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30/07/2022
Hellfire 76
HELLFIRE 76
 
Venus de deux univers distincts, deux membres respectivement de BLOODY HAMMERS (Heavy Rock occulte, déjà six albums au compteur) et de FACE THE WORLD (Métal industriel) décidèrent de combiner leurs énergies pour produire une musique inspirée selon leur propre biographie par KYUSS, CLUTCH et KILLING JOKE. On pourrait se gausser de cette évocation – ou plutôt invocation ! – de telles figures tutélaires, mais on peut en faire un usage plus profitable en vérifiant la véracité et l’adéquation de telles références.

S’agissant d’un EP de six titres (eux-mêmes concis), il faut avouer que HELLFIRE 76 a concentré ses efforts, avec au final un résultat solide et crédible, impactant dans une perspective scénique. Pour en revenir aux références évoquées dans la biographie, HELLFIRE 76 développe un goût certain pour les rythmiques épaisses et rebondies ; pour autant, le duo ne rejoint jamais le goût que cultivait KYUSS pour l’exploration et la divagation, avec un arrière-plan psychédélique. Pour le coup, au rayon des rythmiques bitumineuses, néanmoins animées par une énergie Rock, on opte franchement davantage pour le cousinage avec CLUTCH, formation qui a toujours su évoluer entre épaisseur, mélodie et concision. Avec en prime, ces relents de Blues gras et huileux qui injectent une manière de groove et de sève au sein d’un Métal qui ne devrait pas taire ou méconnaître ses affinités avec le Métal sévère et groovy propre à PANTERA. En revanche, pour ce qui est de KILLING JOKE, combo ô combien britannique, froid, roide et tordu, on relèvera juste quelques vocaux rauques similaires aux intonations de Jaz COLEMAN. Cependant, il paraît ardu de rapprocher le Stoner Métal aux relents bluesy et crasseux du Post Rock possédé et glaçant des Britanniques de KILLING JOKE. Prenons cette référence pour un objectif et une source d’inspiration, plutôt que pour une source artistique avérée.

Ce champ référentiel une fois exploré, HELLFIRE 76 apparaît nettement comme un projet qui plonge un héritage Hard Rock et Southern Rock dans un bain de Métal moderne, ce dernier marqué par un souci d’efficacité rythmique et de puissance plein champ. Il y a là de quoi aborder favorablement le cap primordial du premier album. D’autant plus que HELLFIRE 76 ne se résume pas à un exercice musculeux de Métal teinté de senteurs du sud des États-Unis. Derrière une indéniable robustesse, on entend une faculté à générer des sonorités plus contrastées. Ainsi, The Devil You Know sonne comme un Blues très lourd qui émergerait du bayou et dont le traitement rappellerait les bonnes manières propres à DOWN. Sur le mid-tempo épais et tendu Venom, le groove s’impose comme objectif prioritaire.

Sans autre perspective que de viser à l’efficacité, ce premier EP atteint la cible en distribuant six compositions qui, du point de vue du style, relèvent du Hard Rock le plus basique, et qui, du point de vue de l’interprétation et de la production, incorporent des postures musculeuses, typique du Métal de PANTERA. Dans la perspective d’un premier album, HELLFIRE 76 devra à la fois préserver cette personnalité brute et juteuse, et laisser libre court à des développements plus psychédéliques et contrastés. A suivre…

Vidéo (non officielle) de Lilith : cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 30 juillet 2022