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Dossiers
Reportage :  SCORPIONS : 40 années venimeuses ! ( SCORPIONS )
Date de publication : 27/09/2011
Auteur : metalmp
Difficile de croire, alors que le groupe annonce la sortie prochaine d'un nouvel album au titre évocateur (Comeblack), que SCORPIONS puisse vraiment penser à sa retraite. Car malgré quelques concerts en demi teinte au cours de l'été, le plus gros et plus ancien groupe de Rock allemand propose depuis quelques temps de petites réussites discographiques qui aident à oublier quelques années de vaches maigres et de manque d'inspiration, redonnant un réel sens à une carrière qui, outre de nombreux envieux, fit rêver des millions de personnes à travers la planète. Alors, pendant que SCORPIONS attaque ce qui semble être la dernière ligne droite de sa tournée mondiale d’adieux, nous avons souhaité vous offrir un résumé de sa carrière, en attendant de pouvoir revoir une dernière fois ce groupe mythique qui a écrit certaines des plus belles et exceptionnelles p(l)ages du Rock. Ils sont peu nombreux les groupes Allemands à pouvoir se vanter d’un tel parcours.

Lorsque le guitariste Rudolf SCHENKER fonde, à Hanovre, SCORPIONS, c’est au cœur d’une Allemagne à deux visages, qui vit en pleine guerre froide. Nés du « bon » côté, à l’Ouest, donc, les jeunes de 1965 découvrent, grâce (ou à cause) aux troupes américaines les nouveaux codes culturels du monde occidental. Vestimentaires, tout d’abord, avec l’apparition du blue jean et des blousons de cuir, alimentaire également, avec la commercialisation de produits comme le chewing gum ou les sodas, et également musicaux avec l’arrivée du Rock’n’Roll incarné, entre autre et principalement par Elvis PRESLEY.

Sans être pour autant totalement permissifs, les parents d’alors, qui ont vécu la guerre, cette guerre infamante qui a jeté l’opprobre sur l’Allemagne, sont parfois plus ouverts d’esprits et tolérants avec leur progéniture. C’est le cas des époux SCHENKER qui encouragent leurs enfants et les poussent dans les voies artistiques nouvelles.

Rudolf SCHENKER se lance dans l’aventure dès 1965 en fondant le groupe de sa vie : SCORPIONS. Les années passent, ainsi que les musiciens, le jeune homme forgeant son identité musicale au gré de ses petites expériences. Son frère Michael, également guitariste, le rejoint en 1970. Il vient d’un groupe qui se nomme COPERNICUS dont il débauche le chanteur Klaus MEINE qui devient bientôt indissociable de l’image des SCORPIONS.

1972 voit les premiers efforts récompensés avec la sortie d’un premier album, Lonesome Crow. Le petit arthropode a choisi d’intituler son premier essai « le corbeau solitaire »… Si le titre peut passer pour original, les chansons, quant à elles, jettent les bases de la musique que développera SCORPIONS dans les années à venir : les guitares jouent un rôle prédominant, tant dans les mélodies que dans la tenue des riffs, la voix si particulière de Klaus rendant l’ensemble assez facilement identifiable, bien que dans la veine de la musique d'alors. Ce premier essai permet à SCORPIONS d’assurer la première partie de Rory GALLAGHER, URIAH HEEP ou UFO , ces derniers parvenant à débaucher Michael SCHENKER. Le blond guitariste quitte son frère dès 1973 pour rejoindre Pete WAY et sa bande.

C’est alors qu’un phénomène rejoint SCORPIONS : Uli John ROTH brille autant par son jeu que par son mysticisme et son look hippie. Mais plus encore, sans que ce ne soit évident pour l’heure, c’est l’arrivée du discret bassiste Francis BUCHHOLZ, un futur pilier du groupe, qui passera plus de quinze ans avec SCORPIONS, qu’il faut remarquer. La sortie de Fly To The Rainbow sur RCA en 1974 démontre que le choix est le bon. Si l’histoire n’a retenu que le dynamique Speedy’s Coming, l’album reste bourré de ces éléments propres aux Allemands : Hard Rock et mélodies soignées. La pochette, colorée, dessinée par Wandrey’s, est aussi quelque peu décalée : si le recto nous montre une sorte de scaphandrier du ciel, volant sur des skis à hélices, le verso nous dévoile l’autre face de cet énergumène volant. Un peu comme si le groupe nous disait « kiss my ass »… Et c’est bien là que les noms des musiciens sont inscrits !

