Reportage : DOSSIER SPECIAL "INTERVIEWS BLEU BLANC ROUGE":
Rencontres "découvertes" avec I MACHINE, HELL OF A RIDE et AKENTRA.
( AKENTRA , HELL OF A RIDE , I MACHINE )
Interview « découverte » avec I MACHINE.
Propos recueillis par metalmp le 18 novembre 2015 au Hard Rock Café, Paris

METAL INTEGRAL : Je vais être très franc, avec les récents événements, je n’ai pas pris le temps d’écouter ce que vous faites. Donc je vous découvre aujourd’hui. Je vous propose de simplement présenter le groupe, son histoire, vos objectifs musicaux…
Lolo : On va se partager la tâche… Le groupe est né en 2008. Seb et moi avons voulu monter un groupe qui s’est appelé INDICIBLE MACHINE. L’année suivante, Fred nous a rejoints, donc à nous 3, on représente « le noyau dur » d’origine. On a intégré, de 2008 à 2011, une section rythmique. Ça a donné naissance à l’enregistrement d’un Ep en 2010 et puis le line-up a changé. Depuis 2011, on s’est stabilisé avec une nouvelle section rythmique composée de Dan à la basse et Steph à la batterie. Et aux samples, principalement. C’est beaucoup plus qu’accessoire ! C’est un peu le point de départ du groupe d’aujourd’hui, un groupe assez jeune, et on vient présenter notre premier lp, L’origine.

METAL INTEGRAL : Quelle est la signification du nom du groupe ?
Lolo : A l’origine, le groupe s’appelait INDICIBLE MACHINE. Nous sommes français, nous chantons en français, et on voulait un nom français. Mais les gens nous appelait « indicibel » Machine, et lorsqu’on leur disait « non, c’est Indicible Machine », on nous demandait souvent « ça veut dire quoi « indiscible » ? » On leur expliquait mais ça faisait très pompeux…pour un groupe métal, ça ne faisait pas très métal. J’avoue avoir profité de la faille pour demander aux autres gars ce qu’ils pensaient de réduire le nom à I MACHINE. Ça faisait un peu plus moderne, le terme « machine » est important parce qu’il y a des samples, et, ben…chacun y trouvera ce qu’il veut !
Fred : Mais ce n’est absolument pas une attraction musicale d’Apple (rires) !

METAL INTEGRAL : Pour quelqu’un comme moi qui ne vous connaît pas, comment décririez-vous votre musique afin de me convaincre, enfin, d’acheter votre album ?
Fred : Métal, rock, électo. Métal par les guitaristes qui sont très influencés par des groupes comme MASS HYSTERIA, et bien d’autres. Ensuite, un batteur influencé par les sons électros et les samples et un chant, sans prétention, à la NOIR DESIR.

METAL INTEGRAL : Donc des guitares directes, des voix rageuses j’imagine. Les textes sont engagés ? De quoi parlez-vous ?
Seb : Il y a du positif, Carpe Diem, encore du positif, Que le meilleur s’exprime, encore du positif – en fait c’est le démarrage de l’album – avec Welcome...
Lolo : On ne fait pas référence à MASS avec tout ça !
Seb : Le plus avec le plus…

METAL INTEGRAL : Vous faites des constats de société ?
Seb : Criminel, on est plus dans ça…

METAL INTEGRAL : En même temps, venant de Marseille, j’imagine que ça vous parle. On en a beaucoup entendu parler ces derniers temps..
Seb : On réfléchit à un titre qui s’appellerait "Kalach"… Non, en fait...

