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Chronique
HATE - Crusade : zero

Style : Metal
Support :  MP3 - Année : 2015
Provenance du disque : Reçu du label
12titre(s) - 57minute(s)

Site(s) Internet : 
OFFICIAL HATE WEBSITE

Label(s) :
Napalm Records
 (16/20)

Auteur : 神の知恵
Date de publication : 20/02/2015
Une ode parnassienne à la gloire du nihilisme et de la désagrégation.
Selon Dantès BELLEGARDE, l’écrivain haïtien, « la haine n’a jamais rien créé » (‘Contre La Haine’). Et pourtant, la haine, tout comme l’amour ou la mort, est parfois source d’inspiration. Nombre d’artistes ont trouvé dans la haine une fontaine intarissable d’idées parfaites pour leurs œuvres artistiques de toutes natures. Cela est particulièrement vrai dans le monde burlesque et ténébreux du metal extrême. L’intolérance, la répulsion pour l’autre et la violence sont des éléments séduisants pour les blacks et death métalleux, ceux-ci leur permettent d’enfanter d’armes musicales de destruction massive. MARDUK et GORGOROTH, pionniers parmi les serviteurs du côté obscur de la force métallique, sont les gardiens de la haine la plus pure qui soit, celle de la divinité céleste et de la servitude qu’elle engendre sur Terre en faisant des humains des moutons à la solde de bergers prêcheurs hypocrites. Plus récemment, la Pologne, pays le plus catholique qui soit aux côtés de ceux des contrées latines, a elle aussi décidé d’élever la haine au rang de devise nationale grâce aux trios BEHEMOTH et, celui qui nous intéresse aujourd’hui, HATE.

Ce déluge d’aversion n’empêche pas HATE d’être un concepteur passionné, un faiseur d’obscurité. Bien au contraire. Depuis sa naissance en 1990, la formation n’a eu de cesse de distiller des messages de détestation à des milliers d’oreilles attentives et assoiffées de paroles sombres à travers le monde, ceci au travers d’ouvrages funestes de toute beauté, par moment spirituellement transcendants. Tarja TURUNEN chantait que la mort crée l’artiste. Je peux sans nul doute affirmer que la haine également. Au vu de la carrière déjà longue des polonais, la certitude est de mise. Surtout quand on se penche sur le cas de leur nouvel opus, le très bon Crusade : Zero. Celui-ci est plus créatif que la majorité de leurs précédentes réalisations, exceptée Anaclasis : A Haunting Gospel Of Malice & Hatred qui l’égale en termes de qualité d’interprétation et de composition. Le trio s’est énormément investi après le décès soudain de leur ami et ancien collègue, le bassiste MORTIFIER. Et cet événement dramatique se ressent énormément dans la teneur de ce neuvième témoignage studio du groupe : plus sinistre et martial que d’habitude, le death/black metal du combo s’est teinté d’une coloration particulière, celle de la désolation et de l’observation d’un monde en complète décadence, empreinte d’un amour malsain pour le pouvoir qui engendre haine, asservissement et chaos. D’où le titre de la croisade qui ne mène qu’au néant.

Pour soutenir musicalement sa vision apocalyptique du monde, la petite bande a décidé de parsemer judicieusement ici et là les chansons de bruits oppressants qui renforcent efficacement notre sensation de malaise. Mais, les mélodies apaisent quelque peu et permettent de nous projeter totalement dans cet album sans être asphyxié.e.s par une atmosphère trop pesante. Néanmoins, PAVULON, DESTROYER et ADAM ont rendu cette carte postale terrienne catastrophique plus théâtrale avec deux ouvertures instrumentales, qui se veulent à la fois mystérieuses et solennelles, afin d’introduire le tsunami sonore qui survient dès la troisième piste. Les compos Death Liberator, Hate Is The Law et Valley Of Darkness sont à elles seules représentatives de cette voie abyssale et cataclysmique empruntée cette fois-ci par la formation. Rafales de blast-beats, murs dantesques de guitares et basse incisive : c’est le menu flamboyant auquel nous avons droit à l’écoute de Crusade : Zero. Tous les morceaux s’enchaînent très vite, même si leur timing ne descend quasiment jamais en dessous des 5 minutes, ce qui permet à l’album de gagner en volume et au groupe d’apporter une légère touche progressive qui renforce judicieusement ce côté film d’épouvante que la triade souhaitait vraisemblablement graver sur ce disque.

D’ailleurs, l’instrumental de clôture évoque clairement cette sensation en l’illustrant à merveille par un bruitage glauque et d’une certaine manière assez assourdissant vers la fin, qui pourrait éventuellement amener une suite. HATE a réussi le pari de reproduire la malveillance de ce monde et des événements qui y adviennent fatalement. Pour moi, même si Crusade : Zero n’est, certes, pas le disque de la décennie, cette galette est un peu le The Satanist des musiciens, un tournant dans la carrière des varsoviens, pour le meilleur, espérons-le. Dans tous les cas, cette neuvième rondelle faite de noirceur et de souffrance est à se procurer si vous avez apprécié les précédentes sorties de la formation ou si vous souhaitez, par curiosité, faire des infidélités à leurs concitoyens de BEHEMOTH. Vous n’en serez pas déçu.e.s, je vous le garantis. Pour info les polonais seront en tournée française les 16, 23 et 24 mars prochains respectivement à Lille, Paris et Saint-Nazaire. A vous de voir à présent si vous désirez connaître les sensations engendrées par une injection otique de haine à la façon slave au travers de votre platine laser et des concerts qu’ils joueront dans un mois. Soyez en certain.e.s, vous n’en ressortirez pas indemnes, mais vous allez adorer ça et en redemanderez encore et encore jusqu’à en devenir complètement accros…Attention, toutefois, à l’overdose qui peut pointer le bout de son joli petit appendice nasal au fur et à mesure des écoutes successives de Crusade : Zero, car trop de misanthropie incarnée musicalement et tournant en boucle peut s’avérer indigeste au bout d’un moment. Assurez-vous de ne jamais abuser de votre lecteur CD et de faire des pauses de temps en temps pour vous aérer les tympans et émerger régulièrement de cette averse de négativité persistante. Vous en apprécierez d’autant plus toutes les subtilités qui s’en dégagent en vous y plongeant ponctuellement afin d’y puiser la poésie mystique qui réside au cœur même des ténèbres. Crusade : Zero est au désespoir ce que la 9ème Symphonie de BEETHOVEN est à la joie, une ode parnassienne à la gloire du nihilisme et de la désagrégation.
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