Dossier : ROCK STORIES, un livre de Pascal PACALY...
Allez, sortons un peu des sentiers battus par METAL INTEGRAL pour souligner et saluer la sortie de cet ouvrage de Pascal PACALY :

ROCK STORIES est un double recueil de nouvelles (10 pages par nouvelle environ) sur les groupes de rock français. Par rock, il faut entendre dans le sens large du thème: métal, pop, glam, hard, etc.


Les nouvelles qui composent le livre ont été écrites avec la participation des groupes, après diverses rencontres et interviews. Ils soutiennent bien sûr le livre.


C’est la première fois qu’un tel livre sort. Deux ans d’écriture (nouvelles approuvées par les groupes) ont été nécessaires.


Ces nouvelles sont ce que l'on pourrait appeler des "biographies-romancées". Des récits, à la fois réels et imaginaires qui évoquent la genèse de chaque groupe, et ce qu'ils sont devenus. Mais il y a aussi une dimension sociale à tout cela. Par exemple, on apprend comment la vie était à telle époque, comment les musiciens voyaient le rock et la société qui les entouraient alors. Comment, également, ils se sont parfois émancipés d’un entourage ou d’une ville pas forcément rock. On y apprendra comment ceux-ci ce sont rencontrés, comment ils ont formé leur groupe, les joies et les peines. Pas mal d’anecdotes sur leurs tournées. Le tout en commentant leurs divers albums jusqu’à aujourd’hui.


Les faits rapportés sont en donc tout point conformes à la réalité de leur histoire. Seul le cadre et le décor change, ceci dans un soucis d’éviter une répétition malvenue et aussi de suivre (parfois) une sorte de thématique /artwork que le groupe a depuis ses débuts.


Un cahier photo couleur enrichit chacun des deux tomes.


Extrait de nouvelle :
Groupe : DEAD SEXY INC


Je me suis alors assis à ses côtés et on s’est mis à parler comme si on se connaissait depuis des années. Genre qu’on se donnait des nouvelles sur la vie et le monde étrange qui dansait autour de nous. Pendant quelques instants on a arrêté de parler. Pas parce qu’on avait rien à dire mais parce qu’est c’était pas encore le bon moment. Puis, finalement, il me lâcha :

« Si tu veux savoir mec, je m’appelle Stéphane et je suis né dans cette foutue ville de France, Saint-Brieuc. J’étais un enfant fantasque qui jouait à L’action Joe tout seul, au docteur avec mes voisines et qui a beaucoup appris de l’encyclopédie Tout l’Univers et du magazine Lui. Quand j’étais un môme, je comprenais pas l’intérêt de la réalité. Trop flippant. La vie de mes parents m’échappait, je détestais le foot, le tennis et je préférais Goldorak à Victor Hugo. Bon, ok, « Les Travailleurs de la Mer », c’était quelque chose quand même. J’ai acheté « Alive 2 » de Kiss parce que Gene Simmons ressemblait à un vampire de l’espace et je trouvais ça cool. A 14 ans mon père, guitariste classique, et mon oncle Bernard m’achètent ma première guitare et mon premier ampli. Je découvre le pouvoir improbable de l’électricité. Je peux moi aussi devenir un super héros. »

Je ne dis rien. A la limite je ne sais même pas pourquoi il me raconte ça. Mais ça a un sens. Les choses improbables ont toujours un sens. Alors plutôt que de répondre un « putain trop cool mec » ou un « eh mais euh pourquoi tu me racontes ça », je l’écrase. Je lève les yeux au plafond et je vois ces lampes qui m’éclaboussent les yeux. Ca fait mal et c’est bon. Je reste comme ça un bon moment puis je redescends. Je plane. Je suis avec lui. Le mec est humain. Il veut partager, donner un bout de son âme à un inconnu. Qui serais-je pour pas le saisir au vol ? Alors on cause, encore et encore et il me parle de son amour de la musique, de ses cousines qui lui mettront le pied à l’étrier, et surtout de ce mec, Arno. Le mec en question est un peu zonard dans la rue, perfecto rouge et docs peintes. Il traîne pas mal dans le milieu métal underground et il emporte papillon Stéphane dans ses flâneries, à la découverte de Black Sabbah pour commencer. C’est l’état de grâce, ou presque. Parce que bon, Saint-Brieuc, apparemment, niveau rock, je préfère pas m’étendre dessus parce que je pourrais pas de toute façon. A ce moment-là, ce qui est beau dans les yeux de ce mec, c’est ce putain de regard nostalgique quand, perdu dans un chiotte au milieu de L.A, on se rappelle alors sa fichue vie dans un patelin ankylosé. Comment c’était bon de se retrouver avec à peine vingt types à boire des bières et fumer ses premiers joints devant le Centre d’Action Culturelle. Et tant pis pour ces nanas qui font l’escapade avec le gonflé de la gym. Parce que, merde, l’adolescence est un truc trop compliqué pour tout expliquer. Alors Stéphane devient un peu tout ça, punk, skinhead, alternatif, new wave et métalleux… Des coupes de cheveux ridicules et belles à la fois quand il est si bon de se laisser parfois dériver dans le mauvais sens. Le bon sens, donc.


