VANTRE - Clonocracy
Style : Dark / Gothic / Doom / Stoner
Support :
MP3
- Année : 2025
Provenance du disque : Reçu du groupe
8titre(s) - 35minute(s)
Site(s) Internet :
VANTRE BANDCAMP VANTRE FACEBOOK
Label(s) :
Forbidden Place records
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    (18/20)
Date de publication : 03/10/2025
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Laissez-vous surprendre par un trio hors norme
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Fan de la première heure, je ne vais pas vous cacher que j’attendais avec une impatience certaine le premier opus long format du trio parisien. Le moins que je puisse dire est que je ne suis pas déçu. J’invite ceux qui prendraient le train en marche à aller écumer les pages Bandcamp du groupe et éventuellement relire les chroniques de Treehopper (ici) et de Sanji (ici).
Monter un trio instrumental avec deux bassistes et un batteur ce n’est pas choisir la facilité, c’est se poser des barrières que seules la créativité et la maestria sont capables d’enjamber. J’entends déjà les a priori de ceux qui n’ont pas encore écouté l’album : cette formule purement rythmique met forcément de côté la mélodie, le spectre sonore doit être étriqué, tous les titres vont se ressembler et être répétitifs. Je souris en imaginant la tête qu’ils feront à l’écoute de l’album lorsqu’ils verront s’effondrer ces idées reçues. Croyez-moi, anticiper le contenu de Clonocracy est un exercice hautement casse-gueule. Même en connaissant les premiers travaux de VANTRE, j’ai été surpris par le rendu de cette œuvre. Je n’imaginais pas une scène sonore à ce point flamboyante au sein de laquelle, soyons clairs, tout devient possible.
Bien sûr les rythmiques sont puissantes et il n’y a pas besoin d’aller loin dans l’album pour s’en rendre compte car dès le titre d’ouverture, Stomak, jaillissent des tripes les riffs martelés sous forme de cavalcades débridées, en alternance avec des passages plus profonds ou plus lourds. La scène sonore est ample et le magnifique morceau Clonocracy en prend toute la dimension, depuis l’intro atmosphérique jusqu’à l’érection de murs de son, en passant par des phases plus introspectives flirtant avec un psychédélisme sombre. Ces sept minutes permettent d’apprécier à leur juste valeur la maîtrise instrumentale des deux bassistes mais aussi la rare créativité du batteur. Comme je le sous-entendais en début de chronique, la mélodie ne reste au bord du chemin et Conan The Dog véhicule des airs prêts à être fredonnés sous la douche tout en tapant du pied dans le bac – sans compter l’irrésistible vidéo qui accompagne le single. J’adore ce pattern de batterie dès le début de Kami Mata Temple. J’adore d’ailleurs tout le morceau qui apporte une nouvelle corde à l’arc de VANTRE, un esprit bien dérangé ! Le titre très glauque, réhaussé de quelques interventions bruitées me ramène aux sensations des passages barrés de Whole Lotta Love de LED ZEPPELIN ou de Black Blade de BLUE ÖYSTER CULT. IRON MAIDEN a démocratisé les twin guitars, VANTRE boostera les twin basses ! Ecoutez-les sur Menstruosterone et osez dire que ce n’est pas le kiff total ! Sérieusement, si Steve HARRIS tombait sur cet album, il se précipiterait directement chez Billy SHEEHAN pour expérimenter enfin un son nouveau. (Ok. Là, je me fais des amis.) Et j’en parle du groove ? Embrayez sur Netavark et laissez-vous balancer au rythme hypnotisant du multiverse en train de s’effondrer sur lui-même. Poussé en avant par la main invisible du groove, il est impossible de ne pas affronter l’ambiance étrange et angoissante du titre. Une grande réussite. Je suis allé chercher sur Internet ce que recouvrait le concept de Plastic Jizz. En l’occurrence il s’agirait d’une pollution du sperme aux microplastiques susceptible de conduire à la stérilité. Au début du titre, la batterie va tout droit, fermement. Et puis, au fil du morceau les choses semblent se compliquer, des contretemps apparaissent. La bête paraît vouloir reprendre le contrôle mais le final sème le doute sur sa réussite. Allez, ouvrons les vannes du délire pour le titre de clôture, Metha. Dans une ambiance nocturne, je sens que la réalité part en vrille. Le morceau n’est pas déstructuré mais il est clair les choses clochent grave.
Tout comme la superbe illustration de couverture signée Björn ATLDAX, l’atmosphère du dernier morceau résume le concept autour duquel tournent les titres : une dystopie pavée de problèmes de reproduction de l’espèce humaine et de choix scientifiques contestables qui finiraient par s’imposer comme une nouvelle éthique, celle du pouvoir du clonage. Pour la petite histoire, Conan The Dog est le chien plusieurs fois cloné dont les murmures conseilleraient Javier MILEI (no comment).
Clonocracy est un album où j’ai voyagé de découvertes en découvertes, où les titres s’enchaînent quasiment sans blanc et clairement sans qu’aucune lassitude ne s’installe, bien au contraire. Mon seul regret porte sur la durée de trente-cinq minutes qui est le minimum syndical d’un full-length comme disent les anglophones. J’aurais pu demander au groupe pour quelle raison ne pas avoir inclus le single Sanji à cet album, d’autant qu’il paraît être à l’origine de la réflexion conceptuelle présente.
Notez que VANTRE s’embarque dans une vraie tournée. Allez suivre cette actualité sur leurs réseaux sociaux car s’ils passent près de chez vous, ce sera un show à ne pas rater !
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VANTRE est composé de : - Damiano SIGNORELLI, basse ; - Yann LE TALLEC, basse ; - Côme HUVELINE , batterie.
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Discographie : - 2022 : Treehopper (Vol. 1) - (EP chroniqué ici !); - 2022 : Treehopper (Vol. 2) - (EP chroniqué ici !); - 2023 : Treehopper (Vol. 3) - (EP) ; - 2025 : Clonocracy - (LP).
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Extrait de Clonocracy : - Clonocracy : Cliquez ici ! - Conan The Dog : Cliquez ici !
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