|
Du très grand maiden
|
Est-il encore possible d’être surpris par un album d’ IRON MAIDEN ? La question peut sembler saugrenue et pourtant… Le groupe fait aujourd’hui partie de ces formations au son et au style immédiatement reconnaissable. « Ces formations » ? Je pense , parmi de rares autres, à ACDC, bien sûr, mais aussi MOTORHEAD, et, plus proche de nous, KILLERS. Reconnaissons toutefois que l’annonce d’une nouvelle galette et plus encore l’approche de sa date de sortie (The Final Frontier sortira officiellement le 16 août prochain) est un excitant plus efficace que la caféine. Oui, nous les attendons avec impatience ces nouveaux disques. Et lorqu’enfin arrive le moment de les écouter, l’excitation cède le pas à une certaine forme d’appréhension. Que nous réserve aujourd’hui IRON MAIDEN, qui tourne actuellement aux USA? Metal Integral fait partie des quelques médias à avoir été invités ce 7 juillet à une séance d’écoute en avant première dans les locaux parisiens d’EMI. Une fois le pointage des présents terminé, et une fois les portables et autres enregistreurs momentanément confisqués, la quarantaine de personnes présentes écoute. Solennellement. Calmement. Avec concentration et sérieux. Normal : voici quatre années que la vierge de fer n’a rien livré de neuf… The Final Frontier a été enregistré aux Compass Point Studio de Nassau, là même où Piece Of Mind, Powerslave et Somewhere in Time prirent forme. Trois albums ambitieux qui font aujourd’hui partie des incontournables du Metal. The Final Frontier est-il à la hauteur de ses trois illustres ainés ? Incontestablement, et à chaud, après une seule écoute : oui, et cela pour plusieurs raisons : ce dernier CD est à la fois ambitieux et novateur, et rappelle les grands classiques des 80’s par ses structures variées et complexes ainsi que cet esprit épique qu’IRON MAIDEN affectionne tant et a toujours su insuffler à sa musique. Les Anglais nous offrent ici 10 titres totalisant 76’. Débutant par des ambiances spatiales et pesantes, avec une batterie lourde et rythmée comme une locomotive à vapeur, le premier titre (Satellite 15… The Final Frontier) nous embarque très vite dans un voyage Maidenien à la fois familier et tribal. Ne vous laissez pas rebuter par cette partie introductive bizarre et oppressante car derrière se cache un véritable mur de sons et d’ambiances que plus rien ne va arrêter. Les cavalcades de guitares qui suivent ou les ambiances quelque peu fantômatiques sur El Dorado, en téléchargement libre sur le site du groupe, rappellent les duels que pouvaient se livrer Adrian SMITH et Dave MURRAY au cours de la première partie de la carrière du groupe. Ce constat se répètera sur l’ensemble des titres dont les plus qu’efficaces Mother Of Mercy qui a de faux airs de Seventh Son Of A Seventh Son et qui garanti une bonne séance de headbanging… Il est à noter que les guitaristes – les trois… - savent être plus complices que jamais. Ainsi les arpèges du mid tempo et très Heavy Starblind et son solo dans les aigus, ainsi également l’esprit « troubadour » de l’intro de The Talisman, superbe et envoûtante pièce, ou encore l’intro calme en guitares claires de The Man Who Would Be King qui risque de cartonner en concert (j'entends déjà le public scander des Oh! Oh! Ooh!) peuvent-ils laisser entendre que IRON MAIDEN s'est assagit... Bien au contraire, ce ne sont là que des prémices à la furie maidennienne qui suit, car chacun des morceaux monte en puissance et en lourdeur. Si Bruce DICKINSON est particulièrement en voix et réussi à atteindre des hauteurs bien plus aisément que d’autres vocalistes de sa génération, il sait également se faire particulièrement sensible (l’introspectif Coming Home ou le plus étonnant Isle Of Avalon). Cela se remarque particulièrement sur le titre le plus court de l’album, The Alchemist, titre pendant lequel les ors des guitares se disputent l’éclat et la brillance de la voix de DICKINSON qui chante dans un esprit d’urgence rarement entendu depuis son retour dans le groupe. Avec The Final Frontier, IRON MAIDEN se veut donc à la fois moderne et classique, à l’image de l’illustration de cet album, signée Melvyn GRANT: un Eddie futuriste – rappelant à la fois celui de Somewhere In Time et de A Real Live/Dead One ou The X Factor (pour les crocs, inexistants dans les 80’s) – ayant fricoté avec l’Alien de HR GEIGER… . Peut-être est-ce dû aux conditions d’écoute, peut-être changerai-je d’avis lorsque The Final Frontier sera réellement dans mes mains, mais le sentiment que j’ai à l’issue de cette écoute est que les 76 minutes passent à la vitesse de l’éclair, sans temps mort, et le groupe nous fait sa meilleure offrande depuis le retour des fils prodigue en 1999. IRON MAIDEN nous offre un album dense et compact, un de ceux qui fera date dans la carrière du groupe. Pourtant, il ne subsiste, paradoxallement, à mes yeux qu'une difficulté de taille: bien que dense, cet album n'est pas si facilement accessible: avec la moitié des titres durant plus de 8', l'auditeur, plus souvent habitué au format de 4 à 5' maximum, risque malgré tout de perdre patience... Là encore, j'attends d'avoir l'album en main pour en juger sur pièce.
Marpa, le 7 juillet 2010
|
|
|
|