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31/03/2022
Resilience and despair
QAALM
 
Certes, le quintette baptisé QAALM a vu le jour en 2917 en Californie, mais je peux d’entrée vous assurer la musique pratiquée par le groupe est à mille lieues des clichés qui collent à la peau de cet état américain. Aucun soleil radieux, aucune plage immense, aucun palmier, aucune bimbo, aucun bodybuilder, ni même aucun désert à cactus poussiéreux ne viennent à l’esprit à l’écoute de ce premier opus.

Car QAALM a opté pour un Doom Metal aux dimensions colossales. Rien que l’évocation des durées des quatre compositions permet de mesurer… la démesure à l’œuvre sur ce disque. Reflections Doubt, le titre le plus court, ou plutôt le moins long, dépasse les 14’30. Existence Asunder culmine pour sa part à plus de 19’30 (une version fortement réduite à un peu plus de huit minutes figure sur l’album, comme cinquième piste). Entre les deux, Lurking Death dépasse les dix-sept minutes et Cosmic Descent les dix-huit minutes. Voilà la collection de bestiaux !

On se doute que ces dimensions démesurées n’existent pas juste pour faire office de foire aux monstres ; elles ont une vertu, une raison d’être. En premier lieu, l’adoption systématique de tempos lents implique presqu’automatiquement une notion de longueur. En la matière, la lenteur et le caractère inexorablement pesant de la section rythmique évoquent forcément les préceptes fondateurs du Funeral Doom. Référence d’autant plus pertinente que le registre vocal majoritaire s’avère guttural et caverneux.

Cela dit, QAALM ne se laisse pas enfermer dans l’univers souvent unidimensionnel du Funeral Doom. Nous venons d’évoquer les vocaux d’outre-tombe ; il se trouve que les lignes vocales comprennent assez fréquemment des incursions plus aigres, plus haineuses et agressives, évocatrices des pratiques malsaines propres au Black Metal. Plus rarement, on peut entendre quelques plages vocales en registre clair, comme une sorte de tentative – ô combien fugace ! - de rédemption.

Si la section rythmique se montre intraitable dans la pesanteur, il faut nuancer le jugement concernant les guitares. Certes, les riffs massifs et crasseux, entre Doom et Sludge, abondent. Deux paramètres restreignent cependant leur portée. D’une part, la production relativement brute ne permet pas un rendu surpuissant et massif. D’autre part, les guitares s’emploient tout autant à dispenser de longues plages d’arpèges aux mélodies simples, aux motifs lancinants et entêtants. Ce versant essentiellement mélodique formant un contrepoids incontournable aux velléités lourdes et asphyxiantes.

Certes, tout n’est pas abouti ni encore moins parfait sur ce premier opus, mais on ne saurait trop remercier QAALM d’utiliser des recettes bien identifiées… pour mieux tenter de s’en échapper et pour pouvoir développer sa propre version d’un Doom Metal atmosphérique.

Vidéo de la version réduite de Existence Ansuder : cliquez ici
Alain
Date de publication : jeudi 31 mars 2022