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10/11/2022
Le roi soleil
BURN THE SUN
 
Une fois de plus, on peut réaffirmer avec aplomb que les groupes actuels bénéficient de l’héritage du passé, pléthorique et ô combien varié, pour alimenter leur inspiration. Avec sa production percutante et puissante, ce premier album du trio grec BURN THE SUN (après un EP cinq titres, Crack Of Dawn, qui remonte déjà à 2014) se trouve doté de bon nombre d’atouts caractérisant à merveille le Metal moderne : rythmiques trapues, riffs graves et compressés, chant intense, bref une véritable tendance à l’efficacité musculeuse. Un titre bref (moins de trois minutes), énergique, rapide et nerveux comme Fool’s Gold fait même office de démonstration Punk Rock, inspirée du Hardcore mélodique des années 90, c’est dire !

Il faut persévérer dans l’écoute pour percer, puis nuancer cette impression première, et constater la multiplicité des influences du groupe. Notons tout d’abord que cette section rythmique semble à de multiples reprises convenir qu’il faut savoir s’apaiser, voire se fragmenter en séquences multiples et successives. Une véritable logique progressive en somme. Laquelle, combinée à l’épaisseur ambiante, permet d’évoquer des formations comme OPETH et MASTODON qui, à partir de fondamentaux respectivement Death Metal et Sludge Metal, ont su complexifier, diversifier et dramatiser leurs répertoires respectifs. Dans l’esprit, plus que dans la stricte comparaison, BURN THE SUN adopte une démarche exploratrice et évolutive, combinant complexité, souci de l’impact méchant et subtilité mélodique.

Par moments, les guitares introduisent d’autres saveurs délicieuses, plus Bluesy, plus acides, comme de presque réminiscences du Rock psychédélique. Le chant nerveux, dans un registre médium, sait faire montre de versatilité et de sensibilité, entre fragilité et chaleur, évoquant le Grunge des années 90 : ALICE IN CHAINS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, autant de groupes recelant des chanteurs tout autant puissants que sensibles. Ces résurgences du Grunge amènent inévitablement à la surface une partie du legs foisonnant de la décennie quintessentielle 1965-1975 : le Rock psychédélique, le Hard Rock naissant, LED ZEPPELIN en tête, le Rock progressif (hormis ses dérives technicistes et démonstratives superfétatoires). Cette dernière influence s’avère notamment palpable dans les deux morceaux qui dérogent à la règle des morceaux brefs, dominante sur cet album. Ainsi, Severance (9’32) et Torch The Skies (12’19) s’imposent comme de pures fenêtres d’activation de l’ascenseur émotionnelle, passant de la plus pure des douceurs, de la plus fine des intimités, à de parfaites explosions montées en puissance brute. Au final, ces deux compositions font office de stands imposants de démonstration pour le trio.

Cela dit, des titres plus concis réservent leur lot de surprises. Ainsi, A Fist For Crows (un peu moins de six minutes) propose une première moitié lourde sur le plan instrumental, plus aérée sur le plan vocal, avant de passer par une séquence centrale infusée dans le Blues psychédélique, le final fusionnant à merveille les deux univers.

La durée de vie du groupe implique de facto un savoir-faire indéniable, quand bien même il faudra au groupe mieux sculpter son identité, afin de ne pas donner l’impression de proposer un catalogue d’influences prestigieuses et bien assimilées. Même si tout n’est pas ici pleinement abouti, Le roi soleil installe BURN THE SUN dans la catégorie des groupes ambitieux, encore en devenir.

Pour prendre la pleine mesure de l’ambition de BURN THE SUN, dégustez cette imposante merveille qu’est Torch The Skies : cliquez ici
Alain
Date de publication : jeudi 10 novembre 2022