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24/07/2023
Part. 2 - breach
CAVERN DEEP
 
Mi-2021, CAVERN DEEP sortait son premier album. (Lire ici.) À mon sens, il s’agit d’un de ces album qui fait date et servira de référence dans l’histoire du Doom Metal. Ce concept album nous plongeait dans un drame lovecraftien au cours duquel succombaient tous les membres d’une équipe d’archéologues explorant la cité souterraine d’une antique civilisation. Tous, sauf un.
Fin 2022, sortait le single The Attuning (avec Thomas V JÄGER de MONOLORD). Ce morceau - inclus en bonus du second album - est la charnière entre les deux œuvres. L’archéologue survivant meurt, son âme fusionne avec un esprit impie et, dans un tourbillon surnaturel, corps et âmes se recombinent en… autre chose.
Mi-2023, le concept est repris et se développe dans Part. II - Breach avec la même lenteur des tempos, le même psychédélisme sombre, la même ambiance enveloppante créée par un son extraordinairement spatialisé. Cette fois-ci l’histoire est beaucoup plus ésotérique et intérieure que la simple visite de la cité des Anciens.

Breach va plus loin ou, devrais-je dire, s’enfonce plus profondément encore dans l’univers unique du trio suédois. Sur tous les titres, les riffs doom sont écrasants, abyssaux, ou font preuve d’une tenace détermination. Le génie de CAVERN DEEP est de maintenir cette base hypnotique et groovy dans la plus grande précarité. En effet, aussi imposant soit-il, un riff est toujours susceptible de se voir habillé d’une mélodie vocale qui ouvre l’espace (Breach, Primordial Basin), de se voir supplanté par un solo de guitare lumineux (A World Bereaved), ou de se voir délité par une hallucinante jam psychédélique (Skeletal Wastes).

CAVERN DEEP se démarque de la concurrence doomesque par un soin prodigieux apporté aux arrangements des voix. Comme je l’ai déjà évoqué, les lignes mélodiques du chant sont remarquables : lisibles et résolues. De surcroît, elles abritent de vraies surprises, qu’il s’agisse de la prestation éthérée et angélique de leur invitée, Susie McMULLAN (chanteuse de BRUME) sur Primordial Basin et The Pulse, ou bien de ce chant doublé à deux ou trois octaves en-dessous, dans Skeletal Wastes, par une voix dont la dynamique vibratoire flirte avec un effet didgeridoo et se fond avec le crépitement des cordes. Quel effet !

Il existe chez CAVERN DEEP un état de conscience supérieur qui lui permet, me semble-t-il, de prendre un très grand recul sur sa production. Sinon, comment expliquer la justesse de ses choix artistiques ? Je pense à la faculté d’équilibrer les phases lourdes, calmes, ou tempétueuses des morceaux. Je pense aussi à la capacité d’alterner sans créer de « trous » sonores, des passages à l’instrumentation massive avec d’autres tout à fait minimalistes. Je pense encore à la juste répartition des quatre chanteurs, la bonne voix au bon moment. Ecoutez par exemple Sea Of Rust. N’êtes vous pas frappé par cette cohérence sonore dans un environnement aussi mobile que la surface de l’eau ?

Thomas, Susie et enfin Johannes BEHNDIG (clavier de SARCOPHAGUS NOW) - CAVERN DEEP a l’intelligence d’inviter des artistes, non pas à des fins promotionnelles mais bien pour ce qu’ils sont capables d’apporter à l’œuvre à un moment donné, dans un contexte donné. En effet, j’ai des frissons en repensant à la voix de Susie, notamment lorsqu’elle se combine aux envolées de guitares à la fin de Primordial Basin. De même, la voix de Thomas est totalement à sa place sur The Attuning. Quant aux claviers de Johannes dans la seconde partie de Skeletal Wastes, c’est un des grands moments de l’album.

Ne chipotons pas sur les termes, Breach est un album incontournable de Doom Metal pour plusieurs raisons : tout d’abord, parce que justement il transcende le doom metal en le conduisant vers de nouvelles terres parfois teintées de post-metal, de psychédélisme, de prog. Ensuite, parce que sans perdre son identité, ni sa limpidité, CAVERN DEEP a légèrement complexifié son approche. Enfin, parce qu’il y a une vraie histoire et qu’elle forme un tout cohérent avec la musique et l’esthétique graphique.

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CAVERN DEEP est composé de :
- Kenny-Oswald DUVFENBERG : guitare, chant (baryton) ;
- Max MALMER : basse, chant (basse) ;
- Dennis SJÖDIN : batterie, chœurs.

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Extraits de Part. II - Breach :
- Breach : Cliquez ici
- Primordial Basin : Cliquez ici
- Skeletal Wastes : Cliquez ici
Pumpkin-T
Date de publication : lundi 24 juillet 2023