Live report : SAVAGE GRACE, HURLEMENT, ARES, EVIL ONE, Pacific Rock (Cergy, 95) le 11 avril 2010 ( HURLEMENT , EVIL ONE , ARES , SAVAGE GRACE )
Lorsque Speed, le batteur de EVIL ONE, m’a fait part de la venue en France de SAVAGE GRACE, ma mémoire a fait un gigantesque bond en arrière… Et un bon coup de nostalgie s’est emparé de moi. Car le 19 mai 1986, alors que j’apportais ma modeste collaboration au fanzine Mercenaire, je me trouvais au Théatre du Forum des Halles de Paris où j’assistais à la seule représentation que je connaisse que les Californiens aient donné en France depuis le début de leur carrière. Je les avais apperçus la veille en séance dédicace chez Juke Box, le célèbre disquaire parisien de l’avenue du Maine, spécialisé dans les imports et raretés. Puis au lendemain du concert, je les rencontrais à leur hôtel pour une interview qui débuta par une ballade de presque 2 heures dans Paris. Je vous raconte, même si vous n’en avez rien à faire… Alors que je me présentais à leur hotel pour un rendez-vous calé avec leur label, Black Dragon, Chris LOGUE et sa bande me supplièrent presque, en entendant mon anglais courant, à les aider à trouver de quoi se nourrir… Je découvris bien vite qu’en dehors d’un café/p’tit déj’, l’hotel ne faisant pas restaurant, les gaillards avaient enchainé les interviews sans pause (je vous rappelle qu’en 1986, SAVAGE GRACE faisait partie des grands outsiders rivaux, de la relève probable, de METALLICA et consorts) et que Black Dragon n’avait rien prévu en ce sens… Nous organisâmes donc une promenade improvisée dans je ne sais plus quel quartier aux portes de Paris. Quelque part dans le 19ème, je crois. Et, aussi incroyable que cela puisse paraître, nous ne trouvâmes rien… Pas une boulangerie, pas une épicerie ouverte en ce milieu de journée. Inimaginable aujourd’hui, alors que la nourriture se trouve à tous les coins de rues. Ce genre de souvenir m’a sans conteste aidé à décrocher un entretien avec notre ami Chris LOGUE.
Je ne reviendrais pas sur l’histoire de cette mythique formation (consultez pour cela l’excellent dossier qu’y a consacré notre vénéré Raskal en 2008 – http://metal-integral.com/dossier.do?dossier_ID=209 ) et me concentrerai sur les raisons du retour de la beauté sauvage. Et son avenir. De son présent également, puisque Chris LOGUE et sa bande sillonnent notre continent depuis la fin du mois de mars. Leur périple les conduit, au gré des dates, dans des endroits aussi variés que la Grèce, la Bulgarie, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie, la Finlande et les Pays Bas pour des concerts simples, ou dans le cadre de festivals comme le Keep It True, dont la 13ème édition se tiendra les 23 et 24 avril. Une nouvelle fois, la France n'était à l'origine pas programmée sur cette tournée. Les quelques privilégiés présents ce 11 avril au Pacific Rock peuvent donc remercier Speed ainsi que Olivier, gérant de ce club décidément très en vue et très dynamique dans la promotion d'affaires musicales.
Ce concert, alors ? A dire vrai, je me suis trouvé à deux doigts de ne pas y assister… Merci la SNCF d’avoir, une nouvelle fois, et depuis plusieurs jours, déclaré une grève sans que personne n’en connaisse les motivations. Et donc, merci d’emmerder le monde. Me voici donc à rentrer chez moi afin de faire le trajet en voiture. Et s’il y a bien une chose que je crains par-dessus tout, c’est de devoir me taper les embouteillages de la capitale un dimanche avec les retours de week ends… Finalement, il n’y eut rien de bien dramatique et j’arrivais à temps à ce désormais mythique Pacific Rock. A temps pour croiser Chris LOGUE qui venait d’arriver avec son équipe, et une fois les retrouvailles faites, il m’invita afin que je puisse effectuer une rapide interview. En deux lignes : Chris est le seul membre d’origine, a été contacté par un des organisateurs du festival allemand Keep It True qui lui a proposé que SAVAGE GRACE soit à l’affiche du KIT 2010. Chris lui signale n’avoir pas de groupe, et la réponse fut rapide : « Ach, keine problem, che fais t’en troufer un, ya ! » C’est ainsi que Chris se retrouve aux commandes de ROXXCALIBUR, un groupe allemand de reprises de morceaux de la NWOBHM. La musique de SAVAGE GRACE ayant ces mêmes racines, l’union se fit rapidement et sainement. Seulement voilà, Chris LOGUE ne se voit pas venir en Europe pour ne jouer qu’une fois et propose de mettre en place un tournée… Voila comment le chanteur s’organise pour visiter les quelques pays mentionnés plus haut. Sympa comme séjour, non ? Et si Chris m’avoue être un peu déçu par la taille de la salle et le volume sonore prévu, la soirée va rapidement lui donner sourire et satisfaction.