METAL INTEGRAL : Pourquoi « non » ? C’est d’actualité, pourtant ?
Seb : Ça me gênerait, toutes ces… Si on leur fait de la pub, ils gagnent. Ça ne m’inspirerait pas « kalach » Peut-être pour les groupes de rap, je ne sais pas…
Fred : Je préfère les choses sous entendues.
Seb : Oui, peut-être en sous-entendu, alors…

METAL INTEGRAL : Il y a quelques jours, je ne sais plus qui disait à la radio que dans « kalach » il y a le mot « lâche », et on peut faire des choses avec ça, non ?
Fred : Oui, je pensais à des trucs comme « kalach, arme de lâches »…
Seb : « kalach nique off » ? (regard interloqué de tous suivi de rires)

METAL INTEGRAL : On s’égare… revenons à l’album !
Seb : Oui ! Après il y a La crise, un titre qui était d’actualité en 2014 et qui l’est encore aujourd’hui, même si c’est moins visible. On parle de crise économique, mais on va passer par une crise d’identité… Et avec les événements, il y a une autre crise qui se profile aussi. Mais c’était sur la crise économique et le fait que la France était presque en situation de banqueroute, qu’il n’y ait pas de jobs pour les jeunes…
Lolo : Les journaux n’ont parlé que de ça, ça a été le sujet de l’année 2014.

METAL INTEGRAL : Donc, si j’ai bien compris, il y a une sorte de « face A » assez positive et optimiste et une « face B » qui est un constat, avec de l’énergie
Lolo : Il y a plusieurs couleurs, et des revendications, aussi. Dans la crise, il y a de la revendication.
Fred : il y a le ying et le yang. On a un titre qui est basé dessus, Que le meilleur s’exprime.

METAL INTEGRAL : Par qui a été enregistré votre album ?
Lolo : Il a été enregistré au Devenprod studio qui se trouve dans les Bouches du Rhône, avec aux manettes, Laurent SOLUCE en tant qu’ingénieur son.
Fred : Qui a fait partie du groupe ALIVE INC.
Lolo : Bassiste et guitariste de son état. Lolo, je te fais de la pub, tu pourras nous faire un prix !

METAL INTEGRAL : il n’y a que du son, là, ça n’enregistre pas d’images
Lolo : Non, mais on sait pas, tu peux le taper…

METAL INTEGRAL : Non, je ne tape pas les gens que je ne connais pas (rire général)
Lolo : Si, tu pourrais... C’était quoi la question ? Oui, il a été enregistré en septembre 2014 à côté de chez nous.

METAL INTEGRAL : Ok, donc il a été enregistré en 14 jours… Non, en septembre 2014, et vous avez mis combien de temps ?
Fred : …14 jours (rires)
Lolo : On a bloqué une semaine, et on a mis une dizaine de jours. On avait relativement bien travaillé en répètes, ce qui nous a permis de travailler avec les conseils de Laurent, quelques arrangements.

METAL INTEGRAL : Vous avez parlé de vos influences françaises, maintenant, qu’est-ce qui vous réunit tous au niveau international ?
Seb : Il y a un gros dénominateur commun sur les groupes comme LINKIN PARK, un peu moins partagé mais on se retrouve avec RAGE AGAINST THE MACHINE, SYSTEM OF A DOWN, LIMP BIZKIT. Ensuite il y a des influences un peu plus marquées Metal Core, Emo Core pour ce qui est des guitares. Ce qui est bien c’est que personne n’arrive avec les mêmes influences, ce qui apporte des petites pincées de sel qui font que le goût sera sympathique.
Lolo : RAMMSTEIN aussi… Mais j’avoue avoir un petit…

METAL INTEGRAL : Tu avoues ? Ça fait deux fois que tu avoues, tu es coupable de quoi ?
Lolo : Hein ?

METAL INTEGRAL : Quand on avoue, c’est qu’on est coupable, alors tu es coupable de quoi ?
Lolo : (rires) J’avoue que je suis coupable d’aimer la musique... Donc, j’avoue : RAMMSTEIN, LINKIN PARK et du côté français, MASS HYSTERIA, THE ARRS pour le côté plus hardcore, RISE OF THE NORTHSTAR… Mais le gros truc, c’est vraiment MASS HYSTERIA, l’ambiance et ce qu’ils veulent véhiculer comme message. J’adhère complètement !