L’année suivante, lorsque le temps est venu de préparer un nouvel album, SCORPIONS démarre une longue et fructueuse collaboration avec le producteur Dieter DIERKS. Illustré par une photo pleine d’un érotisme subtil (signée Michael Von GIMBUT), In Trance parait en 1975 et se démarque plus encore par la puissance de chansons passées à la postérité : Dark Lady, In Trance, Robot ManSCORPIONS redéfinit quelque peu sa musique en conservant les ingrédients utilisés précédemment (double voix Klaus/Uli , mélodies efficaces et mémorisables) en écartant subtilement les aspects trop psychédéliques (toujours présents sur Evening Wind ou Sun In My Hand) pour ce recentrer sur l’essentiel. In Trance fait alors exploser SCORPIONS au Japon – et devient même la meilleure vente jamais réalisée par un album RCA au pays du soleil levant. Notons également que l’image des SCORPIONS s’affine grâce à une signature nouvelle : le logo qui deviendra bientôt indissociable de l’image du groupe. Les Allemands partent sillonner une partie du continent européen en ouverture de KISS, une opportunité qui ne se refuse pas. Elu par leur concitoyens meilleur groupe live allemand, SCORPIONS s’attaque alors à sa première tournée anglaise qui vit les cinq musiciens investir le Marquee de Londres.

Si sa carrière internationale est bien lancée, SCORPIONS doit maintenir la pression musicale et rentre de nouveau en studio au début de l’année 1976, avec un nouveau batteur (le 4ème en 4 albums, mais cette fois, c’est le bon !) en la personne de Herman RAREBELL parfait pendant rythmique de Francis BUCHHOLZ. Cette fois, les Allemands font tout pour qu’on parle d’eux : de la scandaleuse illustration de couverture montrant une adolescente assise nue derrière une vitre où l’on devine le passage d’une balle d’arme à feu au contenu musical, toutes les raisons du monde sont réunies pour que Virgin Killer soit le sujet de conversation du moment. La pochette à elle seule fait jaser dans les derniers salons où l’on cause, bien que l’époque ne soit pas encore à la dénonciation de la pédophilie. Nul doute qu’aujourd’hui, ce type de pochette subirait une censure immédiate (les rééditions ont remplacé l’originale par une photo du groupe datant des sessions de In Trance). Mais qu’on parle d’eux en bien ou en mal, l’important est qu’on parle de SCORPIONS… Le public va croissant. La puissance de morceaux comme Pictured Life, Catch Your Train, Hell Cat ou le morceau titre rentrent dans le lard en allant droit au but : le son concocté par Dieter DIERKS est rond et sec, généreux et râpeux tout à la fois, les guitares aiguisées tiennent une place prédominante. SCORPIONS vient de trouver l’identité de sa musique avec ce line up exceptionnel, proposant des ballades plus que réussies (In Your Park et Yellow Raven). Une seule difficulté reste à noter : il ne peut y avoir qu’un chanteur. On préfèrerait que le plus "hendrixien" des guitaristes allemands (Uli ROTH) laisse Klaus MEINE maitre des voix sur Polar Nights. Cette faute oubliée, SCORPIONS continuent de s’imposer et remporte même son premier disque d’or au Japon, est sacré meilleur album de l’année en Allemagne… Tout semble aller pour le mieux et sourire aux Allemands en ces années 70.

Crachant son venin tant qu’il y en a, Rudolf SCHENKER et sa troupe décident de confirmer le potentiel et l’importance artistique de SCORPIONS aussi vite que possible. Toujours accompagné de Dieter DIERKS, le groupe s’attèle à la réalisation du sublime Taken By Force. Après le scandale de la pochette précédente, l’album n’est illustré que par une bande sur laquelle figurent la photo et le nom de chacun des musiciens et au centre de la pochette est inscrit le titre. Plus sobre, tu meurs ! Le message sous entendu est clair : c’est la galette à l’intérieur qui doit nous intéresser. Et là, il n’y a rien à redire : SCORPIONS a trouvé son équilibre et passe à la vitesse supérieure, se plaçant dans le peloton de tête des formations européennes de cette fin de décennie. Steamrock Fever, et ses guitares hurlantes totalement taillées pour la scène, accompagne les futurs classiques que sont We’ll Burn The Sky (et sa douce introduction qui deviendra la signature des ballades propres au groupe), The Riot Of Your Time, le controversé (il fallait bien quelque chose quand même !) He’s A Woman – She’s A Man – ultra speed et violent (ah ! ces aboiements de Klaus !) – ou le très "hendrixien" The Sails Of Charion qui porte les derniers stigmates de l’ère psychédélique.

