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Doom traditionnel
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D’entrée de jeu, saluons ce groupe de Doom traditionnel finlandais qui, pour son premier album, casse les codes visuels propres au Metal en général, au Doom en particulier. Pas de fascination morbide, pas de guerriers ou autres mages. Et pourtant, avec un tel nom, le groupe pouvait légitimement illustrer le destin tragique de Mimir, divinité ase dans la mythologie scandinave. Dans les affrontements avec les Vanes, Mimir fut décapité. Fin de l’histoire ? Non, car Odin décide de sauver la tête de Mimir, dans l’espoir d’en obtenir des conseils avisés. Avouez que, sur le plan visuel, on peut tirer parti en matière de tragique et de la rédemption.
Mais, peut-être soucieux de ne pas se laisser enfermer, BELL OF MIMIR a choisi pour son premier album un tableau fameux de Jean-Honoré FRAGONARD, peintre français du 18ème siècle, où l’amant, renversé sur la gauche se voit proposer une vue imprenable sur les dessous de l’amante, laquelle est juchée sur une balançoire, tirée par un serviteur. Je ne suis pas complètement persuadé que cette scène convienne pour illustrer les textes dramatiques.
Après ce satisfecit, voyons ce que nous réserve BELL OF MIMIR en matière de Doom traditionnel. Cette appellation étant sujette à caution, précisons que le groupe n’appartient ni au Doom classique (SAINT VITUS, THE OBSESSED, PENTAGRAM…), ni au Doom épique (avec CANDLEMASS comme maître-étalon). Par contre, il met à profit les durées intermédiaires de ses compositions – entre cinq et sept minutes – pour dérouler des rythmiques grondantes, sur un tempo invariablement lent. Quelques inserts mélodiques sont certes pourvus par les guitares, mais l’ensemble demeure aride.
Et le chant ne va pas faire dévier BELL OF MIMIR du son obsession à jouer lentement des rythmiques de plomb. En effet, les lignes de chant sont modulées dans un registre raisonnablement grave, totalement clair. L’effet de désolation se trouve indubitablement atteint, un peu comme chez SOLITUDE AETURNUS. Par contre, le groupe devra à l’avenir travailler la précision du tuilage du chant avec le substrat instrumental, afin de gagner en efficacité. De plus, le chanteur devra corriger une tendance à la sortie de route dès que la note demande à être tenue.
Pour son premier album, BELL OF MIMIR fait montre d’un potentiel certain, avec toutefois quelques péchés de jeunesse à corriger (plus de variations dans le jeu des guitares, un chant plus juste). Néanmoins, ces réserves posées, nul doute que le groupe va continuer à progresser dans son projet de faire revivre une certaine vision du Doom Metal, telle qu’il fut défini dans les années 80 et 90.
Vidéo de Dark And Silent cliquez ici
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