METAL INTEGRAL : Quelles ont été les grandes étapes live de I MACHINE ?
Lolo : Déjà, on vient d’une région où il n’y a pas une très grosse scène métal. Bien qu’il y ait de très bons groupes. C’est difficile de tourner et de faire venir du monde à un concert métal en région PACA. Maintenant, dans notre courte existence, un concert qui fait date c’est le festival Rock d’ici à Manosque avec près de 2.000 entrées payantes, avec 2 scènes. On a joué sur une scène où il y avait au moins 5 ou 600 personnes.
Seb : C’était dans un théâtre à ciel ouvert. On était programmés à 20h30, heure à laquelle il y a un max de monde dans la fosse. Et là on a réussi à faire la vague, à faire un braveheart… Pour nous, c’était… On était sur un nuage. On essaie de revivre ce type d’expérience autant que faire se peut.
Lolo : Maintenant si tu veux parler du pire concert… C’est ce qu’on vit presque au jour le jour, pour les autres concerts où on a 10 personnes…

METAL INTEGRAL : Vous avez combien de concerts à votre actif ?
Fred : Une vingtaine..

METAL INTEGRAL : Donc, ça fait un concert super pour 19 merdiques
Tous : Non, non ! Quand même !
Lolo : le prorata n’est pas aussi prononcé mais c’est vrai que le curseur est bien de ce côté-là quand même.
Seb : On en a fait un à l’époque des événements au Japon, de Fukushima. C’était un concert de soutien, et c’était pas mal.
Lolo : On a aussi fait un concert dans une MJC à Miramas. Le genre de concert où on va en se disant « OK, ça va être une répète », la loose, et où, en fait, il y avait du monde, une centaine de personnes, et ça a bougé. Au final, on a une expérience entre 20 et 30 concerts avec…allez, les bons concerts on les compte sur les doigts d’une main.
Fred : Mais qu’il y ait 3 ou 100 personnes, on se donne autant. Le ressenti il est le même, waow…I MACHINE est un groupe de scène, les compos sont faites pour la scène. Et sur scène, on surprend aussi beaucoup. On va chercher les gens, on va discuter…

METAL INTEGRAL : « On va discuter », j’aime bien le concept : je te vois en train de chanter, tu vas dans le public, tu te poses pour taper la discute : « Ça va toi ? Tu racontes quoi ? »
Lolo : (rires) Exactement, et il faut qu’on aille le chercher… Tu sais, c’est marseillais, ça, c’est la tchatche.

METAL INTEGRAL : Au niveau communication, quels sont les moyens de vous connaître, les outils que vous utilisez ?
Lolo : Oups..
Seb : Pour l’écoute de l’album, on peu l’acheter sur iTunes, donc s’il y a des âmes charitables pour nous aider, on autofinance tout… Autrement, en écoute libre, et on sera super contents d’avoir des adeptes, sur Spotify, Deezer...
Fred : Mais on a un soucis avec Facebook. On en a un, mais sous le nom de Indicible Machine, donc les gens ne le savent pas.
Lolo : On a eu quelques retours de gens qui se demandent ce que c’est…on reste à 300 « like », mais ça ne décolle pas. On avait un myspace, mais aujourd’hui, c’est fini, tandis que Facebook, si on arrive à bien le gérer, ça doit pouvoir suffire au début.
Fred : On pourrait aussi ouvrir un instagram pour partager des photos et ce genre de choses. Gérer des photos en lien avec le groupe, mais le principal reste facebook.