HURLEMENT ouvre le bal avec un bon quart d’heure de retard, dû, pour quelques minutes, à la disparition momentanée d’Alexis, le vocaliste. L’appel de mère nature ? Ou plus simplement d’un bon jus d’orange bio pour donner de l’énergie au grand sportif svelte qu’il est, tout comme les autres d’ailleurs, n’est-ce pas Le Gorg ? Et c’est heureux, car HURLEMENT se lâche sur scène face à un public qui commence à remplir correctement la salle. Les musiciens bougent, emplissent autant que possible l’espace scénique (restreint) mis à leur disposition et délivrent un set direct, simple, efficace et jovial, ce qui sera la caractéristique commune à l’ensemble des formations jouant ce soir. Si l’album – De Sang Et d’Acier – n’est pas des plus facile d’accès, live, ça balance grave, impossible de rester de marbre avec des morceaux de headbanging garanti. Alexis maitrise parfaitement sa voix si particulière et sourit constamment, annonçant entre deux morceaux, devoir raconter « une blague de Toto » ou faisant chanter le public sur Moine Guerrier et Mercenaire avant de conclure sa prestation par deux reprises : les amateurs apprécient Exterminateur (H-BOMB) et le suivant qui fut décidé en dernière minute. La surprise vient effectivement de ce dernier titre, un morceau qui n’était pas prévu, mais qui est joué pour Philippe GUADAGNINO, le bassiste de BLASPHEME présent ce soir. C’est donc Désir de Vampyr qui clôt ce set. Avec un Philippe aux anges (que l’on va bientôt pouvoir retrouver sur les routes puisqu’une tournée sera lancée dont le point de départ sera le Hellfest, tournée mise sur pied pour soutenir le nouvel album à paraitre avant la fin de ce premier semestre)
Setlist HURLEMENT : Dernier Combat, Kamikaze, Ordalie, Iron Fist, Moine Guerrier, Screaming, Mercenaire, Exterminateur (H-BOMB), Désir De Vampyr (BLASPHEME)

ARES prend la suite sauf que… Damien, le chanteur est absent. Normal, il est au bar juste derrière moi ! Une fois sur scène, j’ai l’agréable surprise de constater que le groupe s’est fendu d’une setlist différente, mélangeant l’ordre habituel des titres joués. Carré, ARES balance ses riffs teintés de Metal classique avec une envie réelle de… s’amuser. Oui, l’ambiance, ce soir, est à la fête. C’est sur scène que les morceaux prennent toute leur ampleur, les mélodies de Perchance To Dream, le rythme et les chœurs de Spartan, la patate de Burn And Die ne pouvant laisser le public impassible. Comme lors de son concert du mois de janvier, ARES nous offre deux reprises qui font l’unanimité, une de IRON MAIDEN (dont l’influence est évidente ce soir sur le solo de Burn And Die), The Trooper – parce que « l’original n’est pas ici ce soir… il avait pourtant promis de venir » - , et conclue son set par un Metal Heart salvateur, après que Damien ait annoncé qu’à cause d’un léger retard, Echec était le dernier titre. Mais le groupe ne quitte pas la scène, se fait quelque peu prier et « improvise » ce rappel. Notez déjà dans vos agendas que les cinq seront au Black Pearl le 4 juin prochain en ouverture de STILL SQUARE et de, tenez-vous, OCEAN. Une affiche de rêve à ne pas rater.
Setlist ARES : About Metal, Perchance To Dream, Burn And Die, Virtue Of The Weak, The Trooper (IRON MAIDEN), Spartan, The Art Of Hypocrisy, Echec, Metal Heart (ACCEPT)

Plus rapidement que prévu, EVIL ONE investi les lieux. Le quintette vient de passer deux semaines en Allemagne à mixer, sous la houlette de Herman Franck, ex-guitariste d’ACCEPT , Militia Of Death, son nouvel album qui sortira le 13 septembre prochain. C’est la troisième fois en moins d’un an que j’assiste à un concert d’EVIL ONE. Je commence à connaitre la machine mais il y a toujours une surprise avec ces mecs là. Freddy est plus disposé à bouger qu’à son habitude, Fred s’est offert une nouvelle coupe de cheveux (très) bien dégagée autour des oreilles, Kriss s’agite toujours autant et la complicité avec Loustic est de plus en plus évidente. Bref, un set visuellement efficace et rentre dedans. Et les oreilles dans tout ça ? Hein ? Si EVIL ONE nous offre ses titres désormais classiques de la scène, le groupe fait l’impasse sur son habituelle reprise de Fast As A Shark (ACCEPT) pour mieux nous offrir quatre extraits du nouvel album. Quoiqu’il n’y en eut que trois ce soir (Baptized By Fire à la structure variée et complexe, mêlant lenteur, rapidité et lourdeur, un titre que les mecs de HURLEMENT, juste derrière moi , connaissent visiblement déjà , suivi de Straight To Hell et son solo grandement inspiré de METALLICA, titre déjà présenté il y a trois mois ici même qui sera suivi, plus tard, par l'autre chanson également jouée en janvier - mais d’une efficacité redoutable – Suicide Fanatics. Nul doute que ce dernier titre devienne très rapidement un classique de la scène). Le groupe nous quitte sur un Evil Never Dies des familles. Nous quitte car Fred croyait qu’un rappel aurait lieu. Or, non. Le groupe, surpris par les remerciements du chanteur, s’arrête et quitte la scène sous le regard hébété du frontman qui s’attendait tout de même à jouer Militia Of Death. Dommage, mais on a quand même eut droit à trois nouveautés. Mais ce soir, les chanteurs, hein...
Setlist EVIL ONE : Intro, Wounds Of War, Thrashback, Feel The Pain, Perverse Morality, Baptized By Fire, Straight To Hell, Suicide Fanatics, Evil Never Dies