SCORPIONS s’embarque alors pour une nouvelle tournée mondiale qui passera, en avril 1978, par le Japon où sera enregistré le double live Tokyo Tapes, une collection de 18 des meilleures créations des Allemands. Face à un public tout acquit à sa cause, SCORPIONS se montre explosif de bout en bout, ou presque. Les grands classiques sont foison (Backstage Queen, In Trance, We’ll Burn The Sky, Steamrock Fever, He’s A Woman – She’s A Man…), ainsi que le passage “obligé” Pictured Life sur lequel chante ROTH, pour la dernière fois. Car, à l’issue de cette tournée marathon, le guitariste fils du soleil et de la lune quitte ses compères pour fonder ELECTRIC SUN. C’est d’ailleurs ce titre qui sera retiré de la réédition CD quelques années plus tard afin de pouvoir faire tenir ce concert sur un seul disque…

De retour en Allemagne, avant d’avoir trouvé un nouveau guitariste, le groupe entre une nouvelle fois en studio où Michael vient seconder son frère. L’enregistrement de Lovedrive commence alors que les auditions continuent. Le groupe pense intégrer un instrumentiste anglais ou américain, mais finalement, son choix se porte sur un jeune Allemand, Matthias JABS qui se voit accorder le temps d’apprendre quelques morceaux avant d’entrer en studio. Sacré baptême du feu pour celui qui deviendra l’alter-ego de Rudolf SCHENKER, et un des piliers du groupe, encore présent aujourd’hui.

Une fois l’enregistrement terminé, le groupe met sur pied une nouvelle tournée. Pourtant, un évènement risque de mettre en péril la bonne santé de SCORPIONS : Michael demande de réintégrer le groupe. Famille, quand tu nous tiens… Matthias JABS est mis sur la touche alors que le groupe s’engage dans une vaste tournée mondiale. Mais, alors que le groupe est sur la route, « l’ange blond » s’envole soudain en plein milieu de la tournée, juste avant le concert de Lyon, laissant son frère et ses compagnons dans une m**** sans nom. Enfin, j’imagine. La seule solution est d’appeler Matthias JABS à l’aide. Ce dernier revient, apprend en un temps record le répertoire qu’il devra interpréter et sauve ainsi le groupe qu’il ne quittera plus jamais, apportant du sang frais à tous.

Fin technicien, doté d’un grand sens de la mélodie et d’un enthousiasme à toute épreuve, ses apports permettent à SCORPIONS de franchir un nouveau palier. Ce line-up (Klaus MEINE, Rudolf SCHENKER , Matthias JABS, Francis BUCHHOLZ et Herman RAREBELL) est celui qui donnera naissance aux plus respectés albums du groupe qui se fixe un nouvel objectif ambitieux, mais réaliste : la conquête en grand format du continent américain. Débute alors une tournée en ouverture, à quelques exceptions près, de Ted NUGENT, ACDC ou AEROSMITH.

Lovedrive (n°36 en Angleterre et 55 aux USA) fait un triomphe dès sa sortie en janvier 1979 grâce à la conjonction de plusieurs éléments : SCORPIONS fait partie des plus importantes formations européennes de cette fin de décennie, certes, mais en plus, au-delà de la pochette à l’humour décalé qui fait encore jaser, JABS apporte de la fraicheur et une énergie nouvelle au groupe, deux éléments qui se ressentent dans chacune des compositions auxquelles il a participé. Rudolf SCHENKER étant maintenant maître des compositions (compositeur de sept des huit morceaux, co-compositeur du dernier) joue beaucoup sur l’homogénéité de l’ensemble. SCORPIONS fait un pas de plus vers l’excellence et voit même ses efforts enfin récompensés : plus de 500.000 exemplaires sont vendus sur le seul territoire américain, faisant de Lovedrive le premier album d’or que reçoivent les Allemands sur le nouveau continent.