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Interview « découverte » avec HELL OF RIDE.
Rencontre avec Lo (guitare), Noré (guitares).
Propos recueillis par metalmp le 20 novembre 2015 au Hard Rock Café, Paris

METAL INTEGRAL : Je découvre HELL OF A RIDE avec votre album, Bête Noire. Pouvez-vous nous raconter brièvement l’histoire du groupe ?
Noré : Le groupe a commencé fin 2009. Il y avait un premier line-up, Lo n’était pas encore là ; on s’est connus par le biais de différents projets musicaux qu’on avait, avec Djed, le chanteur, On est parti sur un style Rock, avec deux premiers morceaux sur le net, qui nous ont permis de nous faire un peu connaître. Ensuite, le line-up a changé, Lo nous a rejoints à la guitare.
Lo : Je les connaissais déjà d’un autre groupe, plus grunge, stoner. Eux, c’était très Métal. Ils m’ont dit « ça te dirait de venir dans notre groupe », moi, Métal, techniquement j’ai hésité. Ils m’ont fait écouter des démos, et je leur ait dit « OK, j’arrive ». C’est exactement ce que je voulais.

METAL INTEGRAL : Ce « OK, j’arrive », c’est parce que ce n’était pas trop compliqué ou plutôt parce que c’était un défi pour toi ?
Lo : C’est exactement la direction que je voulais prendre. C’était un challenge. Le métal, ce n’est pas forcément ma culture, même si j’adore des groupes comme MACHINE HEAD, mais je n’étais pas dans ce jeu, je n’avais jamais travaillé ce style, en fait. Mais travailler ça, et avec eux, oui, j’aimais beaucoup ce qu’ils faisaient.
Noré : Et il y avait aussi le concept visuel qu’on voulait développer. Au final (à Lo), tu nous as rejoints et on a fait un premier Ep, sorti en numérique pour se faire connaître via internet, ça nous a permis de faire quelques dates… Notre bassiste nous a quittés, et Franck nous a rejoints, on a refait quelques dates, on a ressorti l’Ep en cd
Lo : Avec une partie acoustique en plus. On a bossé l’acoustique car beaucoup de gens nous demandaient des concerts acoustiques. Ça nous a fait une très bonne pub, et beaucoup évoluer, aussi. On a fait une captation live dans un concert privé qu’on avait organisé, et les gens qui ne connaissaient pas le groupe l’ont découvert sous cette forme-là. Ça les a un peu pris à contre-pied et ça a permis aux autres, qui nous suivent depuis le début, à avoir le support physique avec les deux aspects du groupe.
Noré : Et ça nous amène à l’album d’aujourd’hui. On y trouve aussi, à la fin, un morceau sur lequel il y a de l’acoustique…

METAL INTEGRAL : Ce que j’en ai entendu de cet album, ce sont des guitares très grasses, un son très compact, ça va droit au but. Maintenant, pour quelqu’un qui ne vous connait, comment vous décririez votre musique ?
Lo : On utilise un terme depuis 2011 : Heavy Stunt Rock. Il y a en effet un côté très heavy, c’est lourd, c’est franc, comme MOTORHEAD.
Noré : On a un accordage au niveau des guitares qui est issu du Métal – pour les puristes, on va dire que c’est en Si, et c’est plutôt des accordages Métal, ou pour des groupes comme PAPA ROACH, par exemple. C’est pour ça qu’il y a ce son assez lourd, assez compact. Pour les gens qui ne nous connaissent pas, ça reste dans le modern rock, c’est du rock avec diverses influences passées et actuelles, mais un son totalement moderne.

METAL INTEGRAL : Dans votre biographie, vous écrivez avoir « un visuel fort, inspiré d’un cinéma galvanisé au Rock’n’Roll ». C’est quoi, ce cinéma ?
Lo : Guy RITCHIE, Tarantino..

METAL INTEGRAL : Comment vous transposez ça en musique ?
Noré : c’est justement tout le côté visuel, avec nos vidéos, et du packaging de l’album. Par exemple, chaque jour correspond à une chanson, ce ne sont pas les paroles intégrales qui sont notées mais une histoire qui est racontée. Depuis le début, HELL OF A RIDE c’est l’histoire d’un concept avec un cascadeur qui s’appelle Mad Dog John. C’est ce personnage qu’on fait évoluer en le mettant dans différentes situations. C’est un cascadeur qui souhaite faire sa dernière cascade, mais avant de pouvoir la réaliser, il se fait voler sa voiture fétiche par 3 filles appelées les Pussy Riders. L’histoire se développe autour de ça, jusqu’à ce qu’il capture une des filles pour la faire parler. L’Ep se termine là-dessus, et l’histoire continue avec l’album. Voilà pourquoi on dit que ça a été inspiré du cinéma.