Avec un look à la Johnny Depp et une démarche de dandy, le grand Chris LOGUE (1,85m minimum) monte sur scène face à un public cette fois présent et compact. La chaleur monte soudain de quelques degrés ; on sent que ce qui va se passer dans les minutes qui vont suivre relève de l’évènement. La dernière fois que le chanteur était présent en France remonte à presque un quart de siècle ! Autant dire qu’il attend beaucoup du public avec qui les échanges seront nombreux. Dès Bound To Be Free, on sent le leader à la fois concentré et détendu. Et, dès qu’il commence à chanter, ce qui marque le plus, c’est sa voix : erraillée et grave, presque gutturale, il n’y a plus grand-chose de commun avec celle qui était la sienne en 1986. Surprenant, mais ce côté rugueux apporte une touche de modernisme à ces morceaux qui, pour le coup, et grâce aussi au travail d’interprétation des musiciens, semblent n’avoir pas pris une ride. Malheureusement, Chris annonce, juste après After The Fall From Grace qu’il a une mauvaise nouvelle : il s’agissait là du dernier titre… lent de la soirée. Ça reprend donc de plus belle avec Master Of Disguise qui fini de chauffer ce public particulièrement réceptif. On sent que le chanteur regrette quelque peu cette glorieuse époque des 80’s lorsqu’il demande s’il « y a des mecs de la vieille garde ? Quelqu’un était présent à notre show en 1986 ? » Quelques mains seulement se lèvent, quelques visages pas peu fiers arborent un large sourire, et Chris continue avec We Came, We Saw, We Conquered, que le public reprend en chœur et bruyamment, public que le chanteur fait participer avec des « Whip me » sur The Dominatress, le "type de femme (qu'il) recherche pour ses deux journées parisiennes". Ça bouge et ça transpire, l’ambiance est chaude et lorsque Chris nnonce une reprise qu’il a « toujours voulu jouer mais c’était trop compliqué avant de chanter et jouer ce titre » ce même public répond comme un seul homme aux premières notes de Exciter (JUDAS PRIEST). Le show se termine, ou presque, Chris demandant s’il y encore un peu de temps pour une dernière chanson. Live To Burn conclue ce set rapide (un peu plus d’une heure), intense et sans rappel (étant donné l’exigüité de la scène et l’impossibilité de se cacher derrière, il valait mieux effectivement tout jouer dans la foulée). Lorsque le groupe, puisque, même si certains auraient préféré voir le SAVAGE GRACE d’il y a longtemps avec Brian EAST, l’autre fondateur, il s’agit bien d’un groupe, salue le public, c’est le sourire aux lèvres. Et c’est heureux que Chris LOGUE quitte la scène pour rejoinder sa loge.
Setlist SAVAGE GRACE : Intro, Bound To Be Free, Into The Fire, Betrayer, After The Fall From Grace, Master Of Disguise, We Came, We Saw, We Conquered, TheDominatress, Sins Of The Damned, Burn, Exciter (JUDAS PRIEST), Live To Burn.

Moins de 200 privilégiés auront donc assisté à ce petit évènement. 200 personnes qui partent et rentrent heureuses, des souvenirs plein la tête. Certains attendent que Chris LOGUE vienne pour dédicacer les albums originaux, d’autres avalent une dernière bière. Reste une chose inquiétante : alors que l’on voit revenir un grand nombre de groupes, et que le public, quelque soit l’âge des fans de metal, regrette cette période dorée (il suffit de lire le courrier des lecteurs de la presse spécialisée pour s’en rendre compte), comment se fait-il qu’il n’y ait pas eu plus de monde ? Que le Pacific Rock n’ait pas été bondé ? Est-ce la localisation, Cergy ? Le club est à 10’ à pied du RER, et les concerts se terminant à 23h, il y a largement le temps de ne pas rater le dernier train. Le manque de communication autour de ce concert ? Il a été annoncé dans la presse il y a plus d’un mois. Nousne le répèterons jamais assez : bougez-vous. Ou bien arrêtez de râler et de vous plaindre.

Marpa, le 13 avril 2010
metalmp
Date de publication : mardi 13 avril 2010