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12/06/2022
Minningar úr undirheimum
DRAUGURINN
 
Un projet = une femme. Ou plutôt un fantôme, traduction de draugurinn en finlandais, Dísa étant native d’Islande, installée en Suède. DRAUGURINN est discographiquement actif depuis 2010 et Minningar Úr Undirheimum est tout de même son sixième album. Si à ses débuts notre fantôme avait conservé des instruments et un son saturé typique du Metal extrême, Dísa a rapidement mis en exergue des instruments traditionnels et développé une approche à mi-chemin entre ritualisme et Dark Ambient.

C’est à nouveau le cas sur les trois compositions qui constituent Minningar Úr Undirheimum (souvenirs du monde souterrain). Si le titre de clôture Undirheimum se contente de frôler les sept minutes, les deux autres morceaux imposent des périmètres nettement plus vastes : Minningar ouvre l’album et crève le plafond du quart d’heure, suivi par Ur et ses dix minutes. De tels formats permettent à Dísa d’installer progressivement des ambiances brumeuses, taraudées par de discrets motifs rythmiques répétitifs, dont la répétition et les subtiles variations provoquent un effet fortement hypnotique. Ce rendu fascinant se trouve régulièrement traversé par des bruits disruptifs, qui perturbent en injectant une dimension d’étrangeté, voire de menace. Sauf que rien n’arrête la progression de la transe, qui progresse comme une brume montant des eaux d’un fjord, grimpant les pentes boisées abruptes, s’insinuant inexorablement dans les moindres anfractuosités du terrain.

Ce qui frappe dans le style propre à DRAUGURINN, c’est le souci de privilégier une approche subtile. Vous ne trouverez pas ici de percussions fracassantes, de chœurs grandiloquents. D’ailleurs, le chant n’intervient que ponctuellement, davantage comme un arrangement que comme des lignes de chant s’imposant au premier plan. Non pas que le timbre de voix de Dísa soit inintéressants, au contraire, mais le propos n’est pas de charmer l’auditeur, mais bien plutôt de l’attirer subrepticement dans un univers d’ombres.

Autre élément positif caractérisant DRAUGURINN sur cet album, la cohabitation entre les instruments traditionnels et la dimension électronique se déroule idéalement, l’imbrication reposant sur une parfaite complémentarité, plutôt que sur des contrastes faciles. Encore une fois, les équilibres s’avèrent subtils, avec bien entendu un gros travail sur le son, un mixage minutieux se chargeant de rendre avec précision les détails, sans jamais perdre de vue la sensation d’ensemble. L’auditeur émerge hébété de cette demi-heure d’immersion totale, avec néanmoins l’envie d’y retourner aussitôt.

Vidéo de l’album : cliquez ici
Alain
Date de publication : dimanche 12 juin 2022