens voués aux extrêmes : CRYSTALIUM, MÜTIILATION, REVERENCE, ARKHON INFAUSTUS et d’autres formations plus obscures, mais non moins virulentes. Avec un tel pedigree, l’auditeur peut légitimement s’attendre avant tout à une brutalité fruste et/ou à un avant-gardisme éprouvant.

Rien de tel en l’occurrence, puisque K AMON K s’avère plutôt être un point de rencontre entre des déclinaisons multiples du Black Metal, apte à équilibrer efficacement l’acidité nihiliste indispensable, des élans grandioses (quelques arrangements symphoniques extrêmement bien agencés), des élans épiques, des passages au contraire plus pondérés quant au tempo et plus lourd quant aux rythmiques, nonobstant quelques moments plus Ambient. La qualité de la prise de son – crasseuse quand il le faut, rutilante par instants, toujours vibrante – et du mixage – tout autant capable de préserver la clarté d’exposition des différents éléments que de créer volontairement des abcès de confusion maîtrisée – assurent une grande cohérence à tout l’album.

Tout aussi importants, la qualité de l’écriture et un sens affûté des arrangements assure une combinaison létale entre puissance abrasive, lourdeur vénéneuse, ambiances troubles, et un indéniable art d’accrocher l’auditeur, par des riffs, par des rythmiques et beaucoup par des vocaux âcres, vociférant en français des textes en français travaillés et surtout relativement intelligibles. Afin d’équilibrer au mieux ces ingrédients variés, le groupe ne recule pas devant des durées conséquentes, qui permettent un juste exposé et des développements fructueux ; ainsi, quatre titres s’affichent raisonnablement entre quatre et six minutes, trois percent les sept minutes, Le Bruit et l’Enfer se hissant à plus de huit minutes, dominé seulement par l’imposant Voyageurs qui casse le chronomètre à 9’42. Aucune baisse d’intensité, aucune indulgence erratique, tout demeure tendu à souhait, rehaussé d’arrangements grandioses et ponctué d’oasis plus pondérées, quoique tout aussi dérangées.

K AMON K ajoute son Arca Ende Aeterna à la liste des albums de Black Metal français d’une qualité supérieure, parus ces dernières années.

Vidéo de Voyageurs : cliquez ici
Alain
Date de publication : jeudi 23 décembre 2021