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Poésie lugubre pour une triste humanité
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Novembre 2020… il y a donc quatre ans, sortait Mon Cadavre, premier single destiné à hanter Éclipse Anthropocène, le nouvel album de HANIBAL DEATH MACHINE (que j’appellerai HDM pour d’évidentes raisons écologiques d’économie d’énergie). Ce single n’est pas anodin puisqu’il marque pour le groupe un point de bascule entre son initiale dominante Metal Indus (fonctionnant jusque-là assez strictement en séquences mécaniques) et une écriture musicale plus souple, moins froide mais largement aussi sombre, que HDM qualifie de Dark Metal. J’adopte volontiers ce terme qui évoque un Black Metal séparé de toute origine sataniste (au premier ou second degré), au profit d’une poésie macabre d’inspiration Goth.
Éclipse Anthropocène sonne comme une alerte, un pessimiste constat, un coup de gueule censé renvoyer dans les poubelles complotistes d’où ils n’auraient jamais dû sortir, tous les idiots climatosceptiques (Stupid), tous les cyniques bourreaux de la nature (Dernière Chance), tous les moutons galeux qui se repaissent des fake news (Ère De l’Homme Moderne). Oui, vous savez, les fake news que les menteurs patentés rebaptisent vérités alternatives pour faire croire qu’elles auraient un fond coïncidant avec une quelconque réalité. Soyez certains que le Monde que nous détruisons objectivement, que ce soit par cupidité ou par quête d’un confort égoïste, ne se laissera pas faire (Planète Bleue) et que l’effondrement est inéluctable (Agonia). Cet album est un jugement cru, froid et sans appel des tares de l’humanité (El Horror) qui a d’ores et déjà dépassé Le Point De Non-Retour.
Oui, en lisant les titres vous avez deviné que les textes sont écrits principalement en français et, comme par magie, ils sonnent particulièrement bien avec le Metal – il n’y a pas de débat à avoir. Jean-Luc écrit une poésie accessible, lugubre et intrinsèquement rythmée.
L’esthétique instrumentale est en parfait accord avec les thèmes abordés. Le son est brut et les riffs de guitares distordues sont très lourds. HDM recherche l’efficacité avant tout, écartant tout subterfuge artificiel, toute fioriture inutile, ce qui n’exclut pas un discret habillage synthétique là où il peut renforcer l’ambiance glauque. Conjugués aux guitares crépitantes ou hurlantes de Marco RAVE, les tempos majoritairement médiums à lents de Jacques MAUPPEU-WISE ont une évidente dimension primitive, tribale - ils labourent et creusent de profonds sillons dans le cortex cérébral.
En totale synergie avec les paroles sombres et la musique heavy, la voix de Jean-Luc LORET joue un rôle de catalyseur qui magnifie la dimension noire de l’œuvre. Le chant globalement grave est guttural sans être du growl, il est hargneux sans verser dans le screamo systématique. Je suis fan de sa technique vocale qui tire le meilleur de la résonnance vibratoire, souvent proche de ce que produirait un didgeridoo (écoutez le début d’Agonia) sans pour autant être du chant diaphonique. À l’état naturel, sa voix est basse, rauque et légèrement cassée ce qui en fait de surcroît un excellent narrateur dramatique (écoutez le discours d’El Horror).
Par souci déontologique, j’avoue avoir modestement participé au crowdfunding de l’album car, pour moi, HDM est un projet à soutenir – toutefois, je n’ai aucune action dans cette apocalyptique entreprise. J’espère simplement que pour l’originalité et la qualité de leurs œuvres, les soutiens se multiplieront. À présent, c’est à toi d’écouter, d’apprécier, et de rejoindre le cercle de leurs admirateurs.
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HANIBAL DEATH MACHINE est composé de : - Jean-Luc LORET, chant et basse ; - Jacques MAUPPEU-WISE, batterie ; - Marco RAVE, guitare.
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Discographie : - 2016 : Birth - (EP) ; - 2017 : Sombres Visions - (EP) ; - 2019 : À Bout De Souffle - (EP) - (Chroniqué ici !); - 2024 : Éclipse Anthropocène - (LP).
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Extrait d’Éclipse Anthropocène : - Stupid : Cliquez ici ! - Mon Cadavre : Cliquez ici !
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Edit. : pour commander l'album, c'est par ici !
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