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Rock cash et énergie communicative
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La substance énergisante qui infuse dans The Last Chase est indéniablement punk et grunge. Bien que quelques mélodies pop s’accrochent à votre oreille, tout ceci reste très rock et très électrique. Je constate qu’autour de l’artiste franco-américaine Tarah CARPENTER le line up de TARAH WHO? a été renouvelé. Sans doute est-ce un facteur important dans l’évolution du son, tout comme a certainement pesé la collaboration avec le producteur, musicien et ingé son, Alain JOHANNES (QUEEN OF THE STONE AGE, PJ HARVEY, THEM CROOKED VULTURES, ARCTIC MONKEYS…)
Les commérages voudraient qu’Alain se soit fixé comme objectif de capturer la spontanéité et la vigueur des démos que Tarah lui avait amenées, par exemple en conservant majoritairement les premières prises des deux sessions d’enregistrement. Je ne doute pas que ce soit vrai, tout comme je constate que l’objectif est atteint, bien qu’il y ait un discret habillage qui parvient à ébarber les plus grosses bavures. Pour résumer, l’album est vivant, voire vivace, avec juste ce qu’il faut d’arrangements pour ne pas le considérer comme brut de fonderie. « Très bon compromis » me disent mes oreilles.
Après une courte Intro d’accueil, The Last Chase se compose de dix morceaux ramassés et pêchus dont le plus long (Never Say Never) n’atteint que 4 min 31 – la moyenne se situant dans les 3 minutes. La première chanson à elle seule m’a convaincu que cet album méritait une chronique. Sur un rythme binaire très appuyé, idéal pour sauter partout, Safe Zone est – dans les paroles comme dans la musique – totalement libérateur. Bouge ! Danse ! Eclate-toi ! Ici, t’as le droit.
Au fil de l’album, s’installe un dialogue entre le chant féminin et les chœurs qui renforce l’idée de cette femme confrontée au monde dans une position de témoin, de militante, ou plus introspective. Je note beaucoup de recherche et de variété sur l’utilisation des chœurs. À propos de chant principal, il est clair que Tarah gagne en expérience et se bonifie. Le propos reste harangueur, voire hargneux, mais avec une nette maîtrise et plus de swing. Je vous invite à faire une écoute centrée sur les paroles qui sont juste à l’opposé du blablatage d’une IA à la con. Merci pour cette humanité, Tarah !
La majorité des titres dégagent une puissance de mammouths au galop, basses écrasantes, toms martelant, guitares déchirées. Cependant, derrière l’énergie débridée il y a toujours une petite mélodie rampante et addictive. Ce que vous ne trouverez pas sur cet album, ce sont des morceaux froids et sans âme, des solos de guitar heros à rallonge, les chemins tarabiscotés du rock progressif, des mélodies suintant la mièvrerie. Il n’y a pas non plus de violence outrageuse, de murs de son, de growl, et pourtant cet album trône aux antipodes d’une conception fleur bleue de la musique.
Avec son environnement urbain, ses collages, ses têtes de requins, ses explosions de couleurs brossées, la couverture de l’album créée par Angie JOSEPH respecte parfaitement l’univers du groupe. Là encore, j’applaudis à ce respect du vrai et de l’authentique. (Envie de vomir quand je vois ces tombereaux de couvertures léchées et déshumanisées faites en deux minutes par IA).
Avec The Last Chase, TARAH WHO ? donne clairement dans une efficacité rugueuse et cash à laquelle souscriront aisément les amateurs de rock authentique, de punk, et de grunge. L’impression d’un rock vivant et d’une énergie communicative est le vrai point fort de l’album.
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Sur cet album de TARAH WHO? sont crédités en studio : - Tarah CARPENTER, guitare et chant ; - Alain JOHANNES, guitare et chœurs ; - Ash ORPHAN, basse et chœurs ; - Vincent GARCIA, batterie, chœurs, claviers.
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Discographie : - 2014 : Little Out There - (LP) ; - 2016 : Federal Circle Of Shame - (EP) ; - 2020 : 64 Women - (EP) ; - 2021 : Supposedly, A Man - (LP) ; - 2023 : The Collaboration Project - (LP) ; - 2024 : The Last Chase - (LP).
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Extrait de The Last Chase : - Safe Zone : Cliquez ici ! - Do You Believe In Santa Claus? : Cliquez ici !
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