|
1976 : deux albums de feu !
|
La seule fois où je n’ai pas cédé aux sirènes commerciales ayant trait à THIN LIZZY, j’ai loupé le copieux coffret At The BBC. Depuis, j’ai tendance à me jeter sur la moindre édition luxueuse de ce groupe qui m’est cher. Après le copieux Rock Legends (cliquez ici ) et le gargantuesque Live And Dangerous Super Deluxe (cliquez ici ), ayant tout juste résisté à acquérir le coffret consacré à Vagabonds Of The Western World, je succombe à ce 1976, riche de cinq CD et un Blue-Ray, consacrés aux deux albums du groupe parus en 1976 (logique !), à savoir Jailbreak et Johnny The Fox. Soit les deux premiers albums vraiment classiques du groupe. Sans manquer de respect vis-à-vis de THIN LIZZY version trio (trois albums chez Decca entre 1971 et 1973, avec un tube grâce à la reprise du traditionnel Whiskey In The Jar), le groupe, signé dorénavant chez Vertigo (Europe)-Mercury (Etats-Unis), livre deux albums plaisants, quoique manquant de mordant et de personnalité : Nightlife (1974) et Fighting (1975).
A l’orée de 1976, le quartette conduit par Phil LYNOTT tente son va-tout avec l’album Jailbreak. Outre le tube intemporel The Boys Are Back In Town, l’album contient pas moins de trois autres classiques : l’éponyme Jailbreak, le flamboyant Warriors (en l’honneur romantisé des défunts héros du Rock… que le bassiste-chanteur allait hélas finir par rejoindre) et l’épique Emerald, dont les entrelacs de guitares solos par l’Ecossais Brian ROBERTSON et le Californien Scott GORHAM rendent tellement intenses le patrimoine irlandais (voilà un cas évéré de paradoxe culturel tout à fait créatif !).
Grâce au succès de The Boys Are Back In Town et à la tournée américaine qui s’annonçait en première partie de RAINBOW, le groupe se prépositionnait pour une mise en orbite. Le diagnostic d’une hépatite chez Phil LYNOTT eut raison de la tournée américaine. Encore convalescent et conscient de l’opportunité manquée, le bassiste-chanteur commença l’écriture de l’album suivant sur son lit d’hôpital. Par contre, le momentum américain fut éteint pour toujours…
Hélas, Johnny The Fox ne contint aucun titre susceptible de reproduire l’effet hit de The Boys Are Back In Town. Par contre, il contenait de nouvelles pierres angulaires du répertoire live du groupe (Don’t Believe A Word, Massacre, Johnny The Fox Meets Jimmy The Weed, Boogie Woogie Dance) jusqu’à la fin des années 70. Outre la chaleur évocatrice du chant et les interactions électrisantes entre les deux guitaristes, cet album assuma pleinement un groove Funk de bon aloi, élément identitaire qui empêcha THIN LIZZY de devenir un énième groupe de Hard Rock des années 70.
Une version double CD eut été suffisante mais Universal a décidé de viser les fans ultra avec ce coffret. Les deux premiers CD de ce coffret comprennent chacun deux versions de chaque album : l’une avec le mixage d’origine, l’autre avec un nouveau mixage stéréo (sensiblement plus dynamique et détaillé). Les CD trois et quatre s’avèrent gavés de démos, de versions alternatives et de prestations pour la BBC (un CD par album). Si certaines pistes s’avèrent objectivement anecdotiques, d’autres provoquent une vive émotion. Ainsi, pour ne prendre que les exemples les plus évocateurs pour votre serviteur, la proposition acoustique de Romeo And The Lonely Girl, la version non définitive d’Emerald (avec des lignes vocales non abouties), la démo 4 pistes de Jimmy The Fox Meets Jimmy The Weed constituent un trio gagnant, du genre à vous dresser les poils au garde-à-vous. Pour le reste, les versions instrumentales permettent de saisir pleinement les nuances des guitares respectivement opérées par Brian ROBERTSON et Scott GORHAM. Jamais prise en défaut, la section rythmique s’adapte à toutes les nuances du répertoire classique en gestation, à savoir la basse épaisse et nerveuse de LYNOTT et le jeu net, précis, percutant, néanmoins plein de swing et de cymbales du fidèle Brian DOWNEY.
Véritable pépite : le CD live de douze titres (captés le 11 mai 1976 à Cleveland) constitue un témoignage palpitant d’un groupe aussi à l’aise dans le Hard Rock flamboyant (versions incendiaires de Emerald, Warriors, Suicide) et le Boogie Hard (Jailbreak, The Boys Are Back In Town, Little Darling, la reprise de Bog SEGER Rosalie), que dans des registres plus groovy (Sha-la-la, Baby Drives Me Crazy) ou plus pondérés (fort belle version de Romeo and The Lonely Girl). Douze titres brûlants, cela réchauffe les os, mais, quand on se penche dans sa propre piratothèque, on aurait souhaité d’autres concerts de 1976, versants Jailbreak ou Johnny The Fox.
Reste à évaluer le sixième objet à lire, à savoir un Blue-Ray comprenant des versions respectivement Atmox mix et New Stereo Mix de chacun des deux albums. Pour ne rien vous cacher, je n’ai pas encore trouvé l’auditorium qui permettrait de livrer un avis motivé quant à ces différentes versions.
Par contre, je peux aisément livrer mon avis sur le septième objet, à savoir le coffret en lui-même. Compris dans un fourreau cartonné et rigide, il contient un livret copieux et abondamment illustré, ainsi qu’un fourreau comprenant les cinq CD et le Blue-Ray. Le fait que les deux artworks aient été réalisés à l’origine par le graphiste irlandais Jim FITZPATRICK aide à la fluidité de la concaténation des deux visuels. Seul regret : l’illustration de Johnny The Fox s’avère la plus subtile, détaillée, impressionnante et plantureuse, quand bien même il est logique qu’elle s’inscrive partiellement dans l’écran initial de Jailbreak. Lequel accueillait initialement un dessin, façon comics, des quatre musiciens fuyant un bâtiment explosant (étrangement réduit à trois silhouettes sur certaines éditions CD !). On peut regretter que le livret, si détaillé soit-il, ne réserve pas une partie au travail de l’artiste, lequel allait encore illustrer les albums Black Rose, Bad Reputation et Chinatown. Dommage…
Même si toutes les pistes proposées ne s’avèrent pas franchement indispensables, l’ensemble du coffret fait sens, tant du point de vue musical que formel.
Vidéo de 1976 : cliquez ici
|
|
|
|