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20/02/2023
Onward strides colossus
MERLOCK
 
Formé en 2017 dans l’Etat de Washington, le trio MERLOCK a déjà confidentiellement publié deux EP et, en 2021, un premier album intitulé You Cannot Be Saved. Cela dit, ma première rencontre avec ce groupe se fait à l’occasion de la parution de ce second album autoproduit, Onward Strides Colossus. Cette première rencontre s’avère particulièrement agitée, tant le style développé par MERLOCK s’avère intransigeant et totalement en dehors des codes communément admis de nos jours (n’y voyez surtout pas un motif de critique, au contraire !).

MERLOCK se trouve parfois hâtivement qualifié de Stoner, ce qui n’est ni déshonorant, ni totalement faux. En effet, le trio n’aime rien tant que les rythmiques épaisses et trapues et les ambiances planantes et étirées. Pour autant, on me permettra de pousser le groupe dans la catégorie Sludge Metal, de par son goût pour les riffs crasseux, les lignes de basse épaisses et les vocaux écorchés et caverneux (parfois clairs et maladifs, ce qui n’arrange rien !). Car oui, il règne sur cet album une ambiance franchement sauvage et malsaine : tout ceci respire la paranoïa et la schizophrénie !

Fort heureusement, MERLOCK ne se contente ni de l’épaisseur, ni de la lenteur (il y a même quelques accélérations franches, comme sur le fougueux Behold ! The Sword Of Lock). En effet, MERLOCK se distingue de la masse des formations Sludge par deux biais : des structures relativement complexes et un goût très prononcé pour un certain psychédélisme.

Débutons par le versant structurel des compositions. Si l’album se trouve équitablement réparti entre les titres relativement concis (trois morceaux entre plus de trois et moins de six minutes) et les formats nettement plus ambitieux (Where No Goes à 7’44, Sunnbarren à 9’18, point culminant avec le titre éponyme dépassant de peu les dix minutes). Dans les deux cas de figure, le trio se fait fort de multiplier les séquences au sein d’une même composition. Variant les ambiances, les rythmes, les tempos, MERLOCK s’apparente au BLACK SABBATH des origines (notamment celui de Sabbath Bloody Sabbath) et entretient en permanence une tension dramatique efficace, condensée dans les formats les plus ramassés, en plein essor dans les dimensions plus spacieuses.

Abordons désormais l’aspect psychédélique. On ne parle pas ici d’un psychédélisme positif et lumineux, mais plutôt d’une perturbation brutale et profonde des perceptions sensorielles. Ainsi, se multiplient les plages étirées, riches en mélodies troubles, rarement parfaitement apaisées. Dans ces moments, les solos de guitare saturés et concis émergent bénéfiquement du magma rythmique.

Au total, MERLOCK s’annonce comme un groupe globalement impérieux, néanmoins divers dans ses modalités d’expression. Intéressant, pour le moins.

Vidéo de Where No One Goes : cliquez ici
Alain
Date de publication : lundi 20 février 2023