La sortie, en 1980, de Animal Magnetism confirme le statut incontournable de SCORPIONS. L’équilibre entre les musiciens est enfin trouvé. Mieux, il existe entre eux une parfaite symbiose… Les compositions sont carrées, efficaces et, simplement, populaires. L’album est une réussite tant artistique que commerciale (il est disque de platine aux Etats-Unis où il atteint la 52ème position du Billboard, et arrive n°23 des charts UK) et la tournée qui suit confirme la maitrise scénique du groupe qui ose le décor d’un scorpion en guise d’estrade pour la batterie. Partout les foules se font plus denses, et plus exigeantes aussi. Si la tournée est une réussite complète, la voix de Klaus MEINE commence, sur la fin, à montrer des signes de faiblesse.

Alors que SCORPIONS se trouve en studio en 1981 pour préparer son futur album, un évènement vient soudain interrompre les enregistrements. Le chanteur se retrouve sans voix. Plus un son correct ne sort de sa gorge. Des examens médicaux révèlent la présence de polypes sur ses cordes vocales. Klaus MEINE est immédiatement hospitalisé à Cologne, avec succès. Cependant. Si l’opération a permis de se débarrasser des corps étrangers et indésirables, le chanteur se voit intimer l’ordre formel de demeurer muet quelques mois s’il veut pouvoir simplement espérer rechanter un jour. Dans le cas contraire, son mutisme pourrait être définitif. Pendant sa convalescence, les autres membres du groupe continuent de travailler. Klaus participe également, donnant ses instructions et signifiant ses idées par écrit. Pour travailler de manière réaliste, SCORPIONS engage un chanteur « intérimaire », un Américain du nom de Don DOKKEN. Forcément, les rumeurs fusent, d’autant qu’à cette période, de nouveaux phénomènes se font remarquer. Certes, les DEF LEPPARD, IRON MAIDEN, SAXON ont encore peu d’expérience, mais la fougue dont ils font preuve semble n’avoir pas de limite. Si le monde cède aux coups de boutoirs de la NWOBHM, SCORPIONS en a vu d’autres…

Tout rentre dans l’ordre lorsqu’un visage bandé, hurlant de douleur, les yeux crevés par des fourchettes, vient orner les devantures et bacs des disquaires. Blackout parait en 1982 et la claque est immédiate : Blackout, No One Like You, Now, Dynamite, Can’t Live Without You, rien n’est à jeter. Seul China White semble n’être pas totalement à sa place (qui me rappelle l'esprit de The Zoo, dont on connait le succès), tandis que la sublime ballade When The Smoke Is Going Down clôt cet ensemble extra ordinaire.

Extraordinaire, comme la voix de Klaus MEINE, dure, déterminée, rugueuse, puissante ou douce selon les besoins. Modulable à souhait. A tel point qu’un journaliste affirmera que "les médecins n’ont pas soigné le chanteur, ils lui ont collé LA voix du Heavy Metal". Les inquiétudes s’envolent bien vite, et la tournée qui suit remporte un succès similaire à celui de l’album (certifié plusieurs fois platine, élu « meilleur album de l’année…) Aux Etats Unis, où Blackout atteint le top 10 du Billboard (et arrive 11ème des charts anglais) SCORPIONS embarque une autre bête pour chauffer le public : IRON MAIDEN. Puis l’année suivante, c’est la tête d’affiche du US Festival de San Bernardino (Californie) qui est offerte aux Allemands qui jouent devant plus de 325.000 spectateurs ! Le groupe est demandé partout, tout le monde veut voir le phénomène, et les dates s'ajoutent les unes après les autres...

Pourtant, il faut mettre un terme à cette vie de saltimbanque de luxe. Il est grand temps de retourner en studio et d’offrir aux très nombreux fans de SCORPIONS une nouvelle injection de mélodies fines et dures. Love At First Sting sort au début de l’année 1984 et confirme tout le bien que l’on pense de ce groupe qui jusqu’à présent à réalisé un parcours discographique quasiment sans faute. Bad Boys Running Wild, Rock You Like A Hurricane ou Crossfire deviennent rapidement des hymnes incontournables. Mais c’est la ballade Still Loving You qui propulse le groupe au firmament. LE morceau, LA chanson, LE slow ultime que toutes les radios et télés diffusent à l’envie. Rien qu’en France, il s’écoule près de deux millions d’exemplaire du 45t ! Partout le groupe est plébiscité. SCORPIONS est même le premier groupe allemand à jouer 3 soirs d’affilée à guichets fermés au légendaire Madison Square Garden de New York, réunissant quelques 60.000 spectateurs chaque soir. Et ce succès se confirme partout à travers le monde, Love At First Sting parvenant à atteindre la 6ème position aux USA, la 17ème en Angleterre et les récompenses pleuvent : double platine aux USA, or en France et dans de nombreux pays européens...

