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10/09/2022
Regenerator
KING BUFFALO
 
L’année dernière, à seulement six mois d’intervalle, le trio américain de Heavy Rock psychédélique a publié ses troisième et quatrième albums studio, fort favorablement accueillis dans nos pages, par deux chroniqueurs différents (cliquez ici et cliquez ici). Il n’aura pas fallu attendre trop longtemps avant que le cinquième rejeton, baptisé Regenerator, ne vienne au monde, clôturant ainsi la trilogie en tir groupé annoncée par le groupe.

Là où The Burden Of Restlessness se voulait sombre et agressif et Acheron plus progressif et aventureux, Regenerator affiche une certaine sérénité, parfois proche d’une nonchalance calculée. Assurons d’abord les repères fondamentaux : le trio se plaît à évoluer dans un contexte de Heavy Blues Rock psychédélique qui emprunte l’essentiel de ses références à différents styles apparus dans un espace spatio-temporel, borné entre 1967 et 1975 : Blues Rock, Rock psychédélique, Folk Rock, Rock progressif, Hard Rock, Heavy Rock, Heavy Metal, Space Rock, n’en jetez plus, la coupe est pleine ! N’en concluez pas que Regenerator présente une compilation de compositions dont chacune représenterait l’une des tendances évoquées ci-avant : KING BUFFALO privilégie plutôt l’esprit de synthèse.

Dans le cas présent, le groupe ne retrouve pas tout à fait les formats raisonnables qui prévalaient sur Orion (2016), mais retombe sur l’équilibre propre à Longing To Be The Mountain (2018) et Dead Star (2020). Soit, hormis le bref et fort judicieusement nommé Interlude (un peu moins de trois minutes), quatre compositions affichant des dimensions raisonnablement ramassées (entre plus de de quatre et plus de six minutes, tandis que deux autres – le titre éponyme et Firmament – percent le plafond des neuf minutes. Avec son introduction nerveuse et limpide, tant rythmique que guitaristique, un morceau comme Mercury évoque le U2 entre 1984 et 1987, avec un lest ponctuel de plomb orageux salvateur. Un titre comme Avalon développe une alternance nuancée entre plages ambiancées en mode spatial et arrangements plus lourdement saturés. D’une manière générale, la guitare déploie un jeu plus aéré, plein d’acidité mélodique, plutôt que d’avoir recours à de gros riffs, lesquels n’interviennent que ponctuellement, avec une efficacité et un relief décuplés. Appuyée par une section rythmique tour à tour laconique et tendue par un groove nerveux, la guitare peut tranquillement partir dans de longs solos psychédéliques et bluesy, bourrés d’échos et de notes tenues, dans la tradition des Frank MARINO, Robin TROWER et Steve HILLAGE : voyage au long cours garanti !
Afin d’illustrer la volonté – typiquement progressive –, les morceaux débutent pour la plupart doucement et lentement, pour mieux évoluer, sans breaks brusques, plutôt par ondulations et autres mouvements subtils. Ajoutons que les arrangements de claviers vintage rappellent les débuts du Rock progressif, voire la musique électronique planante des années 70.

Avec un Regenerator moins direct que ses prédécesseurs, KING BUFFALO offre une nouvelle facette du Heavy Rock psychédélique et progressif, moins sombre, moins épaisse, mais fourmillant toujours autant de détails et regorgeant d’émotions non feintes. Après deux ans aussi prolifiques, on est prêt à se montrer patient pour découvrir la suite des explorations sonores de ce trio attachant… surtout si c’est pour atteindre un tel niveau qualitatif !

Vidéo de Mammoth : cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 10 septembre 2022