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06/04/2023
Quasar of love
PERFECTO
 
Quand tu t’appelles Bobby, que t’es un authentique crooner du 31ème siècle dont le répertoire est construit sur l’Amour avec un grand A et que tu t’aperçois que la société a fait table rase de ce qui anime tes textes, la dépression te tombe dessus et c’est compréhensible. Has been et honteux, tu n’as plus qu’à te retirer du game et te faire gentiment oublier. Tel est le concept de Quasar Of Love, le premier album pétillant d’intelligence que signe PERFECTO pour le label MusicÖ_Eye. Rassurez-vous, Bobby ne s’avouera pas si facilement vaincu et s’engagera corps et âme dans une quête acharnée de l’Amour véritable.

Le projet que nous ont concocté les cinq pirates de PERFECTO, issus de formations aussi solides et reconnues que BUKOWSKI, ENHANCER, GOGOL PREMIER, ou JIM MURPLE MEMORIAL, sonne comme un hommage à leurs influences rock des années soixante à nos jours. Je constate que les 37 minutes défilent sans le moindre blanc et que la musique passe avec souplesse d’un riff rock, à un couplet soul, d’un refrain pop à un pont prog. Les références fleurissent comme si chaque titre, chaque passage était extrait d’un standard que vous avez toujours connu.
Cela me rappelle la récente expérience de THE LANCASTERS avec leur excellent Standard Family Size (chroniqué ici) focalisé sur le rock anglais de 69 à 71. Sauf que dans le cas de PERFECTO le spectre est plus large, tant temporellement que stylistiquement.

Tiens, à propos de style - quelle étrange pochette ! Je croirais à un mix entre la couverture d’un roman de la collection Présence du Futur de chez Denoël (Regarde ici) et un album de stoner de TITANOSAUR (Regarde là). Le travail de Zariel interpelle, ce qui est une des fonctions de la pochette. Ceci étant dit - futurisme et romantisme exacerbé - les thèmes du concept album sont présents.

Autre habillage mais immatériel celui-ci, un petit mot à propos de l’esthétique du son qui bénéficie, d’arrangements, d’un mixage et d’un mastering de haute volée grâce à la collaboration du groupe avec Vincent THERMIDOR (Studio de la Tour Fine) et Raphaël JONIN (Studio J. Raph Ing). Tout en étant largement ouvert, l’espace sonore fait dans la dentelle question résolution. Les attaques de cordes, les lignes de basses, les percussions, le chant, les chœurs : tout est limpide.

Vu l’heure, je ne vais pas vraiment me lancer dans une review titre-à-titre, voici toutefois quelques points qui méritent d’être mis en exergue :

Je souligne tout d’abord deux temps-clefs symboliques : après une intro journalistique qui campe le contexte, le premier instrument à parler (et il ne sera pas près de se taire) c’est une guitare très électrique façon, « on est là pour faire du rock, ok ? ». Et l’autre point clef, c’est le final de l’album avec un savoureux emphase dramatique et un vers de clôture qui constitue une vraie chute à l’histoire. (Non, je ne spoilerai pas !)

Entre les deux, tellement de choses se passent, à commencer par Solution, le gros rock d’ouverture. Cet album est-il construit comme un épisode de Columbo, commençant par vous donner la solution et vous permettant d’apprendre dans le déroulé, la manière d’y arriver ? Pas sûr du tout car si la solution est l’amour, le titre originel s’achève par un point d’interrogation et nous avons donc affaire à une hypothèse à valider plutôt qu’à une réponse. Quoiqu’il en soit, ce titre est une petite merveille construite en plusieurs phases dont un excellent temps calme et inquiétant qui fait chavirer l’ambiance à la cinquième minute.

Pour ceux qui me connaissent, vous savez que je ne peux rester insensible à la tendance psychédélique de ce court Illusions qui introduit Love’n Run, une magnifique pièce rock susceptible de réconcilier les fans des BEATLES avec ceux des ROLLING STONES.

Encore une pépite ! Little Man… impossible de passer à côté de ce slow rock très typé 60s avec sa guitare rythmique hyper crue, sur lequel le chant est simplement bluffant et où les kilos d’âme se ramassent à la fourche. Sans exagérer, c’est aussi chaud et sensible que du Otis REDDING.

Enfin, il y a cet improbable articulation finale entre la mystérieuse et savoureuse ambiance d’Anywhere but Here et le punchy Try To Fly. Quelle maitrise de la dramatique ! Ce dernier titre possède une architecture géniale, démarrant avec hargne, basculant dans un romantisme profond et s’achevant par… ah ben non, ça, j’en ai déjà parlé et non, je ne spoilerai toujours pas.

Pour tout amateur de rock robuste et de mélodies mémorables, Quasar Of Love se consomme comme une friandise. Cet album coche toutes les cases de ma matrice mentale d’évaluation et si le challenge était de rendre un hommage au rock intemporel, PERFECTO l’a relevé haut la main.

***


PERFECTO est composé de :
- Toni RIZZOTTI, chant, claviers, machines ;
- Miguel NOVAIS, guitare, choeurs ;
- Mathieu DOTTEL, guitare, choeurs ;
- Jui GEBENTHOLTZ, basse, contrebasse ;
- Romain SAUVAGEON, batterie.

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Extrait de Quasar Of Love :
- Try To Fly : Cliquez ici !
Pumpkin-T
Date de publication : jeudi 6 avril 2023