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29/06/2023
Fables of the damned
WIZARD TATTOO
 
Après un premier EP quatre titre paru à l’été 2022, le projet du multi-instrumentiste Bram the Bard livre son premier album, Fables Of The Damned, constitué de sept compositions et, surtout, fort riche en influences fort diverses, savamment agencées au sein d’un Metal aussi difficile à cerner définitivement qu’aisé à ressentir. Après un nombre d’écoutes conséquent, il faut bien admettre qu’il s’avère stérile de tenter de cantonner WIZARD TATTOO à un genre, ni même à un sous-genre ; de fait, pour apprécier cet album, il faut accepter de larguer les amarres et de se laisser ballotter au gré des humeurs contrastées, à l’œuvre en permanence, assurant une perpétuelle et saine animation tant rythmique que dramatique.

S’il fallait livrer des repères compréhensibles par tous et par toutes, nous pourrions convenir que WIZARD TATTOO s’inscrit dans le large spectre du Metal épais et lourd. Lenteur et épaisseur convoquent forcément le Doom Metal (plutôt dans son acception classique qu’épique). Cependant, le rendu grondant et crade de certains riffs et des rythmiques, ainsi que des vocaux, ponctuellement rauques et agressifs, évoquent à titre complémentaire des tendances Sludge. Ajoutez des touches de psychédélisme à des rythmiques ventrues, animées par des grooves massifs, vous ne manquerez pas de tomber sur une part identitaire relevant du Stoner Metal. En somme, quand il s’agit de débiter des troncs en dandinant des hanches, WIZARD TATTOO prend sans souci son ticket, en jouant des coudes dans la file d’attente

Mais, par-delà ce syncrétisme ès Metal lourd, parfaitement maîtrisé et assumé, l’intérêt suprême de WIZARD TATTO réside dans sa capacité à intégrer intelligemment des éléments qui ne relèvent en rien de l’univers du Metal. Rien qu’en ce qui concerne les arrangements de claviers – parfaitement intégrés au puissant substrat Metal -, vous savourerez des sonorités vintage 70’s qui, couplées avec des changements de rythme, de thèmes et d’ambiances, convoque un imaginaire psychédélique et progressif florissant. Toujours au rayon claviers, appréciez les textures plus sèches et tranchantes, typiques des années 80, lesquelles viennent rehausser des tendances typiques du Rock gothique : rythmes binaires, voix grave, riffs secs, ambiances sépulcrales.

Occasionnellement, WIZARD TATTOO se dévoile complètement, notamment sur l’envoûtant morceau acoustique Any Wich Way But Tuned, apparemment dépouillé dans sa structure de base, mais magnifiquement et scrupuleusement arrangé (violoncelle, violon, cloches, guitares acoustiques…), le chant clair, grave et lapidaire renvoyant derechef au Rock gothique, à l’Americana, un peu comme si Ian CURTIS (JOY DIVISION), Robert SMITH (THE CURE), Steve Von TILL (NEUROSIS), Townes Van ZANDT et Steve EARLE avaient trouvé moyen de sceller un pacte puissant et sombre. Magnifique !

Sous des dehors a priori costauds et massifs, Fables Of The Damned lézarde son Rock ravageur et lourd de veines psychédéliques, de moments délicats et subtils. Chacune des sept compositions comportent au moins un, si ce n’est plusieurs, plan mélodique ou rythmique efficace, accrocheur ou charmeur ; les écoutes successives révèlent toujours plus les charmes troubles de WIZARD TATTOO. Pour ma part, j’ai illico commandé l’album et le premier EP, histoire de faire bonne figure !

Vidéos de The Black Mountain Pass cliquez ici et de Wizard Van cliquez ici.
Alain
Date de publication : jeudi 29 juin 2023