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25/02/2024
Funeral for a king
STYGIAN CROWN
 
Avant de traiter le cas de ce second album du quintette californien STYGIAN CROWN, il n’est pas inutile de rappeler l’accueil très positif que nous avions réservé au premier opus du groupe, paru en 2020 (cliquez ici). Loin de décevoir, le groupe reconduit avec assurance et brio sa recette d’un Heavy Doom Metal, taraudé par un goût pour des rythmiques épaisses et âpres, héritières du Death Metal à la BOLT THROWER, avec désormais un équilibre à 60% pour un Doom clair, épique et massif à la CANDLEMASS, 5% étant indirectement dévolu au Death Metal via une section rythmique à la fois pesante et très mobile, combinée à des riffs particulièrement bitumineux. Pour accréditer le versant extrême, signalons que le CV du batteur Rhett A . DAVIS comporte des participations passées flatteuses à CRIMSON RELIC et MORGION, en plus d’œuvrer au coté de son collègue guitariste au sein du combo Black Death GRAVEHILL. Les deux complices œuvrant de surcroît en configuration live au sein de DIVINE EVE, en compagnie du bassiste Eric BRYAN (par ailleurs ex-ABATTOIR). Le second guitariste, Andy HICKS, pratique le Black Thrash au sein des confidentiels MORBID ECLIPSE. On comprend aisément que les quatre instrumentistes de STYGIAN CROWN possèdent une longue expérience du Metal extrême et l’on est autorisé à penser qu’ils s’octroient une récréation fructueuse via STYGIAN CROWN, non sans importer une certaine âpreté et une certaine hostilité dans les riffs.

Fans d’arithmétique que vous êtes, vous aurez relevé que l’addition n’atteint pas le score maximal, et c’est heureux. Car les éléments identitaires restants permettent à STYGIAN CROWN d’imposer une identité distinctive précieuse. En premier lieu, les deux guitaristes s’autorisent ponctuellement des plans gémellaires acérés et mélodiques, évocateurs d’IRON MAIDEN, les solos relevant quant à eux d’une marque plus torturée et épaisse. Ajoutons 5% salutaires et lumineux.

Restent 30% à combler sur le plan stylistique. Afin de gager 10%, quoi de mieux que des adjonctions instrumentales, situées hors de l’univers parfois trop restrictif et codifié du Metal. A savoir les cordes nerveuses de l’instrumental Let Thy Snares Be Planted (augmentées de chœurs impérieux) et prolongés en introduction du mid-tempo musculeux The Bargain. Mais encore plus évident la magnifique conjugaison de piano et de cordes de Blood Red Eyed, formidable écrin de la prestation, quoique parfaitement nuancée, de la chanteuse Melissa PINION.

Au moins autant que ce substrat instrumental épais et ô combien intense, le chant assuré par Melissa s’impose de manière impérative – à hauteur de 20% - comme le second vecteur identitaire fondamental de STYGIAN CROWN. Loin des pénibles vocalises néo-classiques ou des prestations rauques à contre-emploi, Melissa PINION impose son registre médium, tendance grave, avec une capacité à moduler vers des hauteurs relatives. Cette combinaison rare de puissance, d’expressivité et d’élasticité anime de part en part cet album, ridiculisant nombre de consœurs et de confrères se frottant au registre du Doom Metal épique.

Bien qu’ayant une pleine conscience de l’afflux des disques indispensables d’une part, des tensions sur le pouvoir d’achat d’autre part, je me permets de signaler tout particulièrement ce second album de STYGIAN CROWN, magnifique et vivace incarnation d’un Heavy Doom Metal brillant de puissance et reluisant d’inserts mélodiques. Ce que STYGIAN CROWN ne peut prétendre atteindre en personnalité, encore moins en innovation, le groupe le compense aisément en savoir-faire, en ferveur et en inspiration, délivrant un des premiers albums indispensables de ce début d’année.

Vidéo de The Bargain cliquez ici, Bushido cliquez ici et Funeral For A King cliquez ici
Alain
Date de publication : dimanche 25 février 2024