La démesure semble de rigueur. En 1985, SCORPIONS joue au festival brésilien Rock In Rio devant quelques centaines de milliers de personnes, enregistre plusieurs shows de sa tournée mondiale, dont un premier passage derrière le rideau de fer, à Budapest, en Hongrie, et livre un testament auditif avec un double live, World Wide Live. Sans doute moins percutant que Tokyo Tapes, cet album n’en restitue pas moins fidèlement la folie des fans, dont certains découvrent, lors des concerts, que SCORPIONS n’est pas un groupe à ballades (le temps a su montrer la parfaite maitrise des Allemands en la matière...) mais bien un groupe de Hard Rock (le temps a aussi su démontrer la parfaite maitrise des mêmes Allemands en la matière...) Sans surprise, ce témoignage trouve de nouveau le chemin des tops en se classant, belle performance pour un album live, n°14 aux USA et 18 au Royaume Uni.

C’est sans doute à ce moment que les membres de SCORPIONS vont connaitre les dures lois de la gravité. Car lorsqu’on est monté aussi haut, on ne peut que redescendre. En cela, le label du groupe va avoir sa part de responsabilités en pariant sur une promotion basée sur « la » ballade. D’ailleurs, 1988 et 1989 ont vu sortir deux compilations, le Ep Gold Ballads et l'album Best Of Rockers And Ballads. Tout est dit…

SCORPIONS a toutes les cartes en mains pour s’atteler avec sérénité à la réalisation de Savage Amusement, qui sera le dernier album produit avec Dieter DIERKS. Pourtant, les tensions, malgré deux années de repos, sont réelles. Cependant, et sans surprise, le public répond massivement, faisant de cette nouvelle galette un succès immédiat, dès sa sortie en 1988. Savage Amusement se classe n°1 dans divers pays européens, arrive n°3 aux USA... Mais pendant que le groupe sillonne une nouvelle fois la planète, le public occidental émet des signes de déception : oui, Savage Amusement est un vrai succès, commercialement parlant mais artistiquement, on a parfois l’impression d’entendre une recette réutilisée. Le pire est pourtant à venir... Cependant, un évènement vient changer les esprits :, la guerre froide semble vouloir prendre des congés. Youri GORBATCHEVveut détendre les relations entre les deux blocs. Glasnost et Perestroïka sont de rigueur. Ainsi, sans être le premier groupe à jouer derrière le rideau de fer, SCORPIONS est le premier groupe occidental de Rock (décadent, donc, aux yeux de nombre de camarades soviets) à jouer en Union Soviétique. La ville de Leningrad (redevenue depuis Saint Petersbourg pour les ignorants...) accueille les Allemands dix soirs d’affilée ! Ils retourneront l’année suivante, en 1989, à Moscou dans le cadre du Moscow Music Peace Festival, réunissant pas moins que Ozzy OSBOURNE, BON JOVI, MOTLEY CRUE, SKID ROW, CINDERELLA et les locaux de GORKY PARK en plus de SCORPIONS, qui joue face à 260.000 spectateurs et une sécurité assurée par des militaires souvent plus occupés à profiter de ce qu'il se passe sur scène que dans le public.