METAL INTEGRAL : D’où, toujours sur votre pressbook, cet « univers bercé par la soif de vivre, la revanche, la nostalgie et l’adrénaline ». C’est, en fait, le descriptif de ce personnage.
Lo : Quand on a composé l’album, on a beaucoup travaillé sur les émotions, on ne s’est pas dit « tiens, ici il faudrait telle gamme » et tout. On travaille vraiment sur ce que l’on veut exprimer. Sur cet album, on a traversé des choses, individuellement et au sein du groupe, qui contenait tout ça. On s’est dit qu’on allait les transcrire en musique. Ça correspondait bien à ce personnage de Mad Dog, sorte d’avatar de ce que nous sommes. En composant autour de ces thèmes, on a pu travailler autour de ces idées et de ces sentiments et on en a sorti quelque chose. L’album s’articule donc autour de ça.

METAL INTEGRAL : Une chose qui m’a étonné en écoutant l’album, c’est qu’il s’intitule Bête Noire mais les textes sont en anglais.
Noré : Tout ce qu’on veut faire passer par notre album, tous ces sentiments, on voulait les mettre à plat sur l’album. La seule expression qui peut centraliser tout ça, c’est Bête Noire…mais il n’y a pas de traduction en anglais pour ça.
Lo : C’est une expression française qui n’a pas d’équivalent en anglais et qui a été adoptée par les anglophones. Même si le sens a été traduit, l’expression en elle-même n’a pas de traduction. Ce qui ressort de cet album, c’est la vie, avec tous ces moments de réflexion où l’on se retrouve face à soi-même.

METAL INTEGRAL : Un groupe de rock, c’est souvent aussi un groupe de scène, vous parlez de l’aspect visuel. Il y a des choses prévues en live ?
Lo : Là, récemment, à cause des événements, on a dû annuler quelques concerts. L’idée, pour le moment, c’est de continuer la promotion.
Noré : Des dates ont été reportées, celle qu’on avait au Bus Palladium et celle de demain sont reportées, mais on a aussi des propositions qui arrivent Je pense que ce sera à partir de janvier que ça va reprendre. Sur Paris, mais aussi en France. Si on peut défendre cet album partout en France, on fonce !

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Interview « découverte » avec AKENTRA.
Rencontre avec Lucia (Chant) et Maël (guitare), propos recueillis par metalmp à Paris le 3 décembre 2015.

METAL INTEGRAL : Je voudrais commencer par vous féliciter pour cet album pour une chose qui me plait particulièrement : vous chantez dans un anglais parfaitement compréhensible, ce qui, chez nous, est suffisamment rare pour le remarquer. Tu as acquis ton anglais où ?
Lucia : Merci. Il vient de l’école (rire). Je chante beaucoup en anglais, beaucoup de musique, de chanson, je pratique beaucoup.

METAL INTEGRAL : Revenons sur le parcours d’AKENTRA qui existe depuis maintenant quelques années, qui a deux albums à son actif, mais quelle est l’histoire du groupe ?
Lucia : Le groupe est né en 2006 de ma rencontre avec Steve, le batteur. On a vite intégré Stéphane, le bassiste, et on a commencé à écrire des chansons avec des musiciens qui nous ont par la suite quittés. On a enregistré un premier Ep avec Didier CHESNEAU et Aymeric RIBAULT, à la guitare et aux claviers. Une fois qu’il est sorti, ça nous a un peu mis le pied à l’étrier et fait connaître un peu AKENTRA, et on a décidé d’intégrer deux musiciens à part entière, deux guitaristes, Thomas et Habib, avec qui on a enregistré le premier album, Asleep, puis le second Alive. Quelques mois avant la sortie de Alive, Habib a quitté le groupe parce qu’il ne pouvait plus cumuler sa vie professionnelle et ses activités avec le groupe. Et on a recruté Maël.

