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01/05/2022
Light is a barrier
PYRESHIP
 
PYRESHIP est un quintette originaire du Texas, ayant déjà commis un solide premier album en 2017, The Liars Bend Low. Le travail sur son successeur a eu lieu à partir de 2019, le groupe captant son versant instrumental dans une configuration live en studio, les pistes vocales étant enregistrées plus tard. Pandémie de Covid-19 oblige, ce n’est qu’en 2022 que nous découvrons Light Is A Barrier, riche de cinq compositions. Sans même avoir entendu une note de musique, une légère appréhension me tenaille à la lecture de la biographie qui revendique les étiquettes Post Metal et Sludge, rehaussées par une évocation d’une tendance atmosphérique. Pourquoi une telle appréhension ? Parce que, quand on a assisté à la splendide émergence de ces sous-genres, on en vient à redouter une énième redite des contrastées entre plages éthérées et prurits rageurs, des murs rythmiques aussi crasseux qu’épais.

Sans rien renier des influences évoquées ci-avant, PYRESHIP parvient à en livrer une version, non pas facile, mais assurément digeste et expressive. Les durées relativement conséquentes des cinq titres permettent la mise en place d’un jeu de contrastes entre subtilité et puissance brute, de progressions dramatiques maîtrisées. Si le morceau le plus concis ne dépasse que de peu les six minutes (Half Light), Anathema frôle les sept minutes, dominé par Forest Of Spears (7’30) et Broken Spire (8’32) ; le dernier titre, Highborn, culmine royalement à 9’37. On le constate, PYRESHIP s’est ménagé le cadre adéquat pour s’exprimer dans la durée, sans toutefois jamais cédé aux facilités démonstratives ou lénifiantes. Le fait est que, du point de vue de son architecture sonore globale, PYRESHIP refuse les options mur du son, muraille rythmique et éruptions volcaniques. Non pas que le groupe se montre incapable d’assurer sur le plan de la puissance ; seulement, la section rythmique et les deux guitaristes se font fort de préserver une netteté dans les coups portés et une indéniable et appréciable clarté, la prise de son live n’excluant pas un mixage limpide, faisant la part belle aux incises de guitares acerbes, raisonnablement dissonantes, ou plus simplement mélodiques. Un sens mélodique que l’on retrouve à l’œuvre pour accompagner les lentes évolutions rythmiques, le groupe se faisant fort de déployer subtilement des motifs limpides et simplissimes, qui débouchent vers des plateaux plus pesants et arides, quoique non dépourvus d’un certain groove reptilien, avec de constantes évolutions de rythme et de tempo, d’ambiance et de pression.

Là où, sur le premier album, nous avions affaire à quatre types velus, PYRESHIP est dorénavant l’affaire de cinq membres actifs, dont l’impétrante chanteuse Jenny JORDAN, qui assure une prestation impérieuse, dans un registre clair, souvent secondé par ses deux collègues guitaristes. On évite fort heureusement le sempiternel schéma la Belle et la Bête. Dans le cas présent, on assiste plutôt à un entremêlement de vocaux clairs – féminins ou masculins -, parfois plus colériques, sans jamais verser dans la tourmente absolue.

Sans jamais pouvoir prétendre redéfinir quoique ce soit, PYRESHIP livre cependant un album sensible, vibrant, personnel et convaincant.

Vidéo de l’album : cliquez ici
Alain
Date de publication : dimanche 1 mai 2022