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05/10/2022
Final alarm
THE SHADOW'S GONE OUT
 
Allez, ouvrez votre esprit et vos oreilles, les gens ! Une fois n’est pas coutume, je m’aventure sur les terres étranges d’un duo qui jongle avec de multiples balles… Hop ! Hop ! Tu lances bien haut tes pelotes de synthwave et d’ambient. Une fois synchro, tu rajoutes une boule de post-rock. De plus en plus compliqué, tu fais aussi entrer dans ta jonglerie un cube d’industriel alternatif. Là, c’est chaud patate mais si tu regardes bien tu as obtenu un numéro qui ressemble à THE SHADOW’S GONE OUT et, c’est bien connu : « Quand l’ombre est sortie, dansent les zombies ».

Je me permets d’évoquer les zombies car l’impression globale que je retire de ce petit EP instrumental se situe entre le fantastique sournois, le postapocalyptique inquiétant et le dystopique flippant.

Cette tourangelle et prometteuse expérience est l’œuvre du compositeur Julien NOURTIER qui officiait jusqu’ici principalement en tant que batteur (ex-TWILIGHT MOTION, une sorte de premier jet de l’actuel groupe), et de son complice Anthony ENAULT, émérite testeur de bières et accoucheur de plans de basses qui tuent. Sous la houlette d’un autre Anthony - Anthony MARNAT, habile faiseur de son au Huitisch Mastering - les arrangements sont peaufinés et claquent merveilleusement bien.


Le nom du groupe est un clin d’œil à l’album de BAUHAUS, The Sky’s Gone Out. C’est un peu étrange quand on y pense, « l’ombre est partie », car à l’écoute du EP, j’ai le sentiment qu’il en reste encore un peu, de l’ombre, non ? Les morceaux sont même nimbés d’une obscurité tenace. Aussi, je suppose que l’appellation est un brin ironique.

Julien de s’étonner : « Pourquoi n’y a-t-il que les métalleux qui répondent à mes courriers de promo ? »
Bonne question, je crois avoir deux ou trois éléments de réponse : en plus de l’ambiance dark, les rythmiques échelonnées de tribales à metal, assorties d’une basse bulldozer souvent doom sont enrobées dans d’oppressantes atmosphères et vont bien au-delà des frontières gentillettes de l’electro-rock. Sans doute est-ce ce qui plait aux metalheads.

Zoomons sur les morceaux. Pills, le premier titre (mon préféré) plonge l’auditeur dans l’urgence. Des images s’enchaînent dans ma tête issues d’Equilibrium, Blade Runner, Matrix. Cette musique est très métaphorique, très cinématographique. Sous La Pluie me convie à une fête foraine gâchée par une averse, terrain inquiétant sur lequel il se passe des trucs carrément chelous. Final Alarm est le dernier volet du triptyque. Lui aussi génère une anxiété palpable autour de la sirène qui ne résonnera qu’aux deux tiers du titre. Force est de constater qu’au sein d’un environnement électronique, l’âme humaine est finalement très présente. Je sens ses convulsions via la batterie, son tourment dans les lignes de basses, son expression atone par des fragments de dialogues anonymes glissés dans la mêlée. J’aurais peut-être apprécié des plages un tout petit peu plus longues qui, dans ce genre musical, permettent des montées en puissance plus amples et des paliers hypnotiques plus prenants. D’autant qu’ici, les pièces qui tournent autour de quatre minutes chacune ne sont pas construites sur une progression linéaire mais fonctionnent plutôt comme un déferlement de vagues émotionnelles successives avec plusieurs pics de tension.

En résumé, je trouve Final Alarm addictif, bien produit, vivant et puis il ouvre plein de petites fenêtres dans la tête, c’est comme regarder dans un kaléidoscope gore et en plus il est en vente libre. Profitez !

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THE SHADOW’S GONE OUT est composé de :
- Julien NOURTIER, batterie et machines ;
- Anthony ENAULT, basse.

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Extrait de Final Alarm :
- Pills : Cliquez ici !
- Sous La Pluie : Cliquez ici !

Pumpkin-T
Date de publication : mercredi 5 octobre 2022