Cette expérience inspirera les bases de ce qui deviendra Wind Of Changes. La chanson au message pacifique sort courant 1990, peu de temps après la chute du mur de Berlin. Wind Of Changes devient immédiatement un hymne international, une ode à la liberté qui trouvera plus de force encore avec la chute du bloc de l’est. Malgré l’enthousiasme et l’extraordinaire ferveur que suscite cette chanson, la sortie de l’album Crazy World semble moins exciter les foules. Malgré, aussi, la présence de chansons comme Tease Me, Please Me ou Kicks After Six qui portent la griffe de SCORPIONS et qui devraient rassurer le public. Mais la réalité est tout autre. L’absence de Dieter DIERKS se fait d’autant plus sentir que le groupe a voulu produire cet album lui-même. Ensuite, les grands pontes du marketing ont décidé, depuis une certaine chanson d’amour, d’assurer la promotion des futurs albums de SCORPIONS avec la ballade, transformant insidieusement et durablement la perception que le public peut avoir de SCORPIONS qui, de groupe de Hard Rock devient groupe à ballades. Ainsi, et selon la biographie qui figure sur le site web du groupe, « leurs ballades, telle Still Loving You, Holiday (…) Always Somewhere et When The Smoke Is Going Down sont parvenues à gagner le cœur même de ceux qui détestent le Hard Rock. » Eh, bien, cette réputation, encore d’actualité, a fait fuir un grand nombre de hard rockers dans le monde, qui tous, pour autant qu’ils soient amateurs de SCORPIONS, savent que les ballades font intégralement partie de l’univers musical des Allemands, mais pas pour occulter le reste. Crazy World s’en ressent, faisant preuve de moins d’originalité et de créativité, comme si les musiciens avaient été poussés à composer LA future ballade, celle qui allait tout casser... La tournée qui suit, si elle rencontre un franc succès, bien que moins important que précédemment, se solde par le départ du bassiste Francis BUCHHOLZ. L’équilibre en prend de nouveau un coup.

Avec un nouveau membre, le bassiste Ralph RIECKERMAN, SCORPIONS s’en retourne en studio, et se fait cette fois aider par un magicien du son : Bruce FAIRBAIRN (qui a travaillé avec, et parmi d'autres, excusez du peu, LOVERBOY, BON JOVI, ACDC, AEROSMITH, VAN HALEN, KISS…) Tout est mis en œuvre pour redorer l’image du groupe mais à sa sortie, en 1993, la critique s’avoue, une nouvelle fois, déçue par Face The Heat. Les effets et recettes usés jusqu’à la corde lassent le public, et même Alien Nation ou No Pain, No Gain semblent réchauffés… Pire encore : Taxman Woman, Unholy Alliance semblent, comme d’autres chansons, être là pour faire du remplissage. SCORPIONS vit une cruelle phase de manque d'inspiration...

SCORPIONS est sur la mauvaise voie, mais refuse de se rendre à l’évidence. Ou presque, car en engageant un nouveau manager, les choses pourraient changer. Le choix de Rudolf SCHENKER et sa bande se porte sur Stewart YOUNG, qui s’occupe des affaires d’ACDC, groupe qui est également passé par une longue période de doute. Mais Pure Instinct (1996) ne redresse pas la barre. Bien au contraire, SCORPIONS s’est laissé avoir : son album contient bien trop de ballades sirupeuses. Le mal est fait, le public tourne le dos au groupe, les stades se transforment en des salles bien plus petites… La confiance a cédé la place à la méfiance et quelques titres rock ne suffisent pas à inverser la vapeur. D’autant plus que Herman RAREBELL, le batteur, décide de jeter l’éponge à son tour. En quelques mois, c’est toute l’ossature rythmique qui s’en est allée. Tout est à refaire. James KOTTAK, ex-batteur de KINGDOM COME et WARRANT intègre SCORPIONS, assure la tournée et demeure dans le groupe, aujourd’hui encore. La tournée permet à SCORPIONS d’explorer des territoires qui lui étaient jusque là inconnus, en Asie, Moyen et Extrême Orient. De nouveaux marchés à conquérir alors qu’en occident, le Hard Rock et le Metal connaissent une crise sans précédent. Alors ces nouvelles contrées, et l’accueil que réserve le public, ont de quoi redonner confiance au groupe qui prépare un nouvel album pour la fin du siècle.

Eye To Eye sort en 1999. Sur sa pochette en noir et blanc, étrangement, ne figurent que trois visages, ceux des plus anciens membres du groupe : Rudolf SCHENKER, Klaus MEINE et Matthias JABS. Cette illustration est pleine de sous entendus (on évitera la comparaison avec les trois singes), et lorsque le CD est décortiqué… il se fait descendre par une critique et un public qui disent « Stop ! » Les sonorités trop pop, parfois électros ne plaisent pas. Que cherche SCORPIONS, hier flamboyant, aujourd’hui à peine l’ombre de lui-même ? La seule originalité du disque est qu’il contient une chanson en allemand, Du Bist So Schmutzig… Mais RAMSTEIN fait bien mieux en chantant dans la langue de Goethe, et Doro (PESCH, ex- WARLOCK et actuelle DORO) s’est plus d’une fois fait ce plaisir, donc, question "originalité", on repassera.

