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Retour des profondeurs
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La fin des années 70 et les années 80 virent des dizaines de groupes français se décomplexer complètement et se lancer dans de vivifiantes aventures Hard ou Heavy, puis Speed, Thrash, Death… Hélas, les désillusions furent légion : intérêt du public français bien trop faible pour ses propres groupes, absences de structures, management et labels déficients… Dans le lot, le groupe BRONX a au moins laissé une trace discographique, à savoir l’album Welcome To The World. Paru chez Disc AZ enregistré sous la houlette du producteur-manager Elie BENALI (VULCAIN, ATTENTAT ROCK-PINK ROSE, VIVA), l’album ne connut pas le succès attendu, il est vrai desservi par une pochette à la fois cliché et ratée. D’où séparation du groupe… Abandonnant fort heureusement leurs pseudos de l’époque BRONX, le chanteur Hervé PETIT, le batteur Jean-Charles VALENZA et le bassiste Nicolas DAVIET s’acoquinent avec le guiratiste Denis LYANNAZ, ex de TOKYO, groupe d’Annecy ayant commis une démo (1984) et un single (1985). C’est donc les enregistrements de cette première version de SOHO (il y en a eu plusieurs autres depuis) que le label Steel Shark édite aujourd’hui. En guise de plat de résistance, on redécouvre les neuf titres de De Profundis, album autoproduit en 1990 au studio du Maunoir, sous la houlette d’Elie BENALI. Rien de révolutionnaire au menu mais on prend plaisir à écouter ce Heavy Metal qui a retenu de JUDAS PRIEST et d’ACCEPT le grand art du riff tendu et nerveux, distinctement asséné ; en témoigne la doublette introductif, teigneuse et fougueuse (1984 et Ni Dieu, Ni Maître), mais aussi les furieux et tranchants Mise à Mort et Charognes. Seulement, contrairement à des légions de groupes qui n’ont retenu de ce dispositif carré et solide que l’art de la répétition et du bourrinage, SOHO se soucie constamment d’injecter des mélodies, tant instrumentales que vocales. Sur le plan instrumental, c’est Denis LYANNAZ qui est au four et au moulin, multipliant les intros, brefs inserts leads mélodiques (parfois gémellaires grâce aux overdubs), les solos brillamment construits : quel abattage, totalement au service des compositions et non d’une démonstration personnelle ! Sur le plan vocal, le chanteur Hervé PETIT ne pouvait (décédé en 2023) prétendre intégrer le club des vocalistes naturellement mélodiques, affichant un timbre rauque à la Udo (ACCEPT), Marc STORACE (KROKUS), Mark TORNILLO (TT QUICK et… ACCEPT). Pour autant, il se faisait fort de réussir à moduler ses lignes de chant afin de les rendre expressive, au-delà de la stricte volonté d’impacter. Il faut en outre souligner la qualité des chœurs, qui ne se contentent pas de planter une dimension grave et mâle, mais proposent une approche mélodique pas forcément attendue. On sent du gros boulot à ce niveau, surtout après avoir écouter les titres bonus, évoqués ci-dessous.
Les compositions en elles-mêmes comportent des plans qui diversifient le propos général, notamment grâce à des changements de rythmes habilement manœuvrés par Nicolas DAVIET et Jean-Charles VALENZA. On le constate notamment sur le tortueux et rampant Gare au Chourineur, ponctué de breaks et d’accélérations. Plus surprenant, le groove musclé de Au Quart de Tour, preuve de la versatilité du groupe (on songe ici un peu à ce que faisait le groupe nancéen ANYWAY). Même si la double grosse caisse s’impose bien souvent, elle ne cherche pas à écraser l’ensemble. Coup de chapeau particulier pour le final intense de Quoi que tu fasses !
En complément, nous avons les deux premiers morceaux enregistrés par le groupe après sa formation : déjà témoins d’un Heavy Metal mélodique, ils ne possèdent pas la fougue, la pertinence et les arrangements de De Profundis et constituent des témoignages sympathiques. Trois autres compositions constituent une captation d’une répétition de 1989. Etant donné les conditions techniques, le son est potable et montre un groupe en progrès, capables d’arrangements surprenants. Parmi ces trois titres figure Top Secret, également offert en version mise à plat au studio Maunoir ; particulièrement accrocheur, quoique percutant, le fait que le titre ne figure pas sur De Profundis témoigne peut-être d’une volonté de privilégier une tonalité majoritairement Heavy Metal.
Au total, pour le groupe et ses fans, pour les vétérans de ces belles années lointaines, mais également pour les jeunes adeptes du renouveau du Heavy Metal à l’ancienne, ce CD généreux vaut qu’on s’y intéresse.
Vidéo sampler cliquez ici
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