Le second album d’OSTROGOTH, Too Hot (cliquez ici), n’ayant pas permis au groupe de franchir un palier, le groupe enregistre des défections cruciales, puisque ne demeurent présents que le guitariste Rudy VERCRUYSSE (décédé en 2015, paix à son âme) et le batteur Mario PAUWELS. En vue d’enregistrer un troisième album, le tandem rescapé se fait fort de l’embauche d’un second guitariste (Juno MARTINS), d’un bassiste (Pierre VILLAFRANCA), d’un chanteur (Peter De WINT) et même un claviériste (Kriss TAERWE). Autre défi : faire face à la faillite de l’étable nourricière, Mausoleum records, dont le patron se fait fort d’accueillir le groupe dans sa nouvelle écurie, Ultraprime records. Même si les fans ultimes cultiveront encore et toujours leur attachement viscéral au premier album, Ecstasy And Danger (cliquez ici), force est d’admettre que ce méconnu Feelings Of Fury demeure l’œuvre la plus aboutie de la discographie initiale du groupe (reformé au 21ème siècle, après une séparation en 1988).

Fans de JUDAS PRIEST, ACCEPT et SAXON, vous pouvez sans barguigner découvrir ou redécouvrir cet opus fier en gueule, regorgeant de de rythmiques carrées, de riffs tranchants, de solos incisifs et mélodiques, de plans de guitares jumelles, et de mélodies mordantes, tant instrumentales que vocales. D’ailleurs, sur ce dernier plan, on ne peut que saluer l’abattage de Peter De WINT, vocaliste au registre médium, tirant parfois Impeccablement vers les aigus, capable de se montrer fort teigneux et incisif, le tout avec une parfaite maîtrise de la puissance et des variations.
Bref, on assiste à une véritable démonstration de Heavy Metal européen, efficace, parfaitement maîtrisé, singulièrement accrocheur sur les plans rythmique et mélodique. Voilà un album à réhabiliter impérativement, pour tout fan de Heavy Metal classique.

Reste qu’en 1987, un album de pur Heavy Metal, si rutilant et percutant soit-il, risquait peu de percer, la frange la plus extrême du public Metal s’étant porté vers le Speed, le Thrash et le Crossover. Les plus modérés succombaient à DOKKEN, version américaine, les maîtres se faisant sensiblement plus policés (JUDAS PRIEST et son Turbo, ACCEPT et son Russian Roulette, IRON MAIDEN et son Somewhere In Time). En l’occurrence, on constate certes qu’OSTROGOTH a appris à détourer fort efficacement ses motifs rythmiques et mélodiques, sans pour autant verser dans on ne sait quelle venelle putassière. L’équilibre entre dureté et attractivité se trouve ici magnifiquement atteint et préservé, aidé par une prise de son et un mixage pertinents au possible.

Ultime album de la période initiale, Feelings Of Fury était un bel album au moment de sa sortie, quoiqu’en dehors des vagues porteuses, et demeure encore aujourd’hui un fort appréciable opus de Heavy Metal typique des années 80. A déguster comme tel par tous les gens de bon goût.

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Alain
Date de publication : mercredi 27 décembre 2023