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Metal diversifié
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Pour les retardataires, SANHEDRIN est un trio adepte de Heavy Metal traditionnel, originaire de Brooklyn, New York, d’ores et déjà auteur de trois albums : A Funeral For The World (2017, cliquez ici), The Poisoner (2019, cliquez ici) et Lights On (2022). Ayant brillamment passé le cap du troisième album et logiquement essoré son registre des premières années, SANHEDRIN se trouve pleinement face à son avenir. Sans trop de surprise, la triade métallique opte pour la continuité, c’est-à-dire la fidélité au Heavy Metal des années 80, avec, pour les morceaux les plus rapides, une véritable compatibilité avec les paramètres du Power Metal.
Ainsi, l’introduction altière du premier titre, Blind Wolf, rappelle inexorablement le fameux The Hellion qui ouvrait le chef Screaming For Vengeance (1982) de JUDAS PRIEST. Des références, les neuf compositions de cet album en suscitent beaucoup – outre JUDAS PRIEST, citons aussi ACCEPT et RIOT -, sans que l’on se dise jamais que l’on a affaire à une redite. Les trois membres du groupe ont suffisamment d’heure de vol pour avoir digéré leurs sources d’inspiration et pour les restituer via des compositions solidement charpentées sur le plan rythmique : riffs de teigne, lignes de basse ventrues, batterie intraitable sur le tempo mais le batteur Nathan HONOR assure un jeu de cymbales et de toms varié et dynamique. Quand vous ajoutez à cela des solos de guitare incisifs et mélodiquement construits, vous avez déjà une très bonne base.
Outre la solidité de l’interprétation au niveau instrumental, SANHEDRIN possède deux avantages majeurs par rapport aux légions de groupes de jeunes gens qui se revendiquent du Heavy Metal traditionnel. Premièrement, les trois compères savent composer des titres attractifs, tant sur le plan rythmique que mélodique. Et ce, avec une économie de moyens propre aux trios : SANHEDRIN utilise à son plein potentiel instrumental pour offrir des contrastes fructueux entre rudesse à l’impact et enjolivement mélodique, essentiellement via le jeu parfaitement équilibré du guitariste Jeremy SOSVILLE. A noter tout de même la présence de titres mid-tempo, très accrocheurs, un peu comme si le DOKKEN initial avait subi un traitement Heavy Metal (Let’s Spill Some Blood, The Fight For Your Life, Heat Lightning). Il ne faut pas s’y tromper, nous ne constatons pas de ramollissement, pas plus de compromission commerciale ; en témoigne la fureur et la rapidité des titres Franklin County Line et Above The Law !
En second lieu, SANHEDRIN se distingue de la masse par le biais du chant, assurée par sa bassiste Erica STOLTZ. Elle pratique un registre expressif, modulant entre grave et médium, avec des montées plus perchées. Avec une relative économie de moyens et un sens avéré de l’impact, elle répond à un souci d’efficacité et assure une animation dramatique, analogue à la pratique d’un certain Ronnie James DIO : le souffle est puissant, mais chargé de variations porteuses d’émotions. C’est un petit peu comme si Tina TURNER s’était pleinement investie dans le Heavy Metal : quel bonheur !
Adepte de l’efficacité et donc des formats concentrés (4-5 minutes), SANHEDRIN se permet en fin d’album une durée plus conséquente avec les sept minutes de When The Will Becomes The Chain. Bien que pourvu d’un riff introductif crépitant, le développement rythmique demeure trop sage et classique, seul le refrain entonné en chœur animant le tout. Beaucoup plus accessoirement, SANHEDRIN avait jusqu’alors adopté des visuels bichromatiques assez marquants. Aussi, ce visuel si tristement typé Heavy Metal ne peut que décevoir ; comment peut-on croire qu’on peut se différencier avec une silhouette encapuchonnée, porteuse d’un livre, au milieu d’une forêt hivernale.
Hormis ces quelques réserves, Heat Lightning s’impose comme une bûche fiable, voire essentielle, pour alimenter le brasier du Heavy Metal, tel qu’il fut allumé à la charnière des décennies 70 et 80.
Vidéos de Blind Wolf cliquez ici et de Let’s Spill Some Blood cliquez ici
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