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10/03/2023
Pyramids, stars & other stories: the tangent live recordings 2004-2017
THE TANGENT
 
THE TANGENT pratique un Rock progressif exigeant, à la fois virtuose et chromé, souvent teinté d’empreintes Jazz Rock. Dans ses albums studio, le groupe anglo-suédois peaufine un son moelleux, lequel contrebalance les angles rythmiques et les déambulations structurelles ardues. Notre site a déjà rendu compte de deux albums studio, sur un total de douze albums studio, à savoir Down and Out In Paris And London en 2009 (cliquez ici) et le petit dernier en date, Songs From The Hard Shoulder, paru en 2022 (cliquez ici). Restait à affronter le rendu live du groupe. Or, THE TANGENT s’est d’ores et déjà fendu de quatre albums live, dont le premier s’intitulait Pyramids And Stars, paru en 2005. Pyramids, Stars & Other Stories: The Tangent Live Recordings 2004-2017 constitue une version largement augmentée de ce dernier opus, puisque son nombre de pistes double tout simplement, avec quatre morceaux enregistrés en 2012 et trois autres en 2017. Copieux menu (deux heures et vingt-trois minutes de musique !) donc, rendant finalement compte de trois périodes différentes de ce projet.


Pour mémoire, les sept titres figurant à l’origine sur Pyramids And Stars proviennent des deux premiers albums du groupe, The Music That Died Alone (2003) et The World That We Drive Through 2004). Le line-up sur la tournée de 2004 comportait, outre le claviériste et chanteur Andy TILLISON, pas moins de trois membres du mythique groupe suédois de Prog THE FLOWER KINGS : Roine STOLT à la guitare, Jonas REINGOLD à la basse et Zoltan CSÖRSZ à la batterie, avec en sus le claviériste Sam BAINE. Les titres ultérieurs présentent une formation remaniée : Luke MACHIN (guitare et chant), Steve ROBERTS ou Tony LATHAM (batterie), Dan MASH (basse). Dans tous les cas de figure, l’interprétation instrumentale s’avère de haute volée, susceptible d’attirer les nostalgiques du Jazz Rock et de la scène de Canterbury. Une question me vient cependant à l’esprit : qu’apportent réellement ces versions scéniques, si ce n’est que les musiciens successifs ont toujours possédé un bagage technique tellement élevé qu’ils pouvaient sans souci reproduire les versions studio. A ceci près que la mise en son s’avère bien moins luxueuse, avec notamment un son trop sec en ce qui concerne les sept morceaux de l’album originel. On ne peut s’empêcher de regretter le moelleux de leurs pendants captés en studio.

Mais il existe un critère autrement plus rédhibitoire, à savoir le chant. Andy TILLISON ne saurait être contesté quant à ses qualités de claviériste. Cependant, si ses prestations vocales peuvent être particulièrement soignées et travaillées en studio, elles sonnent ici trop limitées, parfois à la limite de la justesse, un comble pour un genre qui a érigé l’excellence en maître-étalon ! Que cette édition copieusement augmentée représente un Graal pour les fans du groupe, je peux aisément le comprendre. Par contre, je conseillerai nettement aux impétrants de se pencher avant tout sur l’impeccable discographie studio de THE TANGENT, plus travaillée, plus parfaite, plus profonde. Que l’on se comprenne bien, THE TANGENT capté sur scène, c’est l’assurance d’entendre des instrumentistes émérites, virtuoses, parfaitement en place, restituant pointilleusement les versions studio. De ce point de vue, les performances sont intenses et bluffantes, correspondant parfaitement aux standards ô combien exigeants inhérents au répertoire développé par le groupe.

Cependant, peut-être manque-t-il parfois un soupçon d’audace, de lâcher prise, qui ferait que les versions live apportent une réelle plus-value. Mais surtout, là où les albums studio de THE TANGENT se caractérisent par un son rutilant et précis, on évolue ici dans un rendu plus sec, peut-être plus tranchant, mais aussi moins luxuriant. C’est particulièrement valable pour les sept pistes qui constituaient Pyramids And Stars, qui sonnent à mon sens de manière trop étriquée.

Par ailleurs, un élément demeure problématique tout du long : le chant. Pour chanter du Rock progressif, il n’est certes pas indispensable d’être capable de monter dans les aigus, à l’instar de Jon ANDERSON dans les années 70, ni même d’impulser des intonations passionnées, comme le fit Peter GABRIEL avec GENESIS. Sur les disques studio, on sent bien que le chant ne possède ni la technicité ébouriffante, ni l’expressivité foisonnante des parties instrumentales ; mais les lignes de chant sont travaillées et peuvent donner lieu à de judicieux arrangements harmoniques. Dans un contexte scénique, on se retrouve avec ce même chant clair, dépouillé de ses atours soignés, manquant de puissance et, nettement plus grave, de justesse par moments.

Au final, voilà une édition augmentée qui s’adresse avant tout aux aficionados ultime de THE TANGENT, lesquels auront à cœur de découvrir les versions scéniques de sept titres qui ne figuraient pas sur Pyramids And Stars. Pour ma part, j’attends avec impatience le prochain album studio…

Vidéo de A Crisis In Mid Life : cliquez ici
Alain
Date de publication : vendredi 10 mars 2023