Les mecs devant nous font des vas et viens. Proprement et au figuré. Ca rentre et ça sort dans les toilettes Stardust. Comme un lieu de rendez-vous intime. Pour flinguer sa vie en l’air, pour se sentir plus près des cieux, un peu heureux. Connaître le goût de l’évasion avant l’étape finale. Etre anormal dans des rouages un peu trop sales. Avec Stéphane, c’est bière sur bière. Le monde passe et on s’en fout. Il me raconte son premier concert auquel il n’a jamais assisté. Comment il avait gagné ces places avec Tonton Zégut en mode radio et comment il s’est endormi sur sa mobylette en y allant, terminant sa course barré à l’Ouest dans le fossé. « C’était une épreuve du Grand Satan, le prix à payer pour accéder au temple » qu’il me dit.


Le temple, justement, ce sera le bistro du coin, dans la sueur d’un crachin populaire. Avec les Barracudas au menu. Et après ça, ce sera avec ce type, un certain Jean-Christophe Royer qu’il monte Headhunter, un groupe de hard rock. Et même s’il n’ose pas encore chanter, même s’il se cache derrière une guitare, le pied est là, et le pied ce sont les concerts et jouer fort. Sauf que le poème s’arrête quand les parents veulent en écrire les premiers vers. Les parents, ils veulent toujours ci et ça pour vous. Ils veulent le meilleur. Et ils c’est pas vous. Vous le cœur battant, vous endormi sur le lit rêvant sur les posters d’être l’un de ces géants. Ou un super héro. Etre le plus grand pour leur montrer à tous, leur montrer que vous n’êtes pas qu’un minable, que vous valez plus que ça. Stéphane, il aura pas vraiment le choix. Sortie de piste n’est pas encore permise. Il suivra alors les études à Rennes, cette ville où le rock veut encore dire quelque chose. On lui dira que première S c’est pas plus mal. Vous savez les sciences, un jour on fera quelque chose avec, et avec un peu de chance, il fera quelque chose dedans. Non, décidément, l’école c’est pas pour les rêveurs. Et puis la guitare prend poussière, les potes s’éloignent, les potes sont des nouveaux. Jusqu’à Paris. La ville lumière, superbe dans son écrin satin. Des rencontres, des concerts, encore et toujours. Plongées la tête première sur les Guns et The Cult, plongées dans les séquenceurs aux bonheurs de monsieur Macintosh, papa non averti des premiers bébés.

La liste des groupes :


ASYL, AQME, DEAD SEXY INC, DIONYSOS, ED-AKE, EDELBERRIES, ETHS, FANCY, GLOW, HUSHPUPPIES, KLYDE, LUNATIC AGE, MASS HYSTERIA, MATMATAH, MLLE K, MYPOLLUX, NARCYS, OXYGEN,PLEYMO,PUNISH,YOURSELF, SIDILARSEN, SUBWAY, TAGADA JONES, TRIPOD et VEGASTAR .


+ en bonus : WÜNJO



Le livre est dans toutes les libriairies depuis le 20 janvier 09.

16,50 Euros pour 208 pages par volume.
Format du livre : 143 mm x 206 mm
Cahier photo couleur 16 pages.

Auteur : http://www.myspace.com/ppacaly






Rémifm
Date de publication : jeudi 14 mai 2009