En cette même année 1999, deux évènements vont avoir un impact immense sur le monde du Hard Rock : d’abord le retour de Bruce DICKINSON et d’Adrian SMITH dans la famille IRON MAIDEN. En s’attirant toutes les faveurs du public et des médias, IRON MAIDEN a permis que les projecteurs soient également braqués sur les anciennes formations, et SCORPIONS en a quelque peu tiré profit.
Ensuite, un album remporte la majorité des suffrages. C’est un vrai défi qu’ont relevé les hommes en noir de METALLICA, accompagnés par Michael KAMEN puisque le groupe pourtant boudé – euh, tout est relatif … - au cours des années 90, présente au monde les résultats live de sa collaboration avec un orchestre symphonique. Cela fait bien longtemps que classique et métal font bon ménage, mais cette fois, on accède au niveau supérieur. Alors, après la mode des albums Unplugged, voici celle des live symphoniques ou philarmoniques. SCORPIONS ne déroge pas à la règle et travaille avec l’orchestre philarmonique de Berlin afin de sortir, en juin 2000, Moment Of Glory qui sera suivi l’année suivante par Acoustica, un autre live. Si ces deux albums sont réussis – ce dont personne ne pouvait douter, les chansons de SCORPIONS étant parfaites pour ce type d’association – le public n’y croit vraiment plus et ne suis pas.

Il est alors temps de se recentrer sur l’essentiel, à savoir : le Hard Rock. Il faudra trois ans à SCORPIONS pour terminer Unbreakable. Incassable, l’idée est séduisante… Car malgré les revers de fortune qu’a pu connaitre le groupe (dont le départ de Ralph RIECKERMAN, bientôt remplacé par Pawel MACIDOWA, un bassiste polonais - là encore les blagues se font légions, le groupe n'aurait plus les moyens de s'offrir les services d'un musicien allemand, et bla bla bla...) rien n'en est encore venu à bout. Si le résultat final est moyennement reçu, Unbreakable redonne un certain espoir, laissant deviner que le Rock est toujours ancré dans le cœur des Allemands qui tentent de retrouver pêche et niaque. Oui, l’espoir semble en passe de pouvoir renaitre, grâce à des chansons carrées comme Blood Too Hot ou Deep And Dark qui sonnent comme le SCORPIONS des grands jours. Les deux années qui suivent sont consacrées à tourner. Se donner en spectacle. Lorsque le festival de Wacken invite SCORPIONS à tenir la tête d’affiche début août 2006, les Allemands offrent un show hors du commun, pendant plus de 2h30. Et les plus de 60.000 spectateurs présents assistent à un moment d’histoire dans la vie du groupe qui invite ses anciens membres sur scène : Uli ROTH, Michael SCHENKER et Herman RAREBELL répondent présents.

Renouant avec le succès, retrouvant la confiance des fans, SCORPIONS s’attèle à la réalisation d’un album ambitieux, un album conceptuel dont la musique se veut un retour musical aux sources. Humanity Hour 1 est bien reçu par les critiques et le public. Les médias voient dans cet album les marques du grand retour de SCORPIONS (qui, pour la première fois depuis In Trance, modifie son logo…) grâce à la puissance et l’efficacité du rapide et lourd Hour 1 et des hymnes que pourraient devenir You’re Lovin’ Me To Death, la ballade The Future Never Dies (qui rappelle QUEEN dans sa construction ) ou le mid tempo Love Will Keep Us Alive. Oui, enfin, les cinq SCORPIONS retrouvent du plaisir et varie les ambiances musicales, ne cherchant plus à plaire au label mais à eux-mêmes et au public, à qui ils annoncent fièrement We Will Rise Again. Simplement. De nouveau, les deux années qui suivent sont consacrées à sillonner le monde et à annoncer...qu’une nouvelle tournée mondiale démarrera en 2010. Elle sera la dernière, le groupe décidant de se retirer après plus de quatre décennies au service du Rock. Un 17ième album studio est enregistré et la claque est grande lorsque sort Sting In The Tail. Le SCORPIONS des grands jours est de retour, au mieux de sa forme. Que SCHENKER, MEINE et JABS décident de mettre un terme à l’aventure, soit. Mais il semble hors de question de partir la queue entre les jambes. Non, avec cet album quasiment sans faute - le précédent avait ouvert le voie du retour à l'excellence - SCORPIONS peut partir la tête haute, fier de son œuvre. Car conclure avec des brûlots comme le morceau titre, Slave Me, Rock Zone, No Limit ou la ballade Loreleï, c’est partir en beauté. Seuls certains concerts de cette tournée à rallonge déçoivent, parmi lesquels on compte le Hellfest ou le Grasspop en 2011, où le groupe semble usé, manquant cruellement de ce dynamisme légendaire. Mais on peut espérer que SCORPIONS réserve à son public de salle, hors festival, quelques surprises… Rendez-vous donc sur l’une des dates françaises, dont un POPB le 23 novembre prochain. L’œuvre musicale, elle, restera dans l’histoire.