METAL INTEGRAL : Quelle est la signification du nom du groupe, AKENTRA ?
Lucia : AKENTRA, en fait, c’est une plante carnivore, ce qui représente assez bien le côté agressif des guitares contre-balancé avec le côté un peu plus doux de la voix féminine.

METAL INTEGRAL : C’est un groupe qui fait partie de ce qu’on appelle « groupes à chanteuse », ce qui est un peu réducteur, mais se trouve parmi d’autres comme ADRANA, AKPHAEZYA, WHISPERING TALES, BENIGHTED SOUL ou ceux avec lesquels vous aviez pu jouer au Forum Fest. Pourtant, pas un seul de ces groupes n’a vraiment réussi à se démarquer. Que faudrait-il, selon vous, pour qu’enfin, en France, un groupe dit « à chanteuse » puisse sortir du lot et connaître un semblant de carrière ?
Lucia : C’est une bonne question, si vous avez la réponse, ça m’intéresse… (rires)
Maël : C’est un peu comme tous les groupes, je pense. Il y a aussi beaucoup de chance dans le succès d’un groupe. Par exemple, on peut dire que, souvent, les groupes ne se démarquent pas parce qu’ils se ressemblent tous plus ou moins. On va souvent retrouver les mêmes thèmes, les mêmes accordages, et c’est un reproche que l’on pourrait faire, même si ce n’est pas vrai. Mais c’est une raison qui fait qu’ils sont tous entassés en bas, et très peu qui arrivent en haut. Le facteur chance, pour arriver au sommet, est non négligeable. NIGHTWISH, ils sont arrivés pile au bon moment, EPICA aussi, il y avait du talent derrière et beaucoup de choses cumulées.

METAL INTEGRAL : Plus le fait qu’il s’agisse de groupes d’ailleurs. On s’intéresse plus facilement, en France, à des groupes étrangers qu’à des groupes français.
Maël : Sachant aussi qu’ils viennent de Scandinavie, où la culture Métal est bien plus implantée, elle est plus naturelle. Là-bas, c’est quelque chose de normal. Je ne dis pas qu’en France c’est quelque chose d’anormal…

METAL INTEGRAL : Mais ça reste encore très tabou, comme culture.
Lucia : On peut dire que c’est moins fréquent.

METAL INTEGRAL : C’est le syndrome de « j’écoute de tout, sauf… »
Maël : Voilà, exactement ! Le Métal, en général, n’est pas dedans en effet.

METAL INTEGRAL : Une piste qui pourrait expliquer le manque de reconnaissance, selon moi, tient au temps : Alive est sorti en 2014, mais la promo ne se fait que maintenant. Comment ça se fait ?
Lucia : On a pris pas mal de retard. Déjà, on a mis 4 ans avant de sortir l’album, et les fans étaient vraiment en attente. Le fait que nous ayons fait appel aux fans pour financer l’enregistrement, aussi… On ne pouvait pas se permettre d’attendre trop longtemps de le sortir. Donc, l’album est sorti pour les fans, et la promo, on a décidé de la faire après. On n’avait pas les moyens de la faire, le temps, etc.

METAL INTEGRAL. Ça peut être gênant dans la vie d’un groupe d’avoir, d’une part, 4 années qui séparent deux albums, puis une autre année, voire presque 2 entre la sortie de l’album et la campagne de communication pour le promouvoir.
Lucia : C’est sûr que c’est un souci mais je pense que beaucoup de groupes amateurs ont le même soucis, les groupes qui ne font pas que de la musique et qui ont un travail à côté pour manger…

METAL INTEGRAL : Que comptez-vous faire pour rattraper ce retard et vous faire re-connaitre du public ?
Lucia : La scène, on essaye de faire un maximum de concerts.
Maël : Un clip, aussi. On va en sortir un prochainement pour le titre Kick Ass. On l’a tourné en live, même si le son sera celui de l’album. C’est une autre approche du clip puisque AKENTRA n’avait pas encore fait un clip en conditions live. On voulait montrer qu’on est là et qu’on est capable de faire bouger.
Lucia : Autrement, on a une date à Paris le 27 janvier au Gibus café, et le 30, on jouera à Dreux.

