18 / 20
19/03/2024
All is dust
KARKARA
 
Voilà du pur stoner psychédélique, empli de guitares acides torturées à la wah-wah et au fuzz, supporté par de superbes lignes de basses presque en avant-plan, charpenté par une batterie agile, enjolivé de nappes et bourdons synthétiques et teinté par des gammes qui semblent piocher dans le raga de la musique indienne.

Le trio toulousain KARKARA nous délivre All Is Dust, un troisième album dans la lignée de ses deux premiers exploits, le didgeridoo de Karim en moins mais avec des cuivres en plus, inclus de manière intelligente dans les nouvelles compositions.

Une voix chaude et grave pose le décor postapocalyptique par un discours introductif sur des bourdonnements de synthé avant que le riff et la rythmique ne s’imposent. La ligne de basse fait mon bonheur. Le son mériterait plus de dynamique et de clarté mais il est honnête et équilibré. Les cinq dernières minutes du morceau de 9 minutes prennent la forme d’une jam sans répit. Monoliths est un excellent titre d’ouverture !
The Chase prend le relais. Le tempo reste dans l’urgence, la rythmique est acérée, la voix filtrée se lamente en second plan. Une rupture zarbi casse la course à la quatrième minute et les hurlements de guitare viendront affronter les plaintes d’un saxo dans un corps à corps organique.
Toujours pas la moindre trêve et On Edge se relève des cendres du précédent morceau, plus lourd, plus pesant, plus noir. Là encore un final instrumental jouissif se déroule et débouche sur le retour de la voix d’introduction, dans un terrain de ruines.

La face B s’ouvre sur une guitare pleine d’échos dans des vibrations empruntant au sitar. L’atmosphère se charge de vapeurs d’encens et de psychédélisme hindoue, je me croirais flotter dans Find The Others de SHIVA THE DESTRUCTOR (Lire ici.) le pied ! Et dans The Moonshiner, les paroles multicolores suivent ton ascension. Paix et félicité, brother !
Ce titre est articulé au suivant, Anthropia. Le morceau conserve la même ambiance et l’électrise, la muscle, sort de la méditation pour se rapprocher de la trance. Exotique et puissant, hypnotique et vivant : mon titre préféré de l’album jusque-là. Mais...
Mine de rien me voici arrivé au final et je n’ai pas vu le temps passer. All Is Dust court toujours la même course mais gratte encore un palier dans la puissance. La voix finit par s’abîmer dans un screaming saturé. Là-dessus déboule de l’espace un inattendu solo de trompette. Waouh ! Je n’ai pas tout compris mais ça colle parfaitement. La folie est totale et j’adore ! Pourtant, deux minutes avant la fin l’ambiance plonge dans un doom bourdonnant. Notre narrateur revient conclure à la manière d’un chœur antique. Je ne vais pas spoiler ses derniers mots, mais le titre de la chanson vous donne une piste sérieuse.

KARKARA nous offre ici un concept album construit et pensé sur la durée, bien loin d’un simple chapelet de titres. Une première face plus secouée ou pesante – un brin plus stoner dirais-je – suivi d’une seconde face tout simplement fascinante du début à la fin. Bref, All is Dust est un très, très, bon album que je ne saurais trop recommander.

***


KARKARA est composé de :
- Karim RIHANI, guitare et chant ;
- Maxime MAROUANI, batterie et chant ;
- Hugo OLIVE, basse et synthés.

Et en invités sur l’album :
- Jérôme BIEVELOT, saxophone sur The Chase ;
- Simon BARRIERE, trompette sur All Is Dust ;
- Olivier CUSSAC, Synthés.

***


Discographie :

- 2019 : Crystal Gazer - (LP) ;
- 2020 : Nowhere Land - (LP) ;
- 2040 : All Is Dust - (LP).

***


Extrait de All Is Dust :
- Anthropia : Cliquez ici !
Pumpkin-T
Date de publication : mardi 19 mars 2024