Toutefois, avant de prendre leur retraite, les cinq annoncent - le 23 septembre, date à laquelle j'écris ces quelques dernières lignes - un nouvel album intitulé Comeblack dont la sortie est prévue pour fin 2011. Et déjà de nouvelles dates de tournée sont annoncées dont certaines dans des villes de France que SCORPIONS a rarement visité... Retraite joyeuse ? L'heure de dire "Auf Wiedersehen "semble n'avoir pas encore sonné.
COMMENTAIRES DES LECTEURS Vos commentaires, vos remarques, vos impressions sur le dossier
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Rémifm Le mardi 11 octobre 2011
J'ai écouté un extrait du Still Loving You avec le chant féminin en français, quelle catastrophe !!! Qui a bien pu décider cela !!! Et pourtant la demoiselle a un joli grain de voix !!! Et puis, c'est quoi ce nouvel album annoncé, avec des titres rejoués et des "covers", ça devient un peu du grand n'importe quoi ! Enfin, vive le commerce... Si on rajoute des prix de places un peu salés, 65 € à Chambéry notamment, pour une salle qui est un gymnase pour le Handball et ou la qualité du son laisse à désirer, je me dis qu'il est peut-être temps que le groupe parte à la retraite, que la maison de disque puisse enfin sortir moult compilations... Dans show business, y'a buziness non !!! Ca n'enlève rien à mon admiration pour ce groupe... j'aime tout !!!
Commentaire de metalmp : Je ne l'ai pas encore écouté, et les doutes commencent à se faire entendre. Reste que le prix des places, et pas que pour Scorpions, mais assister à un concert de Rock aujourd'hui devient de plus en plus un luxe. De mon côté, je ne vais rien voir au delà de 50€...
Alain Le mercredi 28 septembre 2011
L'occasion de revisiter mon jeune âge. Quand j'écoute "Tokyo Tapes" aujourd'hui, j'ai toujours le même frisson que quand j'avais dix ans. Merci pour cette belle rétrospective.
Commentaire de metalmp :  de rien. Comme à chaque fois, c'est un plaisir. Tokyo tapes fait effectivement partie de ces lives mémorables, témoignages d'une époque brute et spontanée. Et révolue.
Ben Le mardi 27 septembre 2011

Ville : Chambéry
Respects !!!!
Rémifm Le mardi 27 septembre 2011
Watcha !!! Quel boulot !!! Bravo !!! Pour ma part, Face The Heat, Pure Instinct, Unbreakable m'ont moins plu... Le reste, quelle oeuvre !!! J'ai rencontré Rudolf et Klaus à Lyon, quelle disponibilité pour leurs fans ! Quelle gentillesse !! C'était juste incroyable. Je rajoute la participation de Desmond Child sur Humaniy Hour 1, superbe collaboration !!! Et nous attendons le groupe en Avril à Chambéry, en espérant que les musiciens ne seront pas trop crevé par cette très longue dernière tournée !!! Merci pour cette excellente mise en lumière de nos teutons préférés !!!
Commentaire de metalmp : Merci Rémi. Les 90's dans l'ensemble m'ont laissé assez froid, sauf quelques morceaux, mais les dernioères galettes... Miam pour les oreilles !
Je ne désepère pas de rencontrer les musiciens un jour, je n'en ai entendu que du bien...
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