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11/09/2022
Omen stones
OMEN STONES
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Il aura suffi des accords malsains de l’introduction du morceau d’ouverture pour que mon attention soit happée. Tout de suite après, la furie du titre Purity Jones se déchaîne dans un chaos très proche d’une apocalypse voïvodienne. Une alarme s’allume dans ma tête : cet album promet !
Attention, le terreau sur lequel croît le metal du trio de Richmond (Virginie) n’a rien d’un substrat aseptisé. Le son est crasseux et puissant comme j’aime l’entendre lorsqu’il est question de s’exprimer dans une langue qui emprunte aux dialectes metal, doom, sludge et punk. L’épaisseur du son vient sublimer les sentiments de rage, de dégoût, de haine, de spleen portés par les morceaux. La seconde plage, Skin, est entamée par quelques mesures de la basse rugueuse d’Ed. Puis, de nouveau, un fleuve de lave se déverse par les écouteurs de mon casque. Ce titre est un pilonnage très dense, jusqu’à une excellente jam instrumentale plus calme au cœur du morceau qui, progressivement, retrouvera le niveau d’hostilité du début. Il faut se méfier d’OMEN STONES. Croire que le groupe est simplement bourrin en se référant à l’esthétique générale de deux titres serait une grave erreur. Dans le cas de ce groupe, la fureur et la puissance renferment des niveaux d’expression très subtils. Burn Alive, un doom plus psychédélique, m’a ouvert les yeux sur ce double jeu des apparences. La horde destructrice reprend du service sur Fertile Blight qui dose habilement cavalcade et martelage. Ce titre m’a explosé la tête. L’ambiance alterne entre l’attaque d’un essaim de monstrueux frelons et le piétinement de percherons caparaçonnés. Punaise ! Fresh Hell est le terrain de jeu du batteur ! Erik exécute des patterns de folie et des changements de rythmes de génie. Le pire, c’est que sur ce beat débridé, ses deux acolytes suivent comme un seul homme. Je n’imagine même pas les compétences qu’il faut pour caler un titre de ce niveau d’exigence. Mais vous ne savez pas le plus beau ? Le titre suivant, Secrete, est encore plus démentiel. Non, en réalité c’est tout l’album qui est de cette trempe. Ce trio a un potentiel musical vraiment bluffant. Encore une fois, ne restez pas sur l’impression d’un gros sludge graisseux et épluchez bien les différentes couches - c’est fin, c’est très fin et ça s’écoute sans faim. Moi-même je m’y suis laissé prendre. J’avoue que Sympathy Scars m’avait un peu perdu à la première écoute. Ça démarre par un sympathique riff et puis ça part dans des directions qui m’étaient apparues brouillonnes. En revenant plusieurs fois dessus, j’ai fini par adorer ce titre, notamment parce que sa ligne mélodique sinueuse, sans être conventionnelle n’est pas indéchiffrable. Le morceau de clôture, Black Cloud, est un bon résumé de l’album. L’engin est heavy à souhait, rentre-dedans, porté par une section rythmique exceptionnelle, enluminé d’un magnifique solo de Tommy et d’une architecture surprenante. Mais au fait, premier ou second album ? Petite originalité du groupe, ou plutôt, preuve de son perfectionnisme, l’album (quasiment la même track list mais dans le désordre) a été enregistré une première fois et diffusé sur Bandcamp en avril 2019, puis réenregistré fin 2021 pour une diffusion en août 2022. Les deux versions étant sur Bandcamp, leur écoute en parallèle est un excellent exercice pour appréhender ce qu’un bon mixage peut apporter à une œuvre. Ce second/premier album éponyme d’OMEN STONES est un animal très évolué qui se fait passer pour une bête primitive. Sa domestication n’est pas évidente mais, si vous y parvenez, je pense que vous pourrez jouir d’une fidélité sans faille et de longue durée. Entendons-nous bien, c’est vous qui serez fidèle à l’animal et non l’inverse. *** OMEN STONES est composé de : - Ed FIERRO, basse ; - Tommy HAMILTON, guitare et chant ; - Erik LARSON, batterie. *** Extrait de Omen Stones : - Purity Jones : Cliquez ici ! - Skin : Cliquez ici ! - Black Cloud : Cliquez ici !
Pumpkin-T
Date de publication : dimanche 11 septembre 2022 |