Métal Intégral - Chronique / DAY CLINIC

Voyage entre le noir et le multicolore

Basé à Berlin, DAY CLINIC a été créé 2018 par un israélien, un espagnol, un britannique et un allemand et a déjà sorti un EP en 2019 sous le nom de JANIS. Il revient aujourd’hui avec cet album éponyme qui est excellent mais très compliqué à étiqueter. En résumé, c’est un peu comme si un groupe de post-punk ou de cold wave décidait de recourir à des constructions de rock progressif et des plans de heavy psych. En réalité, le groupe possède visiblement une grosse boîte à outils et utilise l’un ou l’autre au fil des besoins du projet.

L’album est ouvert par A Place For Everyone, une plage d’ambiance avec bruit de foule et nappes de synthés sur lequel sera lu un poème qui donne les clefs du concept de l'album : Ta place dans la société ? Aliénation ?

Puis un riff de guitare pressé s’incruste et Sysiphus démarre. L’atmosphère alterne entre des passages légers avec un chant teinté d’accents de crooner et passages plus lourds ponctués par du saxo et des cymbales puissantes. L’excellente jam finale part de la mélancolie et évolue en un fiévreux combat, celui de cette lutte existentialiste propre au mythe de Sysiphe.

A Mirror reste dans cette même veine post-punk aussi dramatique et froid que du BAUHAUS. De nouveau le saxo résonne. Il sortira ici de son rôle de simple ponctuation et s’exprimera plus longuement. Un pont de basse fait basculer le titre vers du psychédélisme qui se muera en hargne.

Le quatrième morceau, Memorial Day commence par un riff nerveux assez punk et une voix empressée qui se combinera ensuite avec une guitare wah wah et une rythmique très funky. Petite malice de DAY CLINIC qui invite un tambour militaire sur des paroles résolument anti-militaristes.

Un pur délice cette intro de Secret. Caisse claire hyper sèche et guitare électrique nerveuse sur laquelle une superbe ligne de basse prend le dessus dans une folle cavalcade avant que le morceau ne sombre dans une marche sombre et lourde. Le chant est ample. La pesanteur prend fin et la cavalcade reprend, s’arrête, reprend jusqu’à un somptueux final aérien digne de remplacer Brain Damage sur The Dark Side Of The Moon de PINK FLOYD. Sur 7 minutes, ce titre est un festival de changements de rythmes et de genres.

Tout aussi somptueux est l’instrumental suivant intitulé 02:37 am qui retranscrit à merveille la douce torpeur d’une insomnie dans une maison muette. As Above So Below prolonge la torpeur par son rythme lent avant de verser dans un heavy psych rock plombé. Là, je kiffe vraiment ! Sans transition, le dernier titre s’engouffre dans un délire hippie indouisant avec clochettes, sitar et percussion maghrébines. Une prière à Vishnou 100% pur jus psyché, brother.

Je reste perplexe face à la richesse de la palette de DAY CLINIC. L’album est un voyage entre noirceur d’un post-punk qui ravira les nostalgiques du 4AD de la grande époque et le multicolore d’un prog psychédélique. Si j’ai beaucoup aimé la première partie de l’album, à partir de Secret j’ai franchement adoré. Quel premier album ! Sautez dessus et espérez vite la suite !

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DAY CLINIC est composé de :
- Boris KAPLUNOVICH, guitare et chant ;
- Rafa QUIÑONERO, batterie ;
- Can AYLAK, guitare ;
- Chris CRABTREE, basse.

Et en invités :
- Ruby MAI, saxo ;
- Ted BERNAYS, flûte.

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Extrait de Day Clinic :
- Secret : Cliquez ici !
- Sysiphus : Cliquez ici !

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