METAL INTEGRAL : Comment vous vous démarquez sur scène par rapport aux autres groupes ? Je n’ai pas envie de venir vous voir, alors il faut me convaincre.
Lucia : En fait, on se fait plaisir. On est là pour donner du plaisir et pour en prendre. Ce qui est bien, c’est quand on monte sur scène, de se dire que c’est peut être la dernière et qu’on va tout donner. Je pense que c’est une démarche qu’il faut avoir avant de monter sur scène.
Maël : Il faut qu’on finisse vidés
Lucia, Oui, vidés.
Maël : Mais pas avant les derniers titres sinon… Donc, il y a du travail derrière. C’est ce qui attire le public.

METAL INTEGRAL : Quel est votre rapport au cinéma ? Pourquoi ? Parce qu’au moins 4 de vos titres sont ceux d’un film : In Her Shoes, Demolition Man, Kick Ass, The Final Dance, enfin Final Dance est le titre du film, et si on pousse un peu plus loin, il y a aussi un film qui s’appelle My Son et un autre qui s’appelle Killing Time.
Lucia : En fait, j’en découvre, là avec ta question. Je savais pour Demolition Man et Kick Ass, mais pas pour les autres…

METAL INTEGRAL : In Her Shoes est un film romantique, l’histoire de deux sœurs
Lucia : Ah, oui, je l’ai vu en plus ! En fait, Kick Ass et Demolition Man, je trouvais que les titres sonnaient bien mais il n’y a aucun rapport avec les films. Je trouvais rigolo de faire ce petit clin d’œil, que les gens se disent « tiens, c’est rigolo…c’est un film aussi ». Mais pour le reste, ce n’est pas volontaire du tout.
Maël : Après, il y a un rapport que l’on peut faire avec les titres de films : ils sont courts, c’est ce qu’on préconise pour que ça marque. Kick Ass, par exemple, il y a le côté direct et violent, mais aussi le côté un peu burlesque. Je pense que quand cette chanson a été écrite, il y avait cet aspect très premier degré, rentre dedans.

METAL INTEGRAL : Une dernière chose, concernant la musique même : on peut difficilement vous classer Métal, ton chant, Lucia, n’est pas lyrique, il est plus traditionnellement rock. Comment définiriez-vous la musique d’AKENTRA ?
Lucia : J’ai l’habitude de dire qu’on fait du pop métal. Pop parce que ce sont des chansons, des mélodies qui se retiennent bien, comme de la musique pop, et à coté, c’est Métal avec des guitares costaudes…
Maël : On pourrait lier ça au mouvement Neo Metal qui a ouvert les portes pour que le Métal devienne plus populaire. Des groupes comme LIMP BIZKIT et, surtout LINKIN PARK, les deux premiers albums sont bourrés de hits. Tout le monde connait au moins un titre de LINKIN PARK. Sans être métalleux. Je pense que nous y sommes très liés musicalement, même si ce n’est pas toujours évident.

METAL INTEGRAL : Quelque chose à rajouter ?
Lucia : Venez nous voir en concert, et achetez l’album, sur le site. Il faut nous encourager.
Maël : Il faut encourager la scène Métal française, en général. Il faut arrêter de se tirer dans les pattes. Parfois, on peut remarquer, dans les festivals, ou les concerts, qu’ils se tirent dans les pattes parfois, pour des questions de matériel et autre, l’entraide n’est pas vraiment au rendez-vous. Comme partout, mais le Métal étant un peu bancal en France, ce serait bien de se serrer les coudes.
Lucia : Il y a de la place pour tout le monde.


Merci à Roger WEISSIER et Jenna.
metalmp
Date de publication : dimanche 